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vendredi, avril 19, 2024
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L’année Senghor

par pierre Dieme

La décadence de la République et la défiance grandissante des Sénégalais vis-à-vis de l’idée première de notre Nation sont devenus inquiétants. Ramener le poète-président au cœur de notre réflexion est devenu urgent

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Cela fait bientôt un an que j’y réfléchis et que j’en parle avec des proches, des partenaires. Le chronogramme en est à la finition. Pour ma part, c’est décidé, 2021 sera l’année Senghor… Il est donc envisagé en direction du public des débats, des expositions, des manifestations grand public, des ouvrages et des productions audiovisuelles tout au long de l’année. Une rétrospective consacrée au premier président de la République du Sénégal, dont le coup d’envoi solennel sera donné dans les semaines qui viennent. 

Quarante ans après sa démission des fonctions présidentielles et vingt après sa mort, Léopold Sédar Senghor, son legs, son message et son modèle deviennent urgents et inévitables. Le contexte sans doute. Partout dans le monde, il plane sur les gouvernances comme un air de malséance universelle, qui renvoie invariablement au sens aristocratique de la bienséance senghorien. Le poète président était un homme du monde. Des hommes d’Etat de cette envergure, qui ont autant de tenue, sous nos cieux, comme ceux des autres, on n’en a plus revus depuis bien longtemps. 

Le sommet de l’innommable sera récemment atteint par le président sortant des Etats-Unis, qui n’arrive pas à surmonter sa défaite électorale. Corrigez-moi si je me …trump : le truculent Donald, c’en est presque caricatural, incarne le repli identitaire, le communautarisme échevelés, qui font les fonds de commerce des partis d’extrême-droite en Europe. Dans leurs messages à l’humanité, entre autres, le suprémacisme blanc, l’infériorité nègre. 

L’autre grand courant qui souffle sur nos destins, le « mondialisme », n’est pas vraiment plus tolérable. Depuis des décennies, une nouvelle forme de colonisation, insidieuse, dont les manettes sont tenues par quelques surdoués des affaires, pour lesquels un humain est un paquet de données qui entre dans des statistiques. Le sans-gêne avec lequel ils entrent par effraction dans nos vies en est désarmant.
Ni l’un, ni l’autre de ces grands blocs mondiaux ne se soucie vraiment du citoyen universel que nous avons le droit d’être, dont l’intégrité culturelle doit être protégée par le sens commun et notre respect naturel de la Vie et de l’Humain.

Pour revenir chez nous, le spectacle des replis identitaires et du communautarisme triomphant fait peine à voir. La décadence de la République, le peu de considération pour le bien commun et la défiance grandissante des Sénégalais vis-à-vis de l’idée première de notre Nation sont devenus inquiétants. 
Disons-le tout net : des privilégiés se sont emparés des places réservées à l’élite et, depuis, le débat public vole bas, la République perd continuellement de son autorité et l’âme de la Nation est en voie d’extinction.

Voilà pourquoi ramener Léopold Sédar Senghor au cœur de notre réflexion est devenu urgent.  Pourquoi lui ? Parce qu’il y a dans le personnage, tout ce qui fait notre pays, le Sénégal. Sédar Gnilane, petit sérère animiste aux confins de la savane, qui devient Léopold au contact de l’impérialisme wolof et de la colonisation française et finit par être Senghor, citoyen du monde qui écrit sa part dans l’histoire de l’humanité. C’est sur ce modèle-là que j’invite les Sénégalais à se pencher : il est notre legs le plus précieux. Cette invite est un retour aux fondamentaux pour en extraire le meilleur qui nous armera dans le concert du monde. 

Ce n’est pas rien d’être sénégalais, certes. Mais à la condition de savoir quel Sénégalais nous devons être pour le futur.

PAR IBOU FALL

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