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mardi, avril 30, 2024
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Pari sportif: une drogue douce pour les jeunes et non-salariƩs

par pierre Dieme

Les grands rendez-vous sportifs notamment du football sont devenus de grands moments de mise et de paris. De jeunes Ć©lĆØves, ou encore des chĆ“meurs prennent du plaisir en jouant tout en dissimulant cette pratique rĆ©prouvĆ©e par les parents.
Sans prƩtention de porter un jugement hasardeux sur les retraitƩs, force est de reconnaƮtre que les jeux de hasard Ʃtaient une activitƩ souvent rƩservƩe Ơ ces anciens pratiquants qui ont dƩcrochƩ.
Les mises quotidiennes alimentaient aussi bien leur quotidien que leurs poches. De plus en plus, lā€™industrie du jeu a dĆ©veloppĆ© des stratĆ©gies afin dā€™attirer les plus jeunes. Cette attirance est cependant nourrie par les paris sportifs notamment le football.
La folie de pari Ć©tend ses tentacules vers la plus grande majoritĆ© de la population : les jeunes. Il sā€™agit de se lancer dans des prĆ©dictions lors de match.
Ayant quittĆ© lā€™Ć©cole pour embrasser la tĆ“lerie, Seydou LĆ“ est devenu un accro, dans le vrai sens du terme. Chez lui, le pari rivalise avec leur dĆ©pense quotidienne. La vingtaine Ć  peine rĆ©volue, il dĆ©bourse 2 000 F CFA par jour pour deviner le gagnant dā€™un match.
En cette saison de ligue des champions, le pari sā€™accentue et il aiguise son flaire en vue de remporter les mises.
Ā« Cā€™est comme une religion pour moi. Je me sacrifie pour effectuer le rituel tous les jours Ā», admet-il non sans fiertĆ©.
Cet investissement quotidien dĆ©coule de ses maigres revenus dā€™apprenti tĆ“lier. Cette addiction au jeu il lā€™a dĆ©veloppĆ© il y a un trois ans environ alors quā€™il Ć©tait encore Ć©lĆØve. Du haut de ses vingt ans, il ne se voit pas finir ses journĆ©es sans ce petit espoir excitant de gagner quelques sous pour se payer des fringues.
Lā€™argent facile et le dĆ©sir de servir sa famille
Cheikh Tall, Ć  peine 18 ans, se livre au jeu afin de venir en aide Ć  sa petite famille. Ā« Ƈa paraĆ®t trĆØs ambitieux je sais mais parfois jā€™empoche plus de 60 000. Je donne directement Ć  ma mĆØre afin quā€™elle puisse gĆ©rer la maison Ā». A-t-elle une idĆ©e de la provenance de lā€™argent ? Ā« Certainement pas ! Ā», souligne-t-il. Connaissant sa mĆØre, elle ne mangera jamais lā€™argent du jeu, est-il convaincu.
Si son plus grand gain nā€™a excĆ©dĆ© 65 000, Moussa Sakho a eu le gros lot de sa vie. Ā« Trois millions de F Cfa avec une application Ā», se rĆ©jouit-il. Cet Ć©lĆØve en classe de terminale a vu la chance lui sourire un soir de match. La notification sur son tĆ©lĆ©phone le fait crier de joie avant de lā€™Ć©touffer pour ne pas Ć©veiller de soupƧon.
Il envoie la note Ć  tous ses amis. Il vient de remporter 3 millions de F. Ā« Un jeune comme moi dont la plus grosse somme reƧue de mes parents nā€™a jamais dĆ©passĆ©e 50 000 F, je gagne 3 millions tout dā€™un coup. Jā€™Ć©tais trĆØs content et en mĆŖme temps anxieux Ā», dit-il. Cette angoisse Ć©tait suscitĆ©e par cette faramineuse somme quā€™il devait dissimulĆ©e Ć  ses parents.
Se cacher pour jouer
Il nā€™allait pas prendre le risque de faire un investissement ou encore moins de se payer du luxe. La solution : dilapider lā€™argent avec ses amis. Des enveloppes de cent mille francs Ć  ses potes afin de vite se dĆ©barrasser ce cet argent dont la dĆ©couverte par ses parents ferait lā€™objet de vives sanctions. Ā« Je mā€™offrais la belle vie dehors en louant des voitures chĆØres, en faisant la fĆŖte aussi Ā», se rappelle-t-il.
Les jeunes parieurs sā€™accordent tous sur une note : le refus catĆ©gorique des parents. Ā« Lorsque ma mĆØre a dĆ©couvert les paris de football, elle mā€™a mis en garde sans savoir que je jouais Ā», explique Babacar SĆØne, jeune Ć©lĆØve de premiĆØre. Il nā€™imagine pas la rĆ©action de sa mĆØre lorsquā€™elle saura quā€™il sā€™adonne Ć  son passe-temps favori en misant avec lā€™argent de sa scolaritĆ© parfois.
Doudou Ly quant Ć  lui a vĆ©cu une grande humiliation devant un magasin de pari de castors. Alors quā€™il prĆ©parait sa mise du jour, sa mĆØre lā€™a traĆ®nĆ© hors du magasin avec de grosses gifles. Ā« MĆŖme aprĆØs Ƨa, je nā€™arrive pas Ć  arrĆŖter. Je suis obsĆ©dĆ© Ā», dĆ©clare-t-il faiblement.
Lā€™engouement et la dĆ©couverte au dĆ©but cĆØdent facilement la place Ć  lā€™obsession dans bien des cas. Les paris commencent aĢ€ devenir une vraie occupation professionnelle pour ces jeunes Ć  faible ou nul revenu.
Seydou Fall a longtemps compris que le pari Ć©tait une drogue et quā€™il fallait le cacher Ć  ses proches. Il compte continuer de jouer jusquā€™Ć  dĆ©crocher un gros lot, un jour.
Ndeye Fatou DiƩry DIAGNE
LE SOLEIL

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