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jeudi, mai 2, 2024
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Les agriculteurs de MeĢdina Sabakh inquiets pour leurs rendements

par pierre Dieme

ElĆ©ment essentiel pour avoir de bons rendements, surtout avec lā€™appauvrissement des sols, lā€™engrais chimique ou organique reste introuvable dans le dĆ©partement de Nioro, plus particuliĆØrement dans la commune de MĆ©dina Sabakh. Inquiets pour leurs rendements, les agriculteurs sollicitent plus dā€™engrais Ć  la place des semences. (Reportage)

ā€˜ā€™Cette annĆ©e, le SĆ©nĆ©gal nā€™a pas dā€™engrais. La plupart des agriculteurs viennent sā€™approvisionner chez nous, en Gambie. Parce quā€™ils disent que le SĆ©nĆ©gal nā€™en a pasā€™ā€™, lĆ¢che un jeune homme au cours dā€™une discussion Ć  MĆ©dina Sabakh. Muni de cette information, ā€˜ā€™EnQuĆŖteā€™ā€™ sā€™est rapprochĆ© des agriculteurs, pour en savoir plus.

En ce dĆ©but de matinĆ©e ensoleillĆ©e, la situation est quelque peu tendue au magasin de stockage de la localitĆ©. Le magasinier nā€™est pas lĆ . Quelques agriculteurs venus prendre leur engrais, sā€™impatientent. Au bout dā€™une dizaine de minutes, il arrive dans son vĆ©hicule. ApprochĆ©, il confie quā€™en rĆ©alitĆ©, lā€™engrais est devenu une denrĆ©e rare, cette annĆ©e. ā€˜ā€™Il nā€™y a pas dā€™engraisā€™ā€™, dit-il sans vouloir entrer dans les dĆ©tails.

Si ce dernier nā€™a pas souhaitĆ© sā€™Ć©pancher sur la question, cā€™est tout le contraire des agriculteurs qui ne se privent pas dā€™Ć©taler leur dĆ©sarroi. ā€˜ā€™Ma fille, il ne faut pas chercher loin. Cette annĆ©e, lā€™engrais est introuvableā€™ā€™, lancent-ils en mĆŖme temps. ā€˜ā€™Jā€™ai cultivĆ© trois hectares de mil et jusque-lĆ , je nā€™y ai pas mis une seule petite graine dā€™engrais. Ma femme aussi a cultivĆ© un hectare de mil et elle nā€™a rien reƧu. Jā€™ai Ć©galement un 2,5 ha dā€™arachide. Or, on ne mā€™a donnĆ© que deux sacs dā€™engrais organique et un autre sac dā€™urĆ©e. Franchement, cette annĆ©e, nous peinons Ć  trouver de lā€™engrais. La variĆ©tĆ© quā€™on utilise pour le mil est introuvable. Celle pour le maĆÆs nā€™est quā€™en faible quantitĆ© et on nā€™en a mĆŖme pas Ć  MĆ©dina Sabakhā€™ā€™, narre Ndary TourĆ©, assis devant la porte du magasin.

Avec un bout de papier de couleur rose qui leur serve de ā€˜ā€™bonā€™ā€™ ou de ā€˜ā€™reƧuā€™ā€™, les agriculteurs viennent Ć  deux ou seul pour retirer leurs sacs. AussitĆ“t servis, ils quittent les lieux Ć  bord de leur charrette ou moto. ā€˜ā€™Nous avons fait toutes les formalitĆ©s, comme il se doit. Mais on nā€™a aucune graine dā€™engrais Ć  mettre dans nos champs. Vous nous avez trouvĆ© ici en train dā€™en chercher. Nous avons de lā€™argent, nous voulons acheter de lā€™engrais, mais il nā€™y en a pas assez pour tout le monde. Si nous le savions, nous allions demander Ć  lā€™Etat de nous donner lā€™engrais Ć  la place des semences. Parce que nous sommes arrivĆ©s Ć  un stade oĆ¹ le sol est pauvre et il est habituĆ© Ć  lā€™engrais. Si on nā€™en met pas, on nā€™aura pas un bon rendement. Quoi quā€™il en soit, lā€™engrais reste la prioritĆ©, pour nousā€™ā€™, confie Birane Seck, qui vient de rĆ©cupĆ©rer ses deux sacs.

Dā€™aprĆØs notre interlocuteur, ils nā€™avaient jamais rencontrĆ© un tel problĆØme, auparavant. ā€˜ā€™Notre problĆØme Ć©tait, souvent, financier. Quand on avait de lā€™argent sur soi, on pouvait se procurer de lā€™engrais comme on voulait. Cette fois-ci, cā€™est le contraire. On a lā€™argent et pas dā€™engrais. Or, Ć  cĆ“tĆ©, en Gambie, ils ont de lā€™engrais de qualitĆ© pour le mil. Mais nous nā€™osons pas y aller. Car si les douaniers nous arrĆŖtent, ils vont saisir lā€™engrais, la charrette et aussi le cheval, en plus dā€™une amende. Franchement, notre seul souci, actuellement, est dā€™avoir de lā€™engraisā€™ā€™, ajoute cet agriculteur avant de partir Ć  bord de sa charrette.

