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vendredi, avril 26, 2024
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Contrôle de Dakar : Diouf Sarr «nous avons récupéré les communes qu’ils avaient gagnées»

par pierre Dieme

«Qu’est-ce que la ville de Dakar a fait depuis 2014 ?»
«On a créé une communication qui donne l’impression que nous avons perdu Dakar»

Dans cette dernière partie des «Marches du Quotidien», Abdoulaye Diouf Sarr met le boubou politique. Il ne doute pas de la bonne santé de Benno bokk yaakaar qui gagnerait Dakar si les Locales se tenaient aujourd’hui. Le maire de Yoff, qui considère que «le concept de patron de Dakar est périmé», se demande d’ailleurs ce que Khalifa Sall a réalisé à la tête de la ville depuis 2014.

Dakar est-elle un cas pour le pouvoir avec cette suppression annoncée des villes que Taxawu senegaal qualifie de «manœuvres politiciennes» pour combattre Khalifa Sall ?
Non, ce n’est pas mon avis. Je suis un scientifique et quand j’avance des choses, je cherche toujours à les expliquer par des chiffres. Notre coalition Benno bokk yaakaar n’a perdu Dakar qu’une seule fois. Aux élections présidentielles, le Président n’a jamais perdu Dakar. Aux Législatives, pendant qu’on nous avait tous installés dans la psychose que Dakar était tombée, nous avons démontré que, sociologiquement, la capitale est à nous. Et si nous avons perdu Dakar en 2014, c’est parce que nous étions éclatés partout dans les communes, et le système a fait que malheureusement des listes dissidentes ont perdu. Je peux vous démontrer, commune par commune, que s’il y avait une unité, nous allions gagner. Donc il y a eu tout un activisme politicien à Dakar. On a créé une communication qui donne l’impression que Dakar est perdue par le pouvoir, ce qui n’est pas le cas. Si on allait aux élections aujourd’hui, la vérité des urnes confirmerait que le Président Macky Sall est largement majoritaire à Dakar. Alors, pourquoi on veut nous faire croire aujourd’hui que cette coalition (Taxawu Dakar) est majoritaire ? Aujourd’hui, même les communes qu’ils avaient gagnées, comme la Patte d’Oie, sont dans notre coalition.

Voulez-vous dire les maires ?
Oui, mais les maires sont des indicateurs.

Mais si on supprime les villes, vous n’allez quand même pas entendre un jour «Diouf Sarr, maire de Dakar»…
Il faut faire un raisonnement et remonter l’histoire. L’Acte 2 de la décentralisation avait créé des communes d’arrondissement en 1996. Et il y avait la région en tant que collectivité locale. L’Acte 3 a réglé un problème, c’est toute la philosophie de l’équité territoriale qui est contenue dans le programme du Président Macky Sall depuis le Yoonou yokkuté. Le Pse est, lui, un programme de mise en œuvre d’une politique de gouvernement. Mais notre programme de conquête du pouvoir contenait déjà cela. C’est pourquoi la communalisation intégrale est arrivée avec l’Acte 3 de la décentralisation. Elle supprime les communes d’arrondissement et les maires des communes de Dakar ont la même dignité que tous les maires du pays. Maintenant, on a gardé les villes dans certaines régions. Il faut dire que le principe ce n’est pas la ville, mais le département parce qu’on a supprimé la région. Très souvent, la ville épouse les contours du département, mais on l’appelle quand même «ville», et l’autorité qui l’incarne ne l’appelle pas président de département, mais maire. Est-ce que ce n’est pas le contenu en termes de ressources et de perspectives qui est le plus important ? D’ailleurs, qu’est-ce que la ville de Dakar a fait depuis 2014 ? C’est pourquoi dans ce débat-là, ce sont les populations de Dakar qui m’intéressent et qui doivent avoir une collectivité locale qui prenne en charge leurs préoccupations.

Les départements ont les mêmes compétences que les villes en question…
Exactement. Je crois qu’on veut faire de cela un débat politicien. Mais c’est pourtant un débat, à bien des égards, éminemment technique.

En 2014, est-ce que vous n’aviez pas perdu Dakar parce que vous n’aviez pas la bonne tête de liste ?
(Rires) Quelqu’un a dit quelque chose d’important au début de l’entretien : «Monsieur le ministre, il y a des questions auxquelles, si vous le voulez, vous pouvez ne pas y répondre.» (Rires). Alors je le prends au mot.

Mais vous vous intéressez quand même à la ville de Dakar ou au futur département…
Ma question va peut-être vous surprendre : Je suis un missionnaire. Je suis dans une coalition avec un homme qui me fait confiance, qui a fait bouger les lignes de ce pays de la manière la plus révolutionnaire et qui a une perspective dans le cadre du Plan Sénégal émergent. Nous qui sommes avec lui avons cette philosophie de missionnaire par rapport à l’objectif de transformation extraordinaire que nous avons. Encore une fois, je rappelle que l’axe 1 du Yoonou yokkuté, c’était la productivité développante qui correspond à la transformation structurelle de l’économie.

