C’est l’information de la soirée! Le dossier de la coalition « Wallu » a été rejeté pour défaut des parrainages nécessaires. La coalition n’a validé que 30.356 parrainages sur les 34.580 requis nous informe-t-on. Mais selon des interlocuteurs de Dakaractu, Wade et ses camarades peuvent régulariser dans les 48 heures et ne pas être ainsi définitivement rejetés.
En plus d’une rébellion interne au sein de la coalition avec les positions décriées par les responsables du PDS, Me Wade, tête de liste à 96 ans devra faire avec cette nouvelle donne pour ne pas voir le PDS manquer la prochaine législature.
Dakaractu
Le Sénégal en Gare
Lors de la campagne présidentielle de 2012, le candidat Macky Sall disait aux sénégalais qu’il voulait restaurer les valeurs républicaines, les vertus de la démocratie et instaurer une gestion sobre et vertueuse.
Mais, dès son accession au pouvoir, il s’est empressé de déclarer qu’il ferait tout pour réduire l’opposition à sa plus simple expression.
À ce moment là, l’opinion n’avait pas pris toute la mesure de cette fameuse formule qui était, en réalité, une ellipse. Parce qu’en termes clairs, dans une République, lorsqu’on s’emploie à réduire l’opposition à sa plus simple expression, on s’emploie concomitamment à réduire la transcendance de la souveraineté du Peuple à sa plus simple expression, aux fins d’aboutir à l’instauration d’un système politique qui est sans perspective d’alternance démocratique. C’est un type de régime innommé qu’on trouve ailleurs en Afrique.
L’assertion que voilà est largement étayée par l’attitude du gouvernement envers les décisions de la Cour de justice de la CEDEAO.
S’agissant du procès de Khalifa Sall, comme de l’inconstitutionnalité du parrainage, le pouvoir en place a refusé d’appliquer la décision de ladite Cour, sous prétexte que le Sénégal est un État souverain !
Or, une telle attitude manque de fondement légal, dans la mesure où en prenant cette décision, l’État-gouvernement a dénié à l’État-nation sa prépondérance.
En effet, ce sont les Peuples qui composent l’espace CEDEAO qui ont décidé de créer la Cour de justice de la CEDEAO, et qui ont, en toute souveraineté, décidé que les décisions que prend cette Cour s’imposent aux États membres (États-gouvernements) qui n’ont aucune possibilité de recours (article 15 – alinéa 4 du Traité de la CEDEAO) !
Donc, il est permis de dire qu’au Sénégal, la volonté du Président de la République prend le pas sur la volonté du Peuple : si ceci n’est pas de la tyrannie, ça y ressemble.
En tout cas, un auteur comme La Boétie aurait volontiers pris pour exemple le Sénégal, pour dire que c’est l’apathie et l’acceptation des peuples qui font le sol où peut germer la tyrannie, car le tyran ne peut exercer sa tyrannie que sur un peuple qui l’accepte. Les politistes ont eu donc bien raison de conclure que «ce sont les acclamations et l’apathie qui font les malheurs des peuples».
En Afrique de l’Ouest francophone, les chefs d’État, après avoir vigoureusement rejeté le concept «d’interventions humanitaires» de Bernard Kouchner, ont cyniquement transféré la souveraineté du Peuple à un simulacre de «Conseil Constitutionnel» qui valide ou invalide tout selon l’ordre reçu du Président de la République.
Pour dire vrai, les constitutionnalistes savent très bien que la décision du gouvernement de maintenir le système du parrainage, malgré la décision de la Cour de justice de la CEDEAO, n’a aucune base légale et ne relève que de la volonté d’imposer un système politique qui est sans aucune perspective d’alternance démocratique.
Pour conclure, il est tout à fait étonnant que dans une telle situation, le pouvoir en place puisse considérer une résistance, telle que théorisée par Locke et prévue par la Constitution, comme une insurrection, alors qu’il ne s’agit que d’un acte de rappel de la souveraineté du Peuple envers un gouvernement qui dévie de la ligne initialement promise.