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samedi, avril 20, 2024
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Memo Mali: Transition par une Tutelle

par pierre Dieme

Contexte : Deux camps irréductibles sont face à face. D’un côté celui de Ibrahim Boubacar Keita, un chef de l’état diminue et impopulaire, qui n’a pas su répondre aux défis nombreux et montants du pays.
De l’autre, ses opposants réunis dans une coalition hétéroclite, fourre-tout, où se retrouvent un leader religieux emblématique, Imam Dikko, dont on ne sait pas s’il est politicien ou islamistes, et des rescapés de la classe politique dont de nombreux anciens ministres qui n’ont pas non plus été efficaces lorsqu’ils participaient à la gestion du pays, enfin des forces de la société civile ayant des aspirations floues.

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Une mission de la CEDEAO conduite par l’ancien président nigérian, Goodluck Johnathan, surnommé Badluck (manque de chance) est rentrée bredouille, ses solutions étant rejetées par l’opposition qui veut le départ du président comme préalable.
Pas étonnant: non seulement Johnathan qui fut chassé du pouvoir pour incompétence et corruption incarné la face hideuse de la CEDEAO mais l’échec de sa mission confirme la tradition des échecs des médiations de la communauté régionale. En vérité, elle n’a aucun actif dans ses médiations malgré tout le bruit autour d’elles. Elle a plutôt laissé des situations inabouties de la Guinée Bissau au Liberia et n’eut été l’intervention de la Grande Bretagne et du Nigeria en tant qu’état sous Abacha la Sierra Leone aurait continué son enlisement.

C’est que les réponses qu’elle propose sont souvent sans imagination, et vont dans le sens du sauvetage du statut qui.

C’est pourquoi aussi ses missions d’observation électorale sont suspectes. Cas de celle sur le Togo ou ses dirigeants ont validé des fraudes industrielles pour confirmer l’installation de l’actuel président à la mort de son père.

Nouveauté:
Pour tenter de briser l’impasse qui pourrait jeter le Mali dans un chaos généralisé, la communauté envoie demain 4 chefs d’état de la région pour relayer la mission Johnathan.
Il s’agit du Nigérien Issouphou (président en exercice de la CEDEAO), de l’ivoirien Ouattara, du Sénégalais Sall et du Ghanéen Akufu-Addo.
Probleme: ces médiateurs ne sont pas des modèles dans leurs propres pays ou oppositions et sociétés civiles contestent leur gouvernance économique et leur volonté de s’accrocher au pouvoir si ce n’est de le passer à des hommes liges. Même le Ghanéen, pourtant respecte pour son éloquence, fait face à une élection incertaine en décembre alors que Ouattara est confronté au dilemme du 3ème mandat qui peut remettre le feu en Côte d’Ivoire. SALL gouverne un Sénégal en banqueroute et craint pour son destin compte tenu des crimes économiques qu’il a accumulés. Issoufou compte sur Mohamed Bazoum pour préserver une gauche caviar au pouvoir.

La question est de savoir si les maliens qui s’opposent à Ibk ont quelque raison de faire confiance à ce quattuor non seulement parce qu’ils sont des militants d’un ordre établi mais des francs maçons avérés plus enclins à sauver leur frère Ibk.

Le risque est qu’ils viennent avec des solutions qui ne correspondent pas aux attentes quasi révolutionnaires des maliens.

Ma proposition:
Il peut paraître prétentieux dans un tel contexte avec d’aussi lourdes incertitudes et les nombreuses inimitiés qui traversent la société et la classe politique malienne de vouloir offrir une sortie de crise à partir d’une réflexion individuelle.

J’en prends le pari.
Parce qu’il faut sortir des sentiers battus pour sauver le Mali. Et cela demande la contribution patriotique de tous ses citoyens.

1ère mesure qui découle du constat que toute la classe politique malienne, y compris celle qui dénie à Ibk sa capacité à diriger le pays, je propose que soit constitué un Conseil Supérieur de la Magistrature du Mali (CSMM) qui ferait encadrer l’actuel président Ibk de ses prédécesseurs constitutionnels : Moussa Traore, Alpha Oumar Konare, Att.

Ce conseil est chargé de veiller sur les actes du président et de les valider pour atténuer les dérives qu’on lui reproche. Il organise la transition qui se fera après des élections transparentes, législatives et présidentielle sous la supervision d’une cour constitutionnelle reconfigurée et crédible, acceptée par tous.

Ce Conseil supérieur de la magistrature du Mali sera en liaison avec la CEDEAO et l’union africaine pour sa légitimation politique et avec le conseil de sécurité de l’ONU pour le soutien aux efforts contre l’irrédentisme au nord du pays et à la reconstitution de son intégrité territoriale.

Ce conseil supérieur est l’incarnation du pouvoir d’état du Mali.

Sous ses ordres, est établi un gouvernement de mission dirigé par un civil et composé d’une part de technocrates civils sans affiliation politique et d’autre part d’une composante sécuritaire chargée, sous la direction de hauts officiers, de répondre aux défis sécuritaires du Mali en conjonction avec la Minusma et les forces étrangères venues au secours du pays.

Ce gouvernement de mission mettra en œuvre les grandes exigences de la classe politique et des citoyens maliens en plus de préparer le terrain pour des conditions d’une transition démocratique acceptables par tous.

Il n’est certes pas question de revenir à la tradition des tutelles onusiennes ou étrangères dont la dernière s’est achevée avec l’indépendance de la Namibie en 1990 sous la supervision de l’ancien président Finlandais, Marti Ahtisaari, ici en ma compagnie à Windhoek, il y a quelques années.

Mais vouloir poser un placebo sur le cancer malien par une solution classique, taf-yeungueul, à la CEDEAO pourrait ne donner qu’un momentané bol d’air à Ibk et former un gouvernement d’union nationale regroupant les mêmes symboles de l’échec politique, économique et militaire du mali.

C’est ce que risque de proposer la bande des 4 chefs d’états ouest africains qui vont de surcroît tenter de surfer sur le malheur des maliens pour sauver leur propre sort à domicile.

Le Mali ne s’en sortira pas sans audace ni imagination, sans sacrifice ni implication des forces à la marge d’un bras de fer qui oppose les cause du mal malien.
Une tutelle pour une transition non précipitée permettant à la classe politique, ouverte à des forces qui n’en étaient pas, pourrait être la voie de salut du Mali.
Malgré la pression des enjeux, il est urgent de se hâter lentement pour he pas reproduire les solutions précipitées qui ont jusqu’ici plutôt ajouté du carburant sur le brasier malien.
Adama Gaye Le Caire 21 juillet 2020
*Ancien directeur de la communication de la CEDEAO vit en exil en Égypte.

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