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vendredi, avril 19, 2024
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Émeutes meurtrières : « Je ne crois pas que la CPI serait insensible à ce qui s’est passé au Sénégal »

par pierre Dieme

Une dizaine de personnes auraient péri durant les évènements qui ont secoué le Sénégal ces six derniers jours, sans compter les centaines de blessés qui ont été dénombrés. Une situation que Maitre Assane Dioma Ndiaye non moins président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme a fortement regrettée. Mais surtout, dit-il, le lourd tribut que le peuple sénégalais a payé.
« Si on en arrive à dénombrer autant de morts, c’est parce que la démocratie a failli »

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Joint au téléphone par la rédaction de Dakaractu, Maitre Assane Dioma Ndiaye souligne que « si on en arrive à dénombrer autant de morts, c’est parce que la démocratie a failli. Donc, aujourd’hui, au-delà de tout ce qui a été dit, je pense qu’on doit avoir la lucidité de ne pas chercher des faux-fuyants, invoquer des forces étrangères ou autres prétextes me paraît dérisoire face au drame humain que nous avons vécu. C’est le peuple sénégalais qui a été victime. Un seul mort déjà c’est trop, maintenant qu’on en arrive à dix morts officiellement est inimaginable pour le Sénégal qui était jadis paisible et stable du point de vue du fonctionnement social », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « C’est pourquoi en tant que militant des droits de l’homme nous avons très tôt réagi pour déplorer, demander l’ouverture d’une enquête indépendante mais appeler au calme et à la retenue.

Que chacun sache que la vie humaine est sacrée et l’État a l’obligation de protéger la vie humaine comme le souligne la constitution sénégalaise. »
« Je ne crois pas que la CPI serait insensible à ce qui s’est passé au Sénégal »
Interpellé sur la plainte pour “crime contre l’humanité” contre Macky Sall à la Cour Pénale Internationale (CPI) annoncée par le leader de Pastef/Les patriotes Ousmane Sonko, Me Assane Dioma Ndiaye a rappelé les critères pour qu’il y ait ‘’crime contre l’humanité’’. Selon lui, ils sont «divers et spécifiés. Il peut s’agir d’un meurtre en série, de déportation, d’esclavages, de tortures caractérisées, de toutes sortes d’atteinte à la dignité humaine. Maintenant si l’on considère le nombre de morts, certains diront que nous sommes au seuil de la compétence de la cour pénale internationale puisqu’il s’agit de la systématisation du crime, de la massivité du crime. Et on parlera d’un appareil d’État qui est derrière ces crimes. »


« C’est des droits qui sont ouverts et il appartiendra à ceux qui veulent saisir la cour pénale internationale d’asseoir des faits et des preuves raisonnables laissant croire que nous sommes dans le cadre d’éléments pouvant asseoir la compétence la Cpi. Il s’agira également, si la cour est saisie dans ces procédures à travers des enquêtes ou examens préliminaires, de voir s’il a des motifs raisonnables de sa saisine. Dans tous les cas, je pense que les faits sont extrêmement graves. En Guinée récemment tout comme en Côte d’Ivoire, la CPI s’était signalée pour donner un avertissement et je ne crois pas que la cour serait insensible à ce qui s’est passé au Sénégal », estime le président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme.
« Il est important quand il y a une atteinte à la vie humaine, d’ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes »


Selon le juriste, l’État ne doit pas se limiter à indemniser les familles des victimes comme il a eu à le faire avec ceux du bateau ‘’Le Joola’’. « Car, dit-il, ces dysfonctionnements démocratiques engendrent une réitération des faits. Chaque fois qu’on n’a pas le courage d’affronter un dysfonctionnement démocratique on risque de générer encore de tels faits qui entravent l’efficience de la démocratie. C’est important pour les victimes de pouvoir pardonner mais pour pardonner il faut que justice se fasse. Mais, si vous refusez une justice à la victime, vous êtes dans ce qu’on appelle un déni de justice qui engendre une frustration qui est la source de violence et on est dans une sorte de cercle infernal. C’est pourquoi il est important quelles que soient les circonstances, la volonté d’apaisement de s’arrêter quand il y a des faits aussi graves surtout d’atteinte à la vie humaine, d’ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes de situer les responsables. Et à partir de là, la société en tire une plus-value. »


Selon la robe noire, la plus grande leçon à retenir de cette affaire est que les organisations de défense des droits humains ne sont pas comprises. « Nous avons ce qu’on appelle une démocratie formaliste mais pas substantielle. La démocratie doit être vécue dans les faits. Elle suppose un pluralisme, un droit, à la différence, une justice indépendante qui soit garante de l’indisponible des droits, des citoyens qui protègent des citoyens malheureusement nous ne sommes dans une hégémonie des vainqueurs. »

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