mercredi, octobre 9, 2024
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Propos d’un Exilé

par pierre Dieme

Mon prochain livre va porter sur la vie d’un exilé. Cela veut dire qu’il s’agira de parler des causes, conséquences et de l’impact d’une vie volontairement choisie pour assumer les idées qui me sont propres, afin de ne pas mourir avec celles des autres ni de me retrouver, d’une manière ou d’une autre, à être entraîné dans des choix qui ne sont pas les miennes.
Le Sénégal exige une posture de rigueur infaillible à quiconque veut rester conforme à ce qu’il croit. C’est un pari difficile tant sont nombreuses et diversifiées les sollicitations ouvertes ou larvées, dont le principal effet est de détourner d’une voie droite pour une autre oblique menant vers la compromission voire la perte des repères d’une vie.
Il faut donc être têtu pour échapper au risque de l’intoxication ambiante et des dérives qui émanent d’un pouvoir plus que manipulateur en plus d’être connu pour ses forfaits criminels contre les droits et libertés, sans oublier ses crimes économiques et financiers ou politiques qu’il tente de blanchir au moyen d’une culture de la pensée unique.
Je n’en suis pas. Je n’en serai pas.
C’est une posture délicate. Difficile à tenir. Puisqu’elle expose aussitôt le «prétentieux», le « fou», le «déraisonnable» aux sarcasmes et quolibets de cette engeance de certains cafés et salons Dakarois connus pour être les rabatteurs de tous les pouvoirs.
Il leur est insupportable, en effet, de voir quelque personne résister aux appels des sirènes vers la case du pouvoir en place.
Refuser d’en être n’est pas nourrir quelque inimitié ou hostilité envers eux ; c’est juste ne pas être en accord, c’est assumer une posture que permet la démocratie plurielle.
C’est en vertu de cela que, pour ma part, j’ai refusé toute médiation, non-lieu, voire solution amicale dans l’inacceptable détention que le pouvoir de Macky Sall, violant outrancièrement le droit de mon pays, m’a fait subir dans le but de me faire taire comme c’est le cas dans toutes les autocraties.
Pour lui faire plaisir, il ne manque pas de personnes pour le conforter en «riant» de mon entêtement. Qu’il en soit ainsi. Ils ont dans leur rôle. Certains chefs ont besoin de remontants lorsqu’ils sont confrontés à des équations insolubles. Telle est celle que je pose à Macky Sall.
C’est donc cela qui explique que, de divers rangs, y compris d’amis ou ennemis, on essaie de lui faire oublier ses tourments en faisant de ma personne, pourtant digne et honorable, droit dans mes bottes, assise sur des convictions, guidée par sa conscience, le bourricot d’un illégitime Président qui, pourtant, ne rêve que de se sortir de la nasse où l’a plongé son inconsciente décision de me faire arrêter, sous l’instigation du faussaire avocat, depuis lors démasqué, Malick Sall.
Je veux être clair une bonne fois pour toutes. Si, lors de mon illégale incarcération, j’ai refusé à mes parents ou à des autorités que je respecte, qu’une solution conciliante soit trouvée avec les fauteurs du forfait démocraticide, ce n’est pas maintenant que je vais donner droit à ce que ce délit grave de l’Etat criminel et des acteurs l’ayant utilisé illégitimement soit passé par pertes et profits. Les bonnes volontés sont nombreuses qui militent, je le sais, dans cette direction. Ce n’est pas une démarche que je valide. San pour autant que cela signifie un manque d’estime de toutes ces personnes qui mesurent, probablement, que même une guerre, fut-elle mondiale, doit se terminer autour d’une table. De celle de Versailles à celle qui clôtura la deuxième guerre mondiale ou encore aux Accords de Dayton, ayant mis fin, au conflit des Balkans, il ne manque pas d’exemples de conclusion par la paix d’une conflagration.
Je respecte les faiseurs de paix. Je ne respecte pas Macky Sall et sa bande de preneurs d’otages citoyens.
Je précise simplement qu’en plus des excuses publiques et solennelles de l’Etat du Sénégal, c’est à une compensation morale et financière adéquate, à la hauteur du grave tort qu’ils m’ont causé que je m’attends.
Dans les combats contre des puissances, tout se joue dans la résilience et la constance. Macky Sall sait que je ne suis pas prêt à quelque solution bancale. Qu’il agisse en conséquence et s’adresse à moi s’il veut sortir du bourbier qui, tel un sable mouvant, l’ensevelit. On ne porte pas préjudice pour ensuite vouloir donner à penser qu’on a la capacité de jouer aux grands seigneurs pour pousser la victime à se contenter d’une médiation à la limite qu’elle demanderait. J’attends sa capitulation. C’est-à-dire que la bavure commise à mon encontre et ses propres autres crimes soient soldés. Publiquement. Quiconque veut en être une victime collatérale n’a qu’à s’éloigner de ce combat. Et que personne ne s’insurge d’être exposé s’il traîne des casseroles ni ne se plaigne d’avoir été fracassé en pensant que le temps des consensus mous est venu sous nos cieux. L’ère de la techtonique des plaques numériques est celle des fracas… Adama Gaye

est un exilé, illégalement détenu pendant 53 jours par le régime de Macky Sall. Il est un opposant au régime qu’il incarne illégitimement.
Ps : En menant un combat comme celui-ci on ne s’attend pas à avoir une victoire sur le court terme. Le sacrifice, même suprême, peut en être la rançon. Je suis prêt.
Sur un autre registre, en affrontant Vincent Bolloré, j’ai compris qu’il fallait prendre un risque. A l’arrivée, le verdict fut le suivant : condamné à payer 1 euro au puissant industriel, alors qu’il revendiquait 50000 euros, j’ai compris que le juge Parisien voulait l’humilier et le renvoyer paître. C’est cela qui est la victoire. Ne nous trompons pas. Depuis lors, depuis ce procès, non seulement Bolloré est devenu une proie facile pour ses adversaires, mais il a perdu de sa superbe. Je ne vais donc pas minimiser la portée de la raclée que je lui ai fait subir. L’idée était de lui montrer qu’un africain était disposé à l’affronter. Ce fut fait. Avec la forme et le fond. Le Breton n’en est pas sorti grandi. CQFD.

Par Adama GAYE*

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