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lundi, mai 6, 2024
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Nous ne devons jamais les laisser faireĀ 

par pierre Dieme

Dans ma prĆ©cĆ©dente contribution, publiĆ©e Ć  WalfQuotidien, Ć  Yooy-Yoor bi et Ć  quatre sites le 22 fĆ©vrier 2024, je mā€™engageais Ć  revenir sur cette candidature de Karim MĆ©ĆÆssa Wade que la dĆ©cence ne devrait mĆŖme pas permettre dā€™agiter et, plus gĆ©nĆ©ralement, sur la nausĆ©abonde gouvernance des libĆ©raux qui doivent dĆ©barrasser le plancher au plus tard le 3 avril 2024, eux/elles avec le peu qui reste de lā€™Alliance des Forces de ProgrĆØs (AFP) et du Parti socialiste (PS). Oui, ils le doivent impĆ©rativement, aprĆØs vingt-quatre (24) trop longues annĆ©es de pillage systĆ©matique de nos maigres ressources. En attendant, ils ont le toupet de se retrouver presque seuls le lundi 26 fĆ©vrier autour de leur mentor, pour piĆ©tiner la dĆ©cision du Conseil constitutionnel et trouver les moyens de reprendre Ć  zĆ©ro le processus Ć©lectoral. Les laissera-t-on faire ?

Je ne le crois vraiment pas, mĆŖme si nous avons avalĆ© passivement Ć©normĆ©ment de couleuvres depuis le 1er avril 2000. Le temps est venu, vraiment venu de leur faire face et de nous dĆ©barrasser dĆ©finitivement de cette vermine quā€™ils reprĆ©sentent. Oui, ils mĆ©ritent bien ce nom. Il suffit de passer en revue quelques exemples de leurs forfaitures parmi des dizaines, voire des centaines dā€™autres, pour sā€™en convaincre. ArrĆŖtons-nous sur le cas de la SociĆ©tĆ© africaine de Raffinage (SAR), oĆ¹ il sā€™est passĆ© des choses particuliĆØrement graves, du temps du vieux prĆ©sident prĆ©dateur, comme de son successeur et sosie, sans que le plus petit doigt nā€™ait jamais Ć©tĆ© levĆ© ! Et je nā€™invente rien : je mā€™appuie sur le Rapport public sur lā€™Ć©tat de la gouvernance et de la Reddition des Comptes de juillet 2013 (pages 216-220) de lā€™Inspection gĆ©nĆ©rale dā€™Ć‰tat (IGE).

Le rapport commence par prĆ©ciser que le travail de la SAR consiste Ć  importer du pĆ©trole brut Ā« en vue de le raffiner pour assurer lā€™approvisionnement rĆ©gulier du marchĆ© sĆ©nĆ©galais en produits finis issus du raffinage (gaz butane, essence, kĆ©rosĆØne, pĆ©trole lampant, gas-oil, etc.) Ā». Dans ce cadre, Ā« la SAR a importĆ© en 2008 une cargaison de pĆ©trole brut de 901.610 barils, totalisant 122.222 tonnes acquise auprĆØs du fournisseur Arcadia Petroleum Limited (APL) et expĆ©diĆ©e Ć  partir du NigĆ©ria, Ć  bord du ā€˜ā€™M/T OLINDAā€™ā€™ Ā». Mes chers compatriotes, lā€™IGE prĆ©cise, afin que nul nā€™en ignore, que Ā« cette cargaison prĆ©sentait la particularitĆ© de contenir une quantitĆ© considĆ©rable dā€™eau mĆ©langĆ©e au pĆ©trole brut Ā». Cette quantitĆ© dā€™eau, de mon modeste point de vue, ne sā€™est pas mĆ©langĆ©e seule au pĆ©trole. Pas seulement dā€™ailleurs. Lā€™IGE relĆØve que lā€™importation sā€™est faite Ā« dans des conditions marquĆ©es par bien des irrĆ©gularitĆ©s, manquements et autres dysfonctionnements Ā». Et lā€™IGE dĆ©veloppe ces diffĆ©rents manquements.

Mes chers compatriotes, le rapport de lā€™IGE constate, quā€™au moment de lā€™importation de ladite cargaison OLINDA, de son transport en pipeline Ć  la raffinerie, du stockage et du raffinage du pĆ©trole, Ā« la SAR ne disposait ni de la licence de transport, ni de celle de stockage et encore moins de la licence de raffinage, dont lā€™obtention prĆ©alable est cependant exigĆ©e de tout opĆ©rateur Ć©conomique exerƧant ces activitĆ©s, par la loi nĀ° 98-31 du 14 avril 1998, relative aux activitĆ©s dā€™importation, de raffinage, de stockage, de transport et de distribution des hydrocarbures Ā».

Lā€™IGE fait remarquer aussi que Ā« la SAR ayant Ć©tĆ© de mars 2007 Ć  mars 2012, une sociĆ©tĆ© Ć  participation publique majoritaire Ć©tait soumise au dĆ©cret nĀ°2007-545 du 25 avril 2007 portant Code des marchĆ©s publics alors en vigueur Ā». Pourtant, les autoritĆ©s de la SAR et leur supĆ©rieur hiĆ©rarchique (le ministre de lā€™Ć‰nergie dā€™alors, Samuel Sarr) ne se sont guĆØre souciĆ©s de ce dĆ©cret. La cargaison LINDA qui a Ć©tĆ© importĆ©e en dĆ©cembre 2008, Ā« nā€™avait fait lā€™objet dā€™aucun appel dā€™offres, ni de lā€™application des dispositions du Code des marchĆ©s publics de lā€™Ć©poque, ni mĆŖme de lā€™application de la procĆ©dure interne dā€™appel Ć  la concurrence de la SAR Ā». Il en Ć©tait de mĆŖme, constate lā€™IGE, Ā« des huit autres cargaisons de 2008, en violation de lā€™article 8 de la loi nĀ° 90-07 du 26 juin 1990 prĆ©citĆ© et des articles premier et 2 du dĆ©cret susvisĆ© Ā».

