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vendredi, mai 17, 2024
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10 ans de Macky Sall au pouvoir : mandat, opposition, … : la démocratie à l’épreuve

par pierre Dieme

Abdoulaye Wade avait quand même laissé un bilan matériel plus ou moins acceptable. Et de visu, il y avait ces grandes infrastructures culturelles comme le Monument de la renaissance, controversée, le Grand Théâtre, la Place du Souvenir africain… Ou encore ce bâtisseur des routes, autoroutes, Aéroport Blaise Diagne… C’était son « weddi guiss bokku ci » qu’il pensait être en mesure de lui offrir un 3e mandat. C’est justement, c’est que le « bâtisseur » a tout démoli : le bilan immatériel.

La démocratie n’est pas qu’électorale, elle est dans les libertés, le respect du calendrier électoral, l’accès équitable aux médias publics, le respect et la stabilité de la Constitution. Quand il a été élu en 2000, Wade a promis un mandat de 5 ans et l’a « verrouillé ». Quand il a été réélu en 2007, il a ramené, par la voie de l’article 27, le septennat à partir de 2012. Puis le 3è mandat.

Voilà pourquoi en 2012, pour tous ces cas de reculs démocratiques, les Sénégalais ont sanctionné ce jeu interminable. Et Macky Sall, qui a compris ce rejet massif dès le premier tour, a, dans sa première déclaration au 2e tour, promis de s’appliquer le quinquennat et de le verrouiller à 2. A l’épreuve, le nouveau président se livre aussi à la ruse politique : transhumance, la Crei comme épée de Damoclès sur la tête des opposants, les changements constitutionnels pour revenir sur sa promesse de s’appliquer 5 ans au lieu de 7 ans. Puis pour verrouiller le mandat à 2… sans le verrouiller puisque le débat sur la constitutionnalité d’une 3e candidature ou pas a ressurgi. La même ritournelle qu’en 2012 ! C’est donc, sous cet angle, un surplace.

Le système politique
Qui d’ailleurs, de façon générale, se manifeste dans le fonctionnement du système politique et électoral. Si cela est le fait de la classe politique dans sa globalité, il convient tout de même de souligner que c’est le président qui conduit la politique de la nation, y compris celle de l’organisation des élections libres, transparentes et sans contestations. Mais tout ne dépend pas du pouvoir ou de celui qui l’incarne. Il y a, en revanche, une absence de confiance entre les acteurs politiques, que seules des garanties de transparence par les paroles et les actes peuvent régler. A chaque élection, ce sont les mêmes choses : ouvrir le dialogue, auditer le fichier électoral, évaluer le processus électoral…

Emprisonnement des opposants
Abdoulaye Wade avait mis Idrissa Seck aux fers, officiellement pour l’affaire dite des chantiers de Thiès. Même si l’ancien premier ministre pensait que la prison était le chemin qui mènerait au palais, il s’en est plutôt éloigné. Le palais ne restera qu’un mirage pour lui. S’il s’en était approché, ce n’était que par son rang de 2e à la Présidentielle de 2007, mais qui n’a jamais pu envoyer Wade au second tour. Macky Sall a, en plus de Karim Wade condamné par la Crei, mis hors d’état de nuire Khalifa Sall qui, après avoir été maî(t)re de Dakar, pouvait approcher l’Avenue Léopold Sédar Senghor en 2019.

Deux « K » qu’il a réglés par une condamnation qui ne leur donnait aucune chance devant le Conseil constitutionnel, leur casier judiciaire étant finalement le « filtre » le plus compliqué. Même s’ils sont parvenus à mobiliser les parrainages sans gros soucis. Ce système n’est pas mauvais en soi. Mais le seul hic demeure le manque de discussions entre le pouvoir et l’opposition. Il reste que le système politique, loin d’être parfait, a permis à ceux qui ont contesté les victoires du pouvoir, de gagner des élections (locales de 2014 et de 2022 à Dakar).

Hamath KANE

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