Les grands rendez-vous sportifs notamment du football sont devenus de grands moments de mise et de paris. De jeunes Ć©lĆØves, ou encore des chĆ“meurs prennent du plaisir en jouant tout en dissimulant cette pratique rĆ©prouvĆ©e par les parents.
Sans prĆ©tention de porter un jugement hasardeux sur les retraitĆ©s, force est de reconnaĆ®tre que les jeux de hasard Ć©taient une activitĆ© souvent rĆ©servĆ©e Ć ces anciens pratiquants qui ont dĆ©crochĆ©.
Les mises quotidiennes alimentaient aussi bien leur quotidien que leurs poches. De plus en plus, lāindustrie du jeu a dĆ©veloppĆ© des stratĆ©gies afin dāattirer les plus jeunes. Cette attirance est cependant nourrie par les paris sportifs notamment le football.
La folie de pari Ć©tend ses tentacules vers la plus grande majoritĆ© de la population : les jeunes. Il sāagit de se lancer dans des prĆ©dictions lors de match.
Ayant quittĆ© lāĆ©cole pour embrasser la tĆ“lerie, Seydou LĆ“ est devenu un accro, dans le vrai sens du terme. Chez lui, le pari rivalise avec leur dĆ©pense quotidienne. La vingtaine Ć peine rĆ©volue, il dĆ©bourse 2 000 F CFA par jour pour deviner le gagnant dāun match.
En cette saison de ligue des champions, le pari sāaccentue et il aiguise son flaire en vue de remporter les mises.
Ā« Cāest comme une religion pour moi. Je me sacrifie pour effectuer le rituel tous les jours Ā», admet-il non sans fiertĆ©.
Cet investissement quotidien dĆ©coule de ses maigres revenus dāapprenti tĆ“lier. Cette addiction au jeu il lāa dĆ©veloppĆ© il y a un trois ans environ alors quāil Ć©tait encore Ć©lĆØve. Du haut de ses vingt ans, il ne se voit pas finir ses journĆ©es sans ce petit espoir excitant de gagner quelques sous pour se payer des fringues.
Lāargent facile et le dĆ©sir de servir sa famille
Cheikh Tall, Ć peine 18 ans, se livre au jeu afin de venir en aide Ć sa petite famille. Ā« Ća paraĆ®t trĆØs ambitieux je sais mais parfois jāempoche plus de 60 000. Je donne directement Ć ma mĆØre afin quāelle puisse gĆ©rer la maison Ā». A-t-elle une idĆ©e de la provenance de lāargent ? Ā« Certainement pas ! Ā», souligne-t-il. Connaissant sa mĆØre, elle ne mangera jamais lāargent du jeu, est-il convaincu.
Si son plus grand gain nāa excĆ©dĆ© 65 000, Moussa Sakho a eu le gros lot de sa vie. Ā« Trois millions de F Cfa avec une application Ā», se rĆ©jouit-il. Cet Ć©lĆØve en classe de terminale a vu la chance lui sourire un soir de match. La notification sur son tĆ©lĆ©phone le fait crier de joie avant de lāĆ©touffer pour ne pas Ć©veiller de soupƧon.
Il envoie la note Ć tous ses amis. Il vient de remporter 3 millions de F. Ā« Un jeune comme moi dont la plus grosse somme reƧue de mes parents nāa jamais dĆ©passĆ©e 50 000 F, je gagne 3 millions tout dāun coup. JāĆ©tais trĆØs content et en mĆŖme temps anxieux Ā», dit-il. Cette angoisse Ć©tait suscitĆ©e par cette faramineuse somme quāil devait dissimulĆ©e Ć ses parents.
Se cacher pour jouer
Il nāallait pas prendre le risque de faire un investissement ou encore moins de se payer du luxe. La solution : dilapider lāargent avec ses amis. Des enveloppes de cent mille francs Ć ses potes afin de vite se dĆ©barrasser ce cet argent dont la dĆ©couverte par ses parents ferait lāobjet de vives sanctions. Ā« Je māoffrais la belle vie dehors en louant des voitures chĆØres, en faisant la fĆŖte aussi Ā», se rappelle-t-il.
Les jeunes parieurs sāaccordent tous sur une note : le refus catĆ©gorique des parents. Ā« Lorsque ma mĆØre a dĆ©couvert les paris de football, elle māa mis en garde sans savoir que je jouais Ā», explique Babacar SĆØne, jeune Ć©lĆØve de premiĆØre. Il nāimagine pas la rĆ©action de sa mĆØre lorsquāelle saura quāil sāadonne Ć son passe-temps favori en misant avec lāargent de sa scolaritĆ© parfois.
Doudou Ly quant Ć lui a vĆ©cu une grande humiliation devant un magasin de pari de castors. Alors quāil prĆ©parait sa mise du jour, sa mĆØre lāa traĆ®nĆ© hors du magasin avec de grosses gifles. Ā« MĆŖme aprĆØs Ƨa, je nāarrive pas Ć arrĆŖter. Je suis obsĆ©dĆ© Ā», dĆ©clare-t-il faiblement.
Lāengouement et la dĆ©couverte au dĆ©but cĆØdent facilement la place Ć lāobsession dans bien des cas. Les paris commencent aĢ devenir une vraie occupation professionnelle pour ces jeunes Ć faible ou nul revenu.
Seydou Fall a longtemps compris que le pari Ć©tait une drogue et quāil fallait le cacher Ć ses proches. Il compte continuer de jouer jusquāĆ dĆ©crocher un gros lot, un jour.
Ndeye Fatou DiƩry DIAGNE
LE SOLEIL
Pari sportif: une drogue douce pour les jeunes et non-salariƩs
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