Monsieur le ministre, là vous faites du «ni oui ni non»…
Non, ce n’est pas ça. J’assume mes positions. Si vous me demandez si je veux être maire de Yoff, je vous dis «oui» parce que c’est le niveau pertinent de mon expression politique. Mais tout le reste relève d’une stratégie dans le cadre d’un parti et d’une coalition.

Vous ne voulez pas être le patron de Dakar ?
(Rires) Je crois que le concept patron de Dakar est périmé.

Est-ce qu’il ne faudrait pas laisser le soin aux populations de s’exprimer dans le cadre d’un mini Réfé­rendum dans les villes concernées par la suppression au lieu de leur imposer la volonté de l’Exécutif ?
C’est vrai que le Sénégal est un pays très démocratique qui aborde à chaque fois des questions dans le cadre de concertations. C’est le cas du dialogue national qui a été une formidable occasion de discuter de certaines questions. Mais cette culture de Référendum partiel n’est pas dans notre pratique. Peut-être qu’un jour, comme cela se passe dans certains pays occidentaux, on pourra y arriver.

Vous aviez dans votre giron l’Aéroport international Dakar Yoff, devenu Léopold Sédar Senghor. Avec l’Aibd, qu’est-ce que Yoff, dont vous êtes le maire, a perdu avec ce déménagement ?
Yoff n’a rien perdu parce que c’est le Sénégal qui a gagné. Aujourd’hui, nous avons démontré à la face du monde qu’on pouvait parachever les travaux de l’Aibd qui était dans un tourbillon quand on arrivait en 2012. Grâce au génie du chef de l’Etat en matière d’ingénierie financière et de gestion des projets, nous sommes parvenus à débloquer cet aéroport et à le livrer à bonne date. Et cet aéroport fait aujourd’hui la fierté du Sénégal et de l’Afrique. L’aéro­port Léopold Sédar Senghor était dans Yoff, même s’il ne rapportait pas à la commune, mais en termes de notoriété, c’était un aéroport à Yoff. Mais il faut aborder ces questions dans le cadre d’un développement économique national.

Où en êtes-vous avec le stade de Yoff ?
Je me réjouis de voir que très bientôt Yoff aura un très grand stade, le 3ème d’ailleurs après celui de Diamniadio, Léopold Sédar Senghor et Demba Diop en termes de nombre de places. J’ai reçu il y a trois semaines le gazon synthétique qui est déjà sur place et j’ai recruté une agence de sécurité pour le surveiller. Les topographes sont en train de niveler la plateforme pour poser le gazon. Aux prochains navétanes, les jeunes de Yoff vont effectivement jouer sur ce terrain qui fait la fierté de notre localité.

La date de livraison ?
Je ne vais pas vous dire la date. En tout cas aux prochains navétanes, nous trouverons un moyen de faire une inauguration digne de ce nom.

C’est l’occasion de relancer la Renaissance de Yoff ?
Ah oui, c’est l’occasion de relancer cette formidable équipe. En 70, il n’y avait pas la Renaissance de Yoff, mais les Almadies qui ont joué la finale contre le Jaraaf. Et après, il y a eu un éclatement : l’île de Ngor est partie, l’Us Ouakam aussi. Moi je suis de ceux qui rêvent de cette grande équipe des Almadies, peut-être qu’un jour on va y arriver. Mais entre-temps, nous allons travailler pour que la Renaissance de Yoff soit véritablement un maillon fort de ce triangle Ngor-Oua­kam.

Où est-ce que vous en êtes avec la maladie dermatologique des pêcheurs ?
Nous sommes toujours sur ce processus de recherche pour la dermatose des pêcheurs. L’étu­de a été envoyée par le centre anti poison à Nantes dans le cadre d’une collaboration que nous avons avec l’institut qui est dans la recherche des activités de mer. Donc on attend cette réponse. Il ne faut pas se précipiter pour avancer certaines pistes. Il s’agit d’un phénomène tout à fait nouveau. On a écarté certaines pistes comme celle chimique. On est allé sur les algues, on a vérifié et il y a des confirmations à rechercher. Attendons la ré­ponse de ce partenariat scientifique avec le Sénégal avant de s’avancer !

Y a-t-il eu des contagions ?
Non il n’y en a jamais eu. La maladie n’a touché que les pêcheurs qui sont allés en mer. Et tous sont guéris.

