Les acteurs de la pĂȘche artisanale ne semblent pas emballĂ©s par lâexploitation des champs pĂ©troliers et gaziers dĂ©couverts en haute mer.
Le Sénégal attend son premier baril de pétrole en 2023 pour des réserves estimées à environ 630 millions de barils sur le seul champ de Sangomar.
Les acteurs de la pĂȘche artisanale ne semblent pas emballĂ©s par lâexploitation des champs pĂ©troliers et gaziers dĂ©couverts en haute mer. Certains aspects des activitĂ©s pĂ©trogaziĂšres offshore peuvent constituer de vĂ©ritables sources de pression pour leur secteur. Câest ce que rĂ©vĂšle lâInitiative prospective agricole et rurale (Ipar, Think tank) dans son « Ă©tude diagnostique de la vulnĂ©rabilitĂ© du secteur de la pĂȘche face aux activitĂ©s pĂ©troliĂšres et gaziĂšres offshore ». « Pour les artisans pĂȘcheurs, la cohabitation PĂȘche-pĂ©trole augure dâun avenir sombre, leur existence est mĂȘme menacĂ©e dans les Ăźles du Saloum qui constituent la ligne de front depuis (âŠ) ou sur la Langue de Barbarie au nord oĂč ils ne vivent que des ressources halieutiques.
Ces artisans-pĂȘcheurs craignent la disparition dâun mode de vie Ă©rigĂ© depuis plusieurs siĂšcles contre une activitĂ© pĂ©tro-gaziĂšre qui ne sera prĂ©sente que pendant 35 Ă 50 ans », rapporte le document dont APA a obtenu une copie. Il souligne que pour les pĂȘcheurs artisans, lâĂtat doit prendre ses responsabilitĂ©s et trouver des solutions alternatives. « LâĂtat doit mieux communiquer avec le secteur de la pĂȘche au lieu dâinterdire lâactivitĂ© sur certaines zones. Partout dans les Conseils locaux de pĂȘche artisanale (CLPA) rencontrĂ©s, les syndicats de pĂȘcheurs, la rĂ©crimination est unanime, lâabsence de communication est manifeste entre les acteurs de la pĂȘche et le monde pĂ©tro gazier », poursuit lâĂ©tude. Elle rĂ©vĂšle que le cas de Saint-Louis demande un traitement en urgence car, la plateforme dâexploitation du pĂ©trole et du gaz (GTA) correspond exactement Ă la principale zone de pĂȘche « Diattara » des Guet-Ndariens et les risques de conflits sont rĂ©els.
Selon les chercheurs, lâimportante masse de pĂȘcheurs artisans avec une flottille dâembarcations (plus de 5000 pirogues) voit dâun mauvais Ćil la cohabitation sur un espace de pĂȘche de plus en rĂ©duit, coincĂ© entre lâAire marine protĂ©gĂ©e (AMP) et la frontiĂšre avec la Mauritanie. « Les risques dâincursion dans le domaine pĂ©tro gazier sont inĂ©vitables sâil se rĂ©vĂšle Ă la longue que les plateformes constituent des habitats pour la biodiversitĂ© marine. Ces artisans pĂȘcheurs rĂ©clament un plus grand nombre de licences de pĂȘche pour accĂ©der dans les eaux mauritaniennes et avec la possibilitĂ© dây pĂ©nĂ©trer de 80 Ă 100 km pour dĂ©rouler leurs activitĂ©s », alerte lâĂ©tude.
Soulignant que dâautres alternatives peuvent ĂȘtre envisagĂ©es par lâĂtat avec notamment le dĂ©veloppement de la pisciculture et mĂȘme de lâagriculture (maraĂźchage, valorisation des produits forestiersâŠ) dans les zones oĂč des espaces sont disponibles, lâĂ©tude note que ces solutions de reconversion vers les « terres fermes » ne rencontrent pas lâassentiment des Guet-Ndariens qui sont contre la dĂ©localisation des populations et prĂ©fĂšrent plutĂŽt la restauration de certains anciens sites de pĂȘche, lâimmersion de rĂ©cifs artificiels, leur maintien malgrĂ© les fortes densitĂ©s humaines sur la Langue de Barbarie.