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mercredi, avril 24, 2024
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Présidentielle 2024: vente cartes de membre, « Mackyllage » de chiffres, la stratégie du régime pour renverser les tendances

par pierre Dieme

Les résultats officiels des dernières élections législatives au Sénégal, publiés par la Cour d’Appel de Dakar, le 4 août 2022, relève un nombre d’électeurs de 7 036 466 sur le fichier électoral. Parmi ceux-ci, seuls 3 281 583 avaient pris la peine d’aller accomplir leur devoir citoyen le 31 juillet dernier, soit un taux de participation de 46,60%. Ce qui veut dire qu’il y a encore 3 754 883 électeurs à convaincre d’ici février 2024. Soit plus de 50% du fichier électoral. Une niche à conquérir surtout pour la coalition au pouvoir (Benno Bokk Yakaar) qui est en nette perte de vitesse dans les urnes, si l’on se fie aux dernières élections (Locales de janvier 2022 et Législatives de juillet 2022). 

Si on fait le cumul des scores des dernières élections législatives du 31 juillet dernier, publiés la Commission nationale de recensement des votes, la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar (BBY) a obtenu 1 518 137 voix contre 1 748 167 voix pour l’opposition réunie à travers différentes coalitions.

De 58% au premier tour l’élection présidentielle de 2019, Macky Sall et sa coalition, au pouvoir depuis 10 ans, chutent à 46,60% des voix et perdent la majorité à l’Assemblée nationale. C’est la première fois dans l’histoire politique sénégalaise qu’un régime perde la majorité absolue à l’Hémicycle. Les premières tendances sorties des urnes au soir du 31 juillet sont interprétées comme la fin de règne de Macky par les Sénégalais à travers les réseaux sociaux. Il faut donc réagir et vite, si l’APR et ses alliés veulent conserver le pouvoir en 2024.

L’écueil de la 3e candidature de Macky Sall
Mais pour remonter la pente d’ici 2024, il faut un candidat qui puisse faire face à la montée en puissance de l’opposition et principalement de sa figure de proue: Ousmane Sonko dont la popularité grandit au fil des jours, malgré les tentatives de le freiner.

Et les responsables du parti au pouvoir n’entendent pas investir un autre candidat que Macky Sall en 2024. Même si ce dernier est inéligible puisqu’étant à son deuxième mandat consécutif. En effet, l’article 27 de la Constitution dispose : « Le mandat du président de la République est de 5 ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Malgré les alertes des organisations de la société civile et de l’opposition, des meetings d’investiture sont organisés à Dakar et dans les régions par les militants et responsables de l’APR pour pousser Macky Sall à briguer un 3e mandat.

Un objectif d’1,5 million de cartes 

Ce dernier a même lancé une vente nationale des cartes de son parti pour préparer l’élection présidentielle de février 2024.
Le 12 novembre 2022, en président la cérémonie de lancement de la vente de cartes du parti, Macky Sall lance: « Procédez à la vente des cartes et occupez le terrain politique pour mieux organiser le parti ».

Dans une perspective de « remobilisation des militants », le Secrétariat exécutif national de l’APR avait lors de sa réunion du 14 octobre annoncé le « montage de nouveaux comités et le placement de 1 500 000 cartes de membre, sur toute l’étendue du territoire et de la diaspora ».

Selon le ministre de la Justice Ismaila Madior Fall, avec 2 millions de cartes de membres, l’APR peut valider la 3e candidature de Macky Sall
Dans une vidéo largement partagée sur les Réseaux sociaux, le garde des Sceaux, ministre de la Justice affirme dans une posture scandaleuse que si le parti au pouvoir réussit à vendre 2 millions de cartes de membre, cela suffirait à valider la 3e candidature de Macky Sall. « L’intérêt de cette vente de cartes, c’est que si on réussit à en vendre 2 millions, cela voudra dire que 2 millions de Sénégalais veulent que le Président Macky Sall soit candidat en 2024. Et dans ce cas, personne n’aurait à redire parce que c’est la majorité qui décide. C’est la raison pour laquelle, nous ne parlons pas de loi ou de ce que la Constitution permet ou pas. Nous laissons ça au Conseil constitutionnel. Nous sommes sur le terrain politique pour vendre notre candidat », a affirmé celui qui a rédigé la nouvelle Constitution et qui a plusieurs fois affirmé devant les caméras que celle-ci ne permettait pas à Macky Sall de briguer un 3e mandat.

La stratégie du parti au pouvoir est on ne peut plus claire: se déclarer majoritaire en ajoutant le nombre de cartes de membre vendus d’ici 2024 au nombre de voix obtenues lors des dernières législatives. Ce qui ne repose sur aucune logique électorale. Et ils pourraient se servir de la niche de 3 754 883 électeurs abstentionnistes de juillet dernier pour expliquer leur future forfaiture.

Les 2 millions de primo-votants de Pastef pour contrer la stratégie de l’APR

En face, on ne laisse pas le parti au pouvoir dérouler sans réagir. Le parti Pastef Les Patriotes de Ousmane Sonko a lancé l’opération Weur Ndombo (Ceinturer) pour terrasser le régime de Macky Sall en 2024, avec un objectif de convaincre 2 millions de primo-votants à s’inscrire sur les listes électorales d’ici 2024. 

« Nous lançons officiellement le « Weur Ndombo ». Nous déclarons officiellement que Ousmane Sonko est notre candidat de A à Z. Nous voulons 2 millions de primo-votants. Nous allons nous donner corps et âme pour y parvenir quel qu’en soit les moyens », a déclaré samedi dernier, l’administrateur du Pastef, Biram Souley Diop

Pour la présidentielle 2024, le président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi d’affirmer:  « On fera des porte-à-porte, commune par commune, pour rencontrer en tête à tête les populations pour les recenser, prendre leurs contacts. Je veux qu’au soir des élections, à 17 heures, le Président Macky Sall soit chassé du palais ».

La révision exceptionnelle des listes électorales non encore annoncée 
Selon le Décret n° 2021-1196 abrogeant et remplaçant le décret n°2017-170 du 27 janvier 2017 portant partie réglementaire du Code électoral, en son article R28, « Les listes électorales sont permanentes. Elles sont mises à jour régulièrement selon des procédures de deux ordres :  une révision dite « ordinaire » a lieu sauf cas de force majeure ou de révision exceptionnelle en perspective, chaque année du ter février au 31 juillet inclus conformément aux dispositions du présent code, notamment en ses articles R.32, R.39, R.40 et R.41. ».

À quelques heures du 1re février 2023, aucun décret portant révision des listes électorales n’est encore publié par le président de la République Macky Sall. L’opposition qui compte beaucoup sur l’inscription des primo-votants pour asseoir sa victoire en 2024, n’a pas encore l’opportunité de les enrôler. 

AYOBA FAYE

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