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vendredi, avril 19, 2024
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Elections législatives : Macky Sall dans ses calculs

par pierre Dieme

Avec la réduction du nombre de députés élus sur la base de la liste proportionnelle, l’augmentation de la majoritaire et des sièges de certains départements, le rêve d’une cohabitation s’amenuise, de plus en plus. L’opposition devrait, comme l’indique ‘’EnQuête’’ dans son édition d’avant-hier, faire des efforts titanesques à l’intérieur du pays, pour arriver à ses fins aux Législatives prochaines.

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Ça manœuvre ferme dans l’entourage du président de la République Macky Sall, en direction des élections législatives de juillet 2022. Et le combat va se jouer sur tous les fronts. Quand ce n’est pas du débauchage massif de politiciens transhumants dans les rangs de l’opposition, le président Sall essaie de grappiller des sièges par-ci, par-là. Rien qu’en usant de la loi, parfois, il consolide son avantage indéniable sur la liste majoritaire des députés.

Comme le disait récemment le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome, avec les prochaines élections législatives de juillet, certains départements vont voir leur nombre de députés augmenter. Il en est ainsi de Médina Yoro Foulah (166 042) et de Bounkiling (177 706) qui vont se retrouver avec deux députés chacun, au même titre que des départements comme Rufisque (583 774), Keur Massar (593 000), Guédiawaye (392 190), Kaolack (587 530)… Dans la même veine, Mbour et Thiès passent de deux à quatre députés, entre 2017 et 2022.

Le point commun à tous ces départements qui profitent de la nouvelle clé de répartition, c’est d’avoir été remporté par la coalition Benno Bokk Yaakaar aux dernières élections locales. Pour les prochaines Législatives, la coalition présidentielle part largement favorite, aussi bien à MYF, à Bounkiling qu’à Thiès et à Mbour. Avec des avances assez confortables. En 2017, le gouvernement avait refusé à Thiès et à Mbour une augmentation, alors que tout militait en faveur, selon beaucoup d’acteurs.

Mieux, fulminent certains, ce n’était que demander justice pour ces deux départements, puisque c’est en 2017, en plein conflit entre Idrissa Seck et Wade, que leur nombre de députés sur la départementale a été réduit. Mais le régime avait dit niet. A l’époque, Idrissa Seck et Rewmi n’avaient pas encore rallié pour renforcer la majorité en ballottage dans ces localités.

Ainsi, malgré les garde-fous posés par la loi électorale, le président de la République conserve un pouvoir discrétionnaire assez important dans la répartition des sièges qui se fait par décret.

En effet, il ressort de l’article L.151 que ‘’dans chaque département, sont élus 7 députés au plus et 1 député au moins’’. Il s’y ajoute que les départements dont la population est égale ou supérieure à 170 000 habitants obtiennent au moins 2 sièges. Ce qui justifie les hausses de Bounkiling et de Médina Yoro Foulah, même si d’aucuns peuvent considérer que cela est léonin vis-à-vis de certains départements nettement plus peuplés et qui ont le même nombre de députés.

Au-delà de la majoritaire, le régime a aussi joué sur la proportionnelle, réputée plus favorable à la pluralité à l’Assemblée nationale. Alors que tout le monde attendait une augmentation du nombre de députés lors de la dernière réforme, la majorité a surpris son monde en présentant un amendement qui va à l’encontre.

Il s’est ainsi agi finalement de diminuer la liste proportionnelle de 7 députés, pour pourvoir les départements sus-indiqués. Selon ce député, ‘’c’est un grand recul démocratique et une menace pour la diversité à l’Assemblée’’. Pour lui, c’est d’autant plus blâmable qu’avant même la séance, un consensus avait été trouvé entre les acteurs. ‘’Il faut préciser que le code ne peut être changé, à six mois des élections, que par consensus. C’est au nom de ce consensus que le projet devait passer ce jour à l’Assemblée nationale. Mais au dernier moment, on a fait autre chose que ce qui était convenu. Pire, nous avons quelque part l’impression que tout ça a été minutieusement programmé’’.

Le pouvoir augmente ses chances

Membre de la Commission politique du Dialogue national, le coordonnateur des non-alignés, Déthié Faye, revient sur ce qui était retenu lors des concertations au mois de mars. ‘’Il fallait soit toucher la liste de la diaspora, soit réduire la liste de certains départements tels Dakar, Pikine et autre, soit réduire la liste proportionnelle ou augmenter le nombre de députés à hauteur du déficit constaté… A l’arrivée, c’est cette dernière option qui a été retenue’’.

Mais une fois à l’hémicycle, des députés de l’opposition ont essayé de faire comme s’ils n’ont jamais consenti une telle option. C’était juste pour jouer la comédie et ne pas se mettre à dos l’opinion publique. Une brèche saisie par le gouvernement pour faire passer son amendement consistant à réduire le nombre de députés sur la proportionnelle.

Selon les témoignages, cette hypothèse avait été défendue par les services d’Antoine Diome depuis les concertations. ‘’C’est le ministre qui l’avait proposé. Mais les autres n’étaient pas d’accord. On avait demandé de ne revenir sur aucun des acquis. Il était hors de question de réduire les quotas de la diaspora, des différents départements ou de la nationale. Finalement, on avait convenu de procéder à l’augmentation’’, confie un acteur politique.

Selon le directeur exécutif de l’ONG 3D, ce changement aurait dû être évité pour garantir la diversité dans la représentation nationale. ‘’Je trouve regrettable que le nombre de députés élus sur la base de la liste proportionnelle ait été réduit. Cette liste permettait de promouvoir un certain pluralisme, un certain équilibre. Elle permet de ne pas avoir une Assemblée nationale monocolore, dont l’écrasante majorité serait issue de la liste majoritaire’’, explique le représentant de la société civile. Il ajoute : ‘’C’est ce qui faisait l’originalité du système sénégalais. On a un système mixte qui facilite à un gouvernement d’avoir une majorité, mais aussi qui permet aux minorités d’avoir une certaine représentativité. Ce système est toujours là certes, mais il a été affaibli.’’

Quoi qu’il en soit, avec tous ces changements, les chances de l’opposition d’arriver à une cohabitation sont très minimes. En effet, même si elle remporte tous les sièges des régions de Dakar, Diourbel et Ziguinchor et même Kaolack, l’opposition pourra difficilement imposer la cohabitation, si elle ne s’impose pas dans les autres départements du pays.

Pour rappel, aux dernières Locales, BBY et ses dissidents membres de la majorité étaient arrivés premiers dans près de 40 départements.

Il faut préciser qu’en dehors des changements susvisés, le projet de décret de répartition des sièges maintient le statu quo dans tous les autres départements.

‘’EnQuête’’

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