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lundi, mai 6, 2024
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Conclusions de la CNRI, le testament politique de Mbow

par pierre Dieme

Le Sénégal tout entier s’est enorgueilli d’avoir fêté, la semaine dernière, les 100 ans d’Amadou Makhtar Mbow.

L’hommage qui lui a été rendu ainsi, de son vivant, est un bel exemple de reconnaissance de la Nation envers un digne fils, un intellectuel parmi les plus brillants et que le Bon Dieu a décidé de garder encore parmi nous. Que cela perdure encore. Amen.

Ce que nous retenons surtout, en tant que jeune élève dans les années 80, c’est ce combat pour le Nouvel ordre mondial pour l’information et la communication (Nomic) alors qu’il était Directeur général de l’Unesco. Un combat qui lui a valu l’animosité de grandes puissances mais qui a permis à l’Unesco, de prendre des mesures importantes en la matière à travers le monde entier.

L’unilatéralisme est toujours dangereux surtout quand il s’agit d’information et de communication car, dans le traitement de toute nouvelle, il y a forcément une charge idéologique résultante de l’environnement, de la culture, des croyances, etc.

Et la richesse ne nait que de la diversité exactement comme les différentes couleurs de la nature.

Mais, Mbow, c’est aussi, pour nous, les conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), dernier travail titanesque du patriarche, tâche pour laquelle il s’est dévoué corps et âme, avec l’appui de son équipe d’une vingtaine de personnalités dont Sidiki Kaba lui-même, le professeur Serigne Diop, Mazid Ndiaye, etc.

Car, l’ancien Ministre, l’homme de culture, l’universitaire avait compris que le salut du peuple viendrait justement de sa dotation en institutions solides capables d’arbitrer les ambitions entre les hommes et de les transcender pour anticiper les conflits.

L’équipe du Cnri avait rencontré les forces vives de la Nation, mené des enquêtes, mis le doigt sur les difficultés de notre système démocratique et surtout proposé des solutions en toute franchise et en toute impartialité.

Aucun domaine important de notre système institutionnel n’a été laissé en rade. Tout a été scruté par ses experts, évalué, analysé après bien sûr un diagnostic sûr et des consultations avec les acteurs.

Malheureusement, ces conclusions n’ont jamais été appliquées alors qu’il s’agit d’un document en or qui doit inspirer tout homme politique, tout leader d’opinion, tout décideur.

Tout se passe en effet comme si, ce document, que l’on peut consulter facilement sur le net, a été le testament politique d’Amadou Mahtar Mbow.

Il s’est sacrifié pour cette dernière mission.

Malheureusement, il a été incompris et critiqué par la majorité même qui lui avait confié ce travail. On avait le sentiment qu’il avait heurté certains et qu’il s’agissait d’un adversaire politique.

Depuis, on ne l’entend plus sur quoi que ce soit.

Ce qui est bizarre, c’est que toutes les Commissions mises en place comme celle qui se porte sur les réformes foncières ont vu leurs conclusions subir le même sort.

Et il en est ainsi de Dialogue national qui ‘est terminé en queue de poisson.

Rien d’étonnant. Car, si on avait la clairvoyance d’appliquer les recommandations de la Cnri, on n’en serait pas là aujourd’hui car notre modèle démocratique se serait débarrassé de la plupart de ses goulots d’étranglement qui font que les choses bloquent.

C’est dire qu’aujourd’hui, la meilleure façon de rendre hommage à Amadou Mahtar Mbow, c’est de s’approprier les travaux de la Cnri et de mettre ce pays sur les rails d’une révolution intentionnelle qui va assurer les bases de sa stabilité dans le futur.

Ce n’est peut-être pas le hasard sur les 100 ans du patriarche sont fêtés au moment où le pays a frôlé le pire parce que justement, certains amalgames sont encore entretenus, notamment dans les relations entre le pouvoir exécutif superpuissant et le pouvoir judiciaire.

On ne classe pas dans les tiroirs les travaux et donc pensées et recommandations de sages aussi expérimentés et avertis.

En clair, avec les assises nationales, le Cnri est venu boucler la boucle des réformes à engager pour sortir de l’état de sous-développement institutionnel qui est le terreau des secousses les plus graves dans les pays concernés.

Amadou Mahtar Mbow n’a plus rien à nous dire. Mais il sait que tôt ou tard, nous retournerons à ‘’ses’’ recommandations si nous voulons faire rayonner, encore, ‘’l’exception sénégalaise’’.

Assane Samb

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