mercredi, octobre 9, 2024
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SÉNÉGAL : LA SANTÉ PRISE EN OTAGE !

par admin
Lors de cette énième « concertation sur les urgences » tenue en Septembre 2019 au King Fahd Palace, le Ministre de la santé avait préconisé « un diagnostic profond du service des urgences dans les hôpitaux ».
 
Après moult palabres comme d’habitude, et après avoir été grassement rémunérés à coup de perdiems, d’indemnités kilométriques et autres émoluments, ils nous sortent cette circulaire avec le slogan de « Plan d’accélération pour l’amélioration de la prise en charge des urgences » sans doute pour être en phase avec le fameux « Fast track ».
 
Eh bien le « diagnostic profond de la gestion des urgences » je vais vous le faire sans la moindre complaisance, n’en déplaise à qui que ce soit. 
 
CONCERTATION SUR LES URGENCES !
 
Qui étaient les acteurs qui planchaient sur ces questions d’urgences médicales lors de ces concertations initiées par le ministère de la santé ?
 
Figurez-vous qu’il y’avait une pléthore de bureaucrates très éloignés des réalités de la gestion des urgences : médecins-chef de région médicale, médecins-chef de District, spécialistes de santé publique, conseillers en tous genres, Directeurs d’hôpitaux etc…mis à part une petite minorité de véritables spécialistes des urgences (SAMU, SOS Médecins entre autres).
 
Vous réunissez des charretiers, des conducteurs de motos Jakarta et de taxis clandos pour plancher et trouver des solutions aux problèmes de navigation aérienne, vous ne pouvez pas avoir d’autres résultats que cette circulaire ministérielle ridicule et absurde. 
 
C’est ça le fameux « Leul » qui aurait passé en revue tous les problèmes et trouvé les solutions avec lequel on nous tympanise pour se faire bonne conscience et servir de caution. 
 
La preuve par la piètre prestation de la Directrice des Établissements de Santé sur le plateau de l’émission Diakarlo de la TFM qui n’a cessé de faire référence à ce « Leul » (concertation). 
Assimiler le SAMU à un Établissement Public de Santé et ignorer totalement son rôle et son fonctionnement en disent suffisamment. 
 
Ce sont ces « spécialistes des urgences » qui sont derrière ce pompeux plan d’accélération » de je ne sais quoi et cette circulaire irresponsable, condescendante et irrespectueuse de nature à jeter en pâture aux populations mal informées le personnel des urgences qui travaille jour et nuit dans des conditions indignes avec dévouement et abnégation. 
 
Lors de ces concertations, les vrais acteurs qui gèrent les urgences au quotidien dans les postes de santé, les centres de santé, les districts sanitaires et hôpitaux ont été mis en rade.
Aucun de ces médecins-chef n’a daigné mandater les vrais acteurs du terrain qui gèrent les urgences au quotidien dans leurs structures respectives. 
 
Le Ministère de la santé est pris en otage par une kyrielle de médecins bureaucrates, adeptes de séminaires, symposiums, tables rondes, ovales et carrées, très éloignés des réalités du terrain de la médecine clinique. 
C’est ça la réalité qu’on le dise ou non. 
 
Pour discuter sérieusement de la prise en charge des urgences il faut réunir :
– ceux qui interviennent en amont et qui assurent le transport des patients c’est à dire à la phase dite prehospitaliere :  SAMU, SOS Médecins, SUMA Assistance, Sapeurs Pompiers.
– Les acteurs du service d’accueil des urgences depuis l’IOA (Infirmier Organisateur de l’Acceuil), en passant par les médecins urgentistes, les différents spécialistes appelés à intervenir aux urgences (anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens toutes spécialités confondues, orthopédistes-traumatologues, gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, biologistes, spécialistes de l’imagerie médicale, etc…
 
Discuter de la problématique des urgences, en faire un diagnostic correct et proposer des solutions est une affaire trop sérieuse qui requiert une expertise avérée en la matière. 
 
Encore que TOUT a été dit et écrit sur la gestion des urgences. Il suffit juste de dépoussiérer les conclusions et les recommandations faites depuis belle-lurette par les véritables acteurs des urgences qui se sont réunis maintes fois et de les appliquer tout simplement.
 
Personnellement j’ai soutenu ma thèse de Doctorat d’Etat en Médecine sur ce sujet il y’a vingt ans « Prise en charge hospitalière des polytraumatisés » dans une étude prospective qui a permis d’effectuer un audit du service d’accueil des urgences et de formuler les solutions et recommandations. 
 
Combien de congrès avec pour thème « les urgences » se sont tenus? Combien de travaux scientifiques ont été faits sur le sujet (thèses, mémoires de fin d’études de spécialité, publications dans des revues scientifiques etc…)?
 
On ne va pas réinventer la roue. 
Qu’on arrête ces séminaires, concertations, symposiums patati patata et qu’on applique ce qui a déjà été dit et écrit avec une réelle volonté. 
 
Le problème de la gestion des urgences ne saurait se limiter à des questions de téléphones, d’ambulances et de transfert secondaire. 
C’est un sérieux problème de logistique : un SAU (Service d’Accueil des Urgences) aux normes avec des moyens matériels, un plateau technique adéquat, des personnels qualifiés en nombre suffisant, des moyens d’aide au diagnostic performants et disponibles 24h/24 (scanner IRM laboratoires etc…) des blocs opératoires dédiés, une unité d’hospitalisation de courte durée et surtout des lits d’aval pour désengorger les urgences et assurer le turnover etc… 
 
Prochainement inchallah je vous dirai ce qu’est un véritable SAU (service d’accueil des urgences), ses moyens et son fonctionnement, un SAMU son rôle et son fonctionnement etc…
 
Halte à l’enfumage au cinéma et à la démagogie !
Mamadou Mansour Diouf 

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