Cā€™est loin dā€™ĆŖtre tout, mes chers compatriotes. Le brigandage continue de plus belle. Ā« Au surplus, note lā€™IGE, toutes les neuf (9) autres cargaisons de pĆ©trole brut de 2008, comme les cinq (5) autres acquises pendant lā€™annĆ©e 2009, provenaient du mĆŖme fournisseur APL Ā». Et lā€™IGE de poursuivre : Ā« Lā€™ensemble de ces quatorze (14) cargaisons de pĆ©trole brut, achetĆ©es dans les mĆŖmes conditions irrĆ©guliĆØres auprĆØs du fournisseur APL, porte sur une valeur globale de quatre cent quatre-vingt-quinze milliards trois cent soixante-cinq millions (495.365.000.000) de francs CFA Ā». Dans ces conditions, combien de milliards sont-ils allĆ©s dans les poches des autoritĆ©s de la SAR et du ministre de tutelle dā€™alors ? Continuons, et nous allons peut-ĆŖtre nous en faire une petite idĆ©e !

Ce qui est grave, gravissime, cā€™est que Ā« le fournisseur avait Ć©tĆ© choisi sur simple instruction de lā€™ancien Ministre de lā€™Ć‰nergie adressĆ©e Ć  lā€™ex-PrĆ©sident du Conseil dā€™Administration de la SAR, par lettre confidentielle nĀ°00159/ME/CAB du 05 mai 2008 Ā».  Ā« Dans cette lettre, poursuit lā€™IGE, lā€™ancien ministre de lā€™Ć‰nergie demandait dā€™ailleurs que la SAR ne lance pas dā€™appel dā€™offres pour son approvisionnement en pĆ©trole brut, invoquant un contrat de gouvernement Ć  gouvernement ā€˜ā€™G to Gā€™ā€™, supposĆ© liĆ© le NigĆ©ria au SĆ©nĆ©gal, dans le domaine de la fourniture de pĆ©trole brut Ā». AprĆØs enquĆŖte, Ā« tous les responsables de la SAR, anciens comme actuels, affirment nā€™avoir jamais vu ce contrat ā€˜ā€™G to Gā€™ā€™, que lā€™actuel Ministre de lā€™Ć‰nergie et des Mines dit ne pas connaĆ®tre Ā». Et lā€™IGE dā€™affirmer alors : Ā«  Ce document est inexistant, mĆŖme si lā€™ancien Ministre de lā€™Ć‰nergie (Samuel Sarr) a promis, sans lā€™avoir encore fait, de le transmettre ā€˜ā€™dans les meilleurs dĆ©laisā€™ā€™ Ć  lā€™Inspection gĆ©nĆ©rale dā€™Ć‰tat Ā».

Il nā€™y a aucun doute, de mon modeste point de vue, que cette lettre nā€™est jamais parvenue Ć  lā€™IGE, puisquā€™elle nā€™existe pas. Cā€™est grave, trĆØs grave. Cā€™est encore plus grave quand lā€™IGE nous apprend que lā€™ingĆ©rence manifeste de lā€™ancien ministre dans la gestion de la SAR allait jusquā€™Ć  faire prendre en charge sa participation Ć  lā€™Ć©tranger aux rĆ©unions de la SAR avec ses partenaires financiers. Ces frais, prĆ©cise lā€™IGE, Ć©taient illĆ©galement financĆ©s par la SAR entre 2007 et 2012, pour un montant global de135.000.000 francs CFA. Ce que lā€™IGE ne nous dit pas, cā€™est que ces frais Ć©taient sĆ»rement financĆ©s en mĆŖme temps par le budget de son ministĆØre.

Pour faciliter la tĆ¢che Ć  mes compatriotes qui ne sont pas en gĆ©nĆ©ral de gros lecteurs, jā€™arrĆŖte ici le texte et mā€™engage Ć  revenir, dans une toute prochaine contribution, aux autres graves forfaits qui ont entachĆ©, pendant plusieurs annĆ©es, la gestion de la SAR, avec lā€™ingĆ©rence manifeste de son ancien ministre de tutelle Samuel Sarr. AprĆØs, je passerai Ć  de bien dā€™autres cas de graves pillages de nos maigres ressources par dā€™autres membres de la famille dite libĆ©rale et ses acolytes de lā€™AFP et du PS. Cette mĆŖme famille qui est (ou doit ĆŖtre) en Ā« dialogue Ā» hier et aujourdā€™hui avec leur mentor, pour nous imposer dā€™anĆ©antir le processus Ć©lectoral en cours et, sā€™ils arrivent Ć  leurs fins, de continuer leur nausĆ©abonde gouvernance, au-delĆ  du 2 avril 2024, avec lā€™un de leurs candidats, Amadou ou Karim MĆ©ĆÆssa Wade. Les laisserons-nous faire aussi facilement ? Je poserai de nouveau cette question, quand jā€™aurai fini de passer en revue avec vous, mes chers compatriotes, dā€™autres cas illustratifs de mal gouvernance, pour emprunter lā€™expression Ć  lā€™IGE. Des cas de pillage systĆ©matique de nos maigres ressources, pour ĆŖtre plus catĆ©gorique que lā€™IGE.

Dakar, le 26 fƩvrier 2024

Mody Niang

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