.
jeudi, mai 2, 2024
.
Accueil A la Une Le pĂ©trole, un avenir sombre pour la pĂȘche

Le pĂ©trole, un avenir sombre pour la pĂȘche

par pierre Dieme

Les acteurs de la pĂȘche artisanale ne semblent pas emballĂ©s par l’exploitation des champs pĂ©troliers et gaziers dĂ©couverts en haute mer.

Le Sénégal attend son premier baril de pétrole en 2023 pour des réserves estimées à environ 630 millions de barils sur le seul champ de Sangomar.

Les acteurs de la pĂȘche artisanale ne semblent pas emballĂ©s par l’exploitation des champs pĂ©troliers et gaziers dĂ©couverts en haute mer. Certains aspects des activitĂ©s pĂ©trogaziĂšres offshore peuvent constituer de vĂ©ritables sources de pression pour leur secteur. C’est ce que rĂ©vĂšle l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar, Think tank) dans son « Ă©tude diagnostique de la vulnĂ©rabilitĂ© du secteur de la pĂȘche face aux activitĂ©s pĂ©troliĂšres et gaziĂšres offshore ». « Pour les artisans pĂȘcheurs, la cohabitation PĂȘche-pĂ©trole augure d’un avenir sombre, leur existence est mĂȘme menacĂ©e dans les Ăźles du Saloum qui constituent la ligne de front depuis (
) ou sur la Langue de Barbarie au nord oĂč ils ne vivent que des ressources halieutiques.

Ces artisans-pĂȘcheurs craignent la disparition d’un mode de vie Ă©rigĂ© depuis plusieurs siĂšcles contre une activitĂ© pĂ©tro-gaziĂšre qui ne sera prĂ©sente que pendant 35 Ă  50 ans », rapporte le document dont APA a obtenu une copie. Il souligne que pour les pĂȘcheurs artisans, l’État doit prendre ses responsabilitĂ©s et trouver des solutions alternatives. « L’État doit mieux communiquer avec le secteur de la pĂȘche au lieu d’interdire l’activitĂ© sur certaines zones. Partout dans les Conseils locaux de pĂȘche artisanale (CLPA) rencontrĂ©s, les syndicats de pĂȘcheurs, la rĂ©crimination est unanime, l’absence de communication est manifeste entre les acteurs de la pĂȘche et le monde pĂ©tro gazier », poursuit l’étude. Elle rĂ©vĂšle que le cas de Saint-Louis demande un traitement en urgence car, la plateforme d’exploitation du pĂ©trole et du gaz (GTA) correspond exactement Ă  la principale zone de pĂȘche « Diattara » des Guet-Ndariens et les risques de conflits sont rĂ©els.

Selon les chercheurs, l’importante masse de pĂȘcheurs artisans avec une flottille d’embarcations (plus de 5000 pirogues) voit d’un mauvais Ɠil la cohabitation sur un espace de pĂȘche de plus en rĂ©duit, coincĂ© entre l’Aire marine protĂ©gĂ©e (AMP) et la frontiĂšre avec la Mauritanie. « Les risques d’incursion dans le domaine pĂ©tro gazier sont inĂ©vitables s’il se rĂ©vĂšle Ă  la longue que les plateformes constituent des habitats pour la biodiversitĂ© marine. Ces artisans pĂȘcheurs rĂ©clament un plus grand nombre de licences de pĂȘche pour accĂ©der dans les eaux mauritaniennes et avec la possibilitĂ© d’y pĂ©nĂ©trer de 80 Ă  100 km pour dĂ©rouler leurs activitĂ©s », alerte l’étude.

Soulignant que d’autres alternatives peuvent ĂȘtre envisagĂ©es par l’État avec notamment le dĂ©veloppement de la pisciculture et mĂȘme de l’agriculture (maraĂźchage, valorisation des produits forestiers
) dans les zones oĂč des espaces sont disponibles, l’étude note que ces solutions de reconversion vers les « terres fermes » ne rencontrent pas l’assentiment des Guet-Ndariens qui sont contre la dĂ©localisation des populations et prĂ©fĂšrent plutĂŽt la restauration de certains anciens sites de pĂȘche, l’immersion de rĂ©cifs artificiels, leur maintien malgrĂ© les fortes densitĂ©s humaines sur la Langue de Barbarie.

Tu pourrais aussi aimer

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit rĂ©server.Â