Dans ma prĆ©cĆ©dente contribution, publiĆ©e Ć WalfQuotidien, Ć Yooy-Yoor bi et Ć quatre sites le 22 fĆ©vrier 2024, je māengageais Ć revenir sur cette candidature de Karim MĆ©ĆÆssa Wade que la dĆ©cence ne devrait mĆŖme pas permettre dāagiter et, plus gĆ©nĆ©ralement, sur la nausĆ©abonde gouvernance des libĆ©raux qui doivent dĆ©barrasser le plancher au plus tard le 3 avril 2024, eux/elles avec le peu qui reste de lāAlliance des Forces de ProgrĆØs (AFP) et du Parti socialiste (PS). Oui, ils le doivent impĆ©rativement, aprĆØs vingt-quatre (24) trop longues annĆ©es de pillage systĆ©matique de nos maigres ressources. En attendant, ils ont le toupet de se retrouver presque seuls le lundi 26 fĆ©vrier autour de leur mentor, pour piĆ©tiner la dĆ©cision du Conseil constitutionnel et trouver les moyens de reprendre Ć zĆ©ro le processus Ć©lectoral. Les laissera-t-on faire ?
Je ne le crois vraiment pas, mĆŖme si nous avons avalĆ© passivement Ć©normĆ©ment de couleuvres depuis le 1er avril 2000. Le temps est venu, vraiment venu de leur faire face et de nous dĆ©barrasser dĆ©finitivement de cette vermine quāils reprĆ©sentent. Oui, ils mĆ©ritent bien ce nom. Il suffit de passer en revue quelques exemples de leurs forfaitures parmi des dizaines, voire des centaines dāautres, pour sāen convaincre. ArrĆŖtons-nous sur le cas de la SociĆ©tĆ© africaine de Raffinage (SAR), oĆ¹ il sāest passĆ© des choses particuliĆØrement graves, du temps du vieux prĆ©sident prĆ©dateur, comme de son successeur et sosie, sans que le plus petit doigt nāait jamais Ć©tĆ© levĆ© ! Et je nāinvente rien : je māappuie sur le Rapport public sur lāĆ©tat de la gouvernance et de la Reddition des Comptes de juillet 2013 (pages 216-220) de lāInspection gĆ©nĆ©rale dāĆtat (IGE).
Le rapport commence par prĆ©ciser que le travail de la SAR consiste Ć importer du pĆ©trole brut Ā« en vue de le raffiner pour assurer lāapprovisionnement rĆ©gulier du marchĆ© sĆ©nĆ©galais en produits finis issus du raffinage (gaz butane, essence, kĆ©rosĆØne, pĆ©trole lampant, gas-oil, etc.) Ā». Dans ce cadre, Ā« la SAR a importĆ© en 2008 une cargaison de pĆ©trole brut de 901.610 barils, totalisant 122.222 tonnes acquise auprĆØs du fournisseur Arcadia Petroleum Limited (APL) et expĆ©diĆ©e Ć partir du NigĆ©ria, Ć bord du āāM/T OLINDAāā Ā». Mes chers compatriotes, lāIGE prĆ©cise, afin que nul nāen ignore, que Ā« cette cargaison prĆ©sentait la particularitĆ© de contenir une quantitĆ© considĆ©rable dāeau mĆ©langĆ©e au pĆ©trole brut Ā». Cette quantitĆ© dāeau, de mon modeste point de vue, ne sāest pas mĆ©langĆ©e seule au pĆ©trole. Pas seulement dāailleurs. LāIGE relĆØve que lāimportation sāest faite Ā« dans des conditions marquĆ©es par bien des irrĆ©gularitĆ©s, manquements et autres dysfonctionnements Ā». Et lāIGE dĆ©veloppe ces diffĆ©rents manquements.
Mes chers compatriotes, le rapport de lāIGE constate, quāau moment de lāimportation de ladite cargaison OLINDA, de son transport en pipeline Ć la raffinerie, du stockage et du raffinage du pĆ©trole, Ā« la SAR ne disposait ni de la licence de transport, ni de celle de stockage et encore moins de la licence de raffinage, dont lāobtention prĆ©alable est cependant exigĆ©e de tout opĆ©rateur Ć©conomique exerƧant ces activitĆ©s, par la loi nĀ° 98-31 du 14 avril 1998, relative aux activitĆ©s dāimportation, de raffinage, de stockage, de transport et de distribution des hydrocarbures Ā».
LāIGE fait remarquer aussi que Ā« la SAR ayant Ć©tĆ© de mars 2007 Ć mars 2012, une sociĆ©tĆ© Ć participation publique majoritaire Ć©tait soumise au dĆ©cret nĀ°2007-545 du 25 avril 2007 portant Code des marchĆ©s publics alors en vigueur Ā». Pourtant, les autoritĆ©s de la SAR et leur supĆ©rieur hiĆ©rarchique (le ministre de lāĆnergie dāalors, Samuel Sarr) ne se sont guĆØre souciĆ©s de ce dĆ©cret. La cargaison LINDA qui a Ć©tĆ© importĆ©e en dĆ©cembre 2008, Ā« nāavait fait lāobjet dāaucun appel dāoffres, ni de lāapplication des dispositions du Code des marchĆ©s publics de lāĆ©poque, ni mĆŖme de lāapplication de la procĆ©dure interne dāappel Ć la concurrence de la SAR Ā». Il en Ć©tait de mĆŖme, constate lāIGE, Ā« des huit autres cargaisons de 2008, en violation de lāarticle 8 de la loi nĀ° 90-07 du 26 juin 1990 prĆ©citĆ© et des articles premier et 2 du dĆ©cret susvisĆ© Ā».