Vous êtes le 3ème maire de Yoff. Vos détracteurs disent que l’une des rares réalisations de Diouf Sarr, c’est la Place Mamadou Diop. Quelles sont vos réalisations qui vous rendraient fiers ?
(Rires) Je suis le 3ème maire de Yoff après Seydina Issa Ndiaye, Oumy Khaïry Guèye Seck et Mamadou Diop. En 96, je siégeais déjà au Conseil municipal. J’étais le plus jeune conseiller municipal et je dirigeais la Commission économique chargée de la promotion de l’emploi. Donc je connais bien ma commune et je n’en suis jamais sorti au plan politique. Vous me donnez l’occasion de dire ce que j’ai fait pour la commune. Quand je suis arrivé en 2014, il n’y avait pas une seule infrastructure en dehors des écoles qui n’étaient pas d’ailleurs en bon état. A Yoff, aujourd’hui toutes les écoles sont totalement rénovées au grand bonheur des parents et des élèves. Yoff est un village traditionnel, mais ouvert sur le monde moderne. Sur la plage, de Tonghor à Layène, devant chaque quartier, il y a des édifices appelés mbaarou guethie. Je ne les ai pas carrelés quand même en marron-beige, mais en beige tout court (rires). Et vous allez voir que tous les mbaarou guethie de Yoff sont des espaces de développement communautaire où il y a des concertations pendant toute la journée. A Nord-Foire, le terrain de basket que je suis en train de reprendre totalement à la demande des jeunes sera le plus moderne des 19 communes, après Santi Agne. Et il est équipé d’espace wi-fi. A Biagui, tunndu wiya était une zone où il n’y avait que des habitations. Même quand il y avait des baptêmes, les gens ne savaient même pas où s’installer. J’y ai construit une place publique avec un terrain de sport et des espaces d’échanges pour les habitants. A la Cité Bceao, nous avons construit un très joli jardin. Aujourd’hui, il y a un incubateur à Yoff avec une salle de formation en informatique, une salle de formation en coiffure, etc. A Daagou Daan, j’ai repris la Place Ndieuw qui était un dépotoir et j’y ai mis une très grande tribune. Et d’ailleurs quand il y a le turu Mame Ndiaré, c’est là où nos parents font leurs activités culturelles. Mais la grande satisfaction que j’aie, c’est surtout l’emploi des jeunes. Yoff est la commune qui a le plus employé des jeunes dans Dakar. Tous les jeunes que vous voyez faire de l’entretien dans ma commune sont engagés par la mairie. C’est important parce que c’est plus de 400 emplois dans le village et dans les cités nouvelles pour apporter effectivement de la valeur ajoutée économique à la commune. Si vous voyez d’ailleurs la structuration de l’économie locale de Yoff, chaque maison est en train de se débrouiller pour avoir un petit magasin ou vendre quelque chose. C’est parce qu’à chaque fin de mois, la commune de Yoff injecte en masse salariale chez les jeunes, 60 millions de F Cfa. En ce qui concerne le pavage, je précise que j’étais dans la ville de Dakar et le pavage était mutualisé. Pourquoi Yoff n’a pas un seul mètre carré de pavé pendant que Médina et autres en ont. Il fallait donc que je m’en occupe moi-même parce que je ne pouvais pas attendre que l’on m’amène des pavés. Même chose pour l’éclairage public. Yoff est une commune très bien éclairée et c’est la seule qui paie son éclairage public parce que c’était une mutualisation par la ville de Dakar. Vous allez à Yoff, vous donnez votre numéro, à la minute près vous avez votre extrait de naissance. C’est vous dire que j’ai informatisé mon état civil. Allez dans d’autres communes, on va vous dire : «On amène les signatures chez le maire ce soir ou le lendemain.» Le marché de Yoff, j’en passe. Diamalaye avait réclamé le pavage. Toute la ceinture a été pavée jusqu’à la pharmacie et c’est important. La question principale qui me restait, c’était la reprise de la voirie de la cité Djily Mbaye où il y a beaucoup de nids de poule. J’ai aujourd’hui terminé mon Dao (Demande d’appel d’offres). J’attends juste que la Dcmp me réponde sur quelques observations pour reprendre la voirie. Je vous assure que je peux continuer jusqu’à demain pour vous dire que nous avons fait énormément de choses.

Il y a quand même une image qui continue de choquer les habitants de Yoff : les charrettes…
Oui, il y a les charrettes et la devanture de Ouest-Foire, de la Fédération sénégalaise de football jusqu’à la station d’essence Elton. Vraiment, c’est mon combat et c’est ce qui m’empêche de dormir.

Et les eaux usées de la Cité Adama Diop ?
Ça se voit que ça fait longtemps que vous n’êtes pas passés là-bas parce que c’est un problème que j’ai réglé. Je vous assure, ça date de plus de 20 ans parce que c’était un problème de diamètre de tuyau qui devait évacuer les eaux. Donc c’est derrière nous.

Le troisième mandat aussi, c’est derrière nous ?
(Rires) (Il ne répond pas).

C’est une question, est-ce que le 3ème mandat est derrière nous ?
(Il feint) Nous sommes dans une perspective (rires).

Lequotidien

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