Le marchƩ gambien, une alternative pour leur approvisionnement

Habitant dans une zone frontiĆØre, ces cultivateurs se sont ruĆ©s vers le marchĆ© gambien, Ć  la quĆŖte de lā€™amendement pour enrichir leurs sols, afin dā€™obtenir de bonnes rĆ©coltes. ā€˜ā€™Au dĆ©but, nous partions en Gambie pour nous approvisionner en engrais et le dĆ©douaner. Mais depuis quelque temps, les choses ont changĆ©. Les douaniers ne nous laissent plus faire entrer lā€™engrais. On ne sait plus ce qui se passe. Personnellement, je ne suis pas allĆ© en Gambie. Je mā€™approvisionnais auprĆØs des revendeurs. On mettait 500 F de plus sur le sac. Ils achetaient le sac entre 8 000 et 8 500 F CFA en Gambie. Cā€™Ć©tait avant le dĆ©but de lā€™hivernage. Mais quand la pluie est tombĆ©e, ils revendaient le sac Ć  11 000 F CFA. MalgrĆ© cela, les gens Ć©taient obligĆ©s dā€™acheter, car ils Ć©taient dans le besoin et nā€™avaient aucune alternativeā€™ā€™, souligne par ailleurs le vieux Ndary TourĆ©.

Les rĆØgles douaniĆØres ayant changĆ©, ces cultivateurs ont Ć©tĆ© obligĆ©s de se procurer de lā€™engrais Ć  Ndiba NdiayĆØne (village situĆ©e Ć  une dizaine de kilomĆØtres de MĆ©dina Sabakh). ā€˜ā€™Aujourdā€™hui, notre souhait, cā€™est que lā€™Etat nous donne plus dā€™engrais Ć  la place de la semence. Cā€™est un plaidoyer gĆ©nĆ©ral. Car le magasin de stockage que vous voyez est rempli de semences dā€™arachide ; personne ne les a prises. Maintenant, la plupart des agricultures gardent leurs semences aprĆØs les rĆ©coltes. Vraiment, quā€™ils arrĆŖtent les semences et quā€™ils nous donnent de lā€™engrais. Cā€™est ce dont nous avons vraiment besoin, actuellementā€™ā€™, plaide-t-il.

Lā€™agriculteur affirme que ce manque dā€™engrais va avoir des impacts sur les rendements des cultures. ā€˜ā€™Avant, Ć  cette pĆ©riode de lā€™annĆ©e, on avait de belles tiges de mil. Mais cette annĆ©e, ce nā€™est pas le cas, Ć  cause du manque dā€™engrais. Si lā€™Etat ne prend pas des mesures urgentes, nous nā€™aurons pas de bons rendements. Lā€™annĆ©e derniĆØre, nous nā€™avions pas eu de difficultĆ©. Tout Ć©tait dans lā€™ordre. On sā€™Ć©tait ravitaillĆ© correctement en engrais et en semenceā€™ā€™, fait-il savoir.

A Kaffrine, la mĆŖme galĆØre

Si du cĆ“tĆ© du Sabakh, le fumier chimique reste rare, dans le dĆ©partement Kaffrine et Ć  MalĆØne Hodar, le produit devient rare. ā€˜ā€™Actuellement, il nā€™y a pas dā€™engrais. Jā€™ai voulu mā€™approvisionner Ć  nouveau pour le revendre au niveau du marchĆ© local, mais je nā€™en ai pas trouvĆ©. Au niveau des ICS, on mā€™a dit que je nā€™ai droit quā€™au quota quā€™ils mā€™ont donnĆ© et que je devais fournir Ć  lā€™Etat. Cā€™est 2 000 t que jā€™ai dĆ©jĆ  distribuĆ©es. Jā€™ai distribuĆ© les 1,5 t dans le dĆ©partement de MalĆØne Hodar et le reste Ć  Kaffrine et les autres localitĆ©sā€™ā€™, relĆØve ce fournisseur dā€™engrais.

NOTE DE LA REDACTION

ā€˜ā€™EnQuĆŖteā€™ā€™ a tentĆ© de joindre les services du ministĆØre de lā€™Agriculture et de lā€™Equipement rural, pour en savoir plus sur la situation, en vain. Le secrĆ©taire gĆ©nĆ©ral du ministĆØre, ainsi que le directeur de lā€™Agriculture nā€™ont pas rĆ©pondu Ć  nos appels. On leur a laissĆ© des SMS ; sans rĆ©ponse.

Du cƓtƩ des Industries chimiques du SƩnƩgal (ICS) aussi, nos tentatives sont restƩes vaines.

MARIAMA DIEME

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