Cāest loin dāĆŖtre tout, mes chers compatriotes. Le brigandage continue de plus belle. Ā« Au surplus, note lāIGE, toutes les neuf (9) autres cargaisons de pĆ©trole brut de 2008, comme les cinq (5) autres acquises pendant lāannĆ©e 2009, provenaient du mĆŖme fournisseur APL Ā». Et lāIGE de poursuivre : Ā« Lāensemble de ces quatorze (14) cargaisons de pĆ©trole brut, achetĆ©es dans les mĆŖmes conditions irrĆ©guliĆØres auprĆØs du fournisseur APL, porte sur une valeur globale de quatre cent quatre-vingt-quinze milliards trois cent soixante-cinq millions (495.365.000.000) de francs CFA Ā». Dans ces conditions, combien de milliards sont-ils allĆ©s dans les poches des autoritĆ©s de la SAR et du ministre de tutelle dāalors ? Continuons, et nous allons peut-ĆŖtre nous en faire une petite idĆ©e !
Ce qui est grave, gravissime, cāest que Ā« le fournisseur avait Ć©tĆ© choisi sur simple instruction de lāancien Ministre de lāĆnergie adressĆ©e Ć lāex-PrĆ©sident du Conseil dāAdministration de la SAR, par lettre confidentielle nĀ°00159/ME/CAB du 05 mai 2008 Ā». Ā« Dans cette lettre, poursuit lāIGE, lāancien ministre de lāĆnergie demandait dāailleurs que la SAR ne lance pas dāappel dāoffres pour son approvisionnement en pĆ©trole brut, invoquant un contrat de gouvernement Ć gouvernement āāG to Gāā, supposĆ© liĆ© le NigĆ©ria au SĆ©nĆ©gal, dans le domaine de la fourniture de pĆ©trole brut Ā». AprĆØs enquĆŖte, Ā« tous les responsables de la SAR, anciens comme actuels, affirment nāavoir jamais vu ce contrat āāG to Gāā, que lāactuel Ministre de lāĆnergie et des Mines dit ne pas connaĆ®tre Ā». Et lāIGE dāaffirmer alors : Ā« Ce document est inexistant, mĆŖme si lāancien Ministre de lāĆnergie (Samuel Sarr) a promis, sans lāavoir encore fait, de le transmettre āādans les meilleurs dĆ©laisāā Ć lāInspection gĆ©nĆ©rale dāĆtat Ā».
Il nāy a aucun doute, de mon modeste point de vue, que cette lettre nāest jamais parvenue Ć lāIGE, puisquāelle nāexiste pas. Cāest grave, trĆØs grave. Cāest encore plus grave quand lāIGE nous apprend que lāingĆ©rence manifeste de lāancien ministre dans la gestion de la SAR allait jusquāĆ faire prendre en charge sa participation Ć lāĆ©tranger aux rĆ©unions de la SAR avec ses partenaires financiers. Ces frais, prĆ©cise lāIGE, Ć©taient illĆ©galement financĆ©s par la SAR entre 2007 et 2012, pour un montant global de135.000.000 francs CFA. Ce que lāIGE ne nous dit pas, cāest que ces frais Ć©taient sĆ»rement financĆ©s en mĆŖme temps par le budget de son ministĆØre.
Pour faciliter la tĆ¢che Ć mes compatriotes qui ne sont pas en gĆ©nĆ©ral de gros lecteurs, jāarrĆŖte ici le texte et māengage Ć revenir, dans une toute prochaine contribution, aux autres graves forfaits qui ont entachĆ©, pendant plusieurs annĆ©es, la gestion de la SAR, avec lāingĆ©rence manifeste de son ancien ministre de tutelle Samuel Sarr. AprĆØs, je passerai Ć de bien dāautres cas de graves pillages de nos maigres ressources par dāautres membres de la famille dite libĆ©rale et ses acolytes de lāAFP et du PS. Cette mĆŖme famille qui est (ou doit ĆŖtre) en Ā« dialogue Ā» hier et aujourdāhui avec leur mentor, pour nous imposer dāanĆ©antir le processus Ć©lectoral en cours et, sāils arrivent Ć leurs fins, de continuer leur nausĆ©abonde gouvernance, au-delĆ du 2 avril 2024, avec lāun de leurs candidats, Amadou ou Karim MĆ©ĆÆssa Wade. Les laisserons-nous faire aussi facilement ? Je poserai de nouveau cette question, quand jāaurai fini de passer en revue avec vous, mes chers compatriotes, dāautres cas illustratifs de mal gouvernance, pour emprunter lāexpression Ć lāIGE. Des cas de pillage systĆ©matique de nos maigres ressources, pour ĆŖtre plus catĆ©gorique que lāIGE.
Dakar, le 26 fƩvrier 2024
Mody Niang