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jeudi, avril 25, 2024
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Malaise dans la justice sénégalaise tous coupable !

par pierre Dieme

Le malaise dans la Justice sénégalaise a atteint un degré qui inquiète aujourd’hui de nombreux acteurs. La preuve, le Président de la Cour suprême est sorti de sa réserve pour se fendre d’un communiqué afin de réaffirmer, avec force, certains principes.

Le premier est le principe de la séparation des pouvoirs notamment entre exécutif et judiciaire. Il a en a rappelé le principe et mis l’accent sur les limites du pouvoir exécutif pour ce qui concerne le fonctionnement de la Justice. Nous apprenons ainsi que le Ministère de la Justice n’a aucun pouvoir disciplinaire lequel relève du Conseil supérieur de la magistrature.

Il a ainsi donné des gages par rapport à sa responsabilité personnelle de veiller à ce que l’institution judiciaire jouisse de toute son indépendance.

Toutefois, il a insisté sur le fait que ses membres, doivent, à tout moment, faire preuve de responsabilité.

Il a ainsi mis les points sur les i de fort belle manière en évitant cependant d’incriminer le Ministre de la Justice comme ses collègues de l’Union des  magistrats du Sénégal (UMS) l’ont fait.

A le lire, on a le sentiment que tout le monde est coupable dans ce qui est convenu d’appeler le discrédit et la descente aux enfers de la Justice.

Il a mis dos à dos politiques et acteurs et situé les responsabilités. Il n’a dédouané personne.

Ce qui, en clair, signifie qu’il a eu des fautes de part et d’autre pour que l’on en arrive à voir les magistrats naguère si vénérés au milieu des huées.

Il est vrai que si certains d’entre eux décident de faire des sorties dans la presse pour s’en prendre à d’autres ou au système, c’est de leur responsabilité directe.

De plus en plus en effet, les magistrats se passent de leur obligation de réserve et s’épanchent dans les médias. Exactement comme tout le monde alors qu’ils ne sont pas n’importe qui.

Et c’est cela qui doit cesser. La Justice a un cadre et des organes habilités à connaitre des problèmes internes et à recevoir les réclamations et même récriminations. Et même si cela ne suffisait pas parce que ces instances fonctionnement mal ou n’existent pas, il est dangereux pour eux de remettre en cause cette obligation de réserve qui protège des déviations.

Mais, ce qui davantage pose problème, c’est le Ministère de la Justice en tant qu’institution.

Depuis la nuit des temps, le débat est posé de sa suppression. Certes, certains estiment qu’il faudrait bien qu’il y ait une administration de la Justice, mais d’autres pensent que les magistrats peuvent eux-mêmes s’en charger. Bref, le Ministère de tutelle, du fait de ses immixtions, n’est pas exempte de reproches dans ce qui est en train de se passer.

Mais, depuis quelques temps, au-delà du Ministère, des acteurs pointent du doigt le Ministre Malick Sall lui-même.

Il se susurre que depuis son arrivée à la tête de ce département, les problèmes ne cessent de s’accumuler. C’est notamment la conviction de l’Ums.

Ces magistrats qui demandent le départ du Ministre, sont convaincus qu’il est à la base de tous les péchés d’Israël concernant leur secteur.

Toutefois, à y regarder de près, on peut aussi se poser des questions. Car, tout indique qu’il y a un conflit de générations entre vieux et jeunes magistrats. Que les façons de voir et les convictions des uns et des autres le disputent aux principes qui doivent prévaloir. Que les politiques favorisent les uns sur les autres. Que la grogne interne est intense.

Si tout cela est exact, il n’est pas étonnant que la tension qui couve soit de temps en temps perceptible.

C’est pourquoi, au nom d’un idéal de justice auquel la république est très attaché, il ne serait pas superflu que des concertations soient menées avec tous les concernés pour lever les équivoques et dissiper les malentendus. Si cela doit passer par la réforme des textes, pourquoi pas.

Nous pensons en effet qu’il serait important que la magistrature s’inspire de l’armée dont la discipline interne souffre rarement de ce genre de déviations préjudiciable au fonctionnement de l’institution.

Assane Samb

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