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mardi, avril 30, 2024
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Ras-le-bol des usagers, en attendant l’effectivité de l’instruction de Macky

par pierre Dieme

Les trottoirs et passerelles qui ont été construits pour les piétons, pour faciliter la mobilité des personnes et réduire les risques d’accidents, sont désormais transformés en des marchés ou sites de vente

Les trottoirs et passerelles qui ont été construits pour les piétons, pour faciliter la mobilité des personnes et réduire les risques d’accidents, sont désormais transformés en des marchés ou sites de vente. Dans la plupart des localités de la grande capitale, le constat reste le même. Les vendeurs se sont approprié les trottoirs et passerelles pour écouler leurs marchandises, paralysant, par la même occasion, la libre circulation des personnes. Dans le cadre de «Bësup Setal», le président de la République avait donné l’ordre au ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, lui assurant son soutien sans faille, de désencombrer la voie publique. En attendant l’effectivité de cette ferme décision, c’est le désordre partout avec des vendeurs continuent d’être maîtres de ces passages piétons.

Lors du lancement de la reprise du programme «Bësup Setal», la nouvelle appellation des «Cleanings Days» ou journée mensuelle de nettoiement suspendu depuis mars 2020, à cause de la pandémie de Covid-19, le samedi 4 décembre 2021, le président de la République, Macky Sall, avait donné carte blanche au ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique de poursuivre son programme de désencombrement notamment de la capitale. Mieux, il lui a assuré de son soutien total. Un mois après cette instruction, malgré des efforts par-ci et par-là qui ont même touché des panneaux publicitaires érigés sur l’emprise de certaines grandes artères de Dakar, le désordre semble persister.

Pis, les trottoirs et passerelles de la capitale sénégalaise sont transformés en marchés ou sites de ventes. Cette occupation illégale de la voie publique par la forte présence des commerçants ne passe pas inaperçue, dans le décor désolant. Malgré la volonté du président de la République de libérer les trottoirs et passerelles qui entrent dans le cadre de «Bësup Setal», la décision reste pour l’instant sans succès. Une situation qui ne facilite pas la libre circulation des personnes qui se voient, à longueur de journée, obligés de disputer la chaussée avec les conducteurs/automobilistes, pour se frayer un chemin. Au leur risque ! Il est 14H, nous sommes au marché Liberté 6 dont l’engouement fait la particularité. Sous un soleil ardent, tabliers et marchands ambulants occupent une grande partie la place réservée aux piétons, pour vendre tout type d’articles et produits. Assis sous des tentes bon marché ou parasols troués qui laissent entrer les rayons solaires, ces commerçants mènent leurs activités sans se préoccuper des piétons qui se bousculent et font attention aux automobilistes pour se frayer un chemin.

Selon Assane Thiaw, le manque de moyens pour acquérir une place dans les marchés le contraint à vendre sur le trottoir. «Nous savons parfaitement que c’est illégale et qu’on peut nous déloger du jour au lendemain. Mais, comment faire si nous n’avons pas de l’argent pour payer une cantine ? Donc nous sommes obligés d’écouler nos produits sur les trottoirs, pour ne pas avoir à payer un centime. D’autant plus que parfois la vente ne marche pas assez», informe ce Pikinois. Non loin de là, un autre vendeur de chaussures du nom d’Abib Kanté estime qu’il est temps que le président leur trouve des places dans les marchés, pour libérer ces espaces qu’ils occupent indûment. «Ces ventes, c’est notre seul source de revenue. Si aujourd’hui le président Macky Sall nous avait trouvé des locaux, nous n’aurions pas à vendre sur des trottoirs ou passerelles. Nous le faisons uniquement par ce que nous n’avons pas d’autres choix que de rester. Et même si nous sommes délogés, nous finirons toujours par revenir, après quelque temps, car ce sont nos places habituelles», fait-il savoir. Avant de poursuivre : «nous courrons d’énormes risques en étant ici car il y a trop d’accidents et nous ne sommes à l’abri. Une voiture pourrait toujours déraper pour atterrir au niveau du trottoir et nous ne serons pas épargnés», conclut Abib Kanté.

ENTRE POLLUTION SONORE, TAPAGES… ET MISERES DES RIVERAINS

Cette situation n’est pas spécifique à Liberté 6. Aux marchés HLM, Grand Yoff, à Patte d’Oies et Sandaga ; bref partout, le constat est unanime.

Au marché Grand Yoff qui n’est pas inconnu des Dakarois, c’est le même décor et le même scenario qui se répètent. Des va-et-vient incessants dans les deux sens, bousculades entre coxeurs (rabatteurs), apprentis, piétons et vendeurs. L’énervement se lit sur les visages renfrognés des passants qui profèrent parfois des injures, avant de forcer le passage. Cheikh Ahmed Ba, la soixantaine, nous parle des difficultés que les habitants rencontrent pour circuler. «Les gens sont dans l’obligation de faire un détour pour circuler librement. Ici, c’est la catastrophe. Les vendeurs ont occupés tous les trottoirs et nous avons du mal à marcher, sans se bousculer. C’est ici (Sénégal) seulement que tu vois ce genre de situations car, en Europe, tu n’oses pas occuper le trottoir», martèle-il.

Poursuivant son propos, il dénonce les nombreux désagréments causés aux riverains. «Au-delà de cette occupation anarchique, vient s’ajouter la pollution sonore que les vendeurs causent avec leurs animations radiophoniques et autres instruments sonores. Ils nous empêchent d’avoir un sommeil profond», se désole-t-il. A quelques minutes de marche de là, sur la passerelle de la Pattes d’Oies, une partie de la longueur de l’infrastructure est occupée par des jeunes qui vendent des produits alimentaires, ustensiles de cuisine et des matériels de pédicure et manucure. Interpellé, Ousseynou Kandji, entonne la même «excuse» que ses prédécesseurs marchands pour «justifier» l’occupation de cet espace. «Nous sommes conscients de l’encombrement que nous causons et parfois même nous payons les pots cassés. Par exemple, les passants peuvent marchés sur nos marchandises, sans qu’ils le fassent exprès, parce qu’ici c’est trop étroit. Nous n’avons pas de places, c’est pour cela que nous vendons sur la passerelle», fait-il savoir

Amsatou GANO

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