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jeudi, mai 2, 2024
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Gestion de la 3eme vague de covid-19 : Quand le gouvernement pĂȘche dans la communication !

par pierre Dieme

La gestion actuelle de cette troisiĂšme vague de la pandĂ©mie du coronavirus par le gouvernement sĂ©nĂ©galais rappelle Ă  bien des Ă©gards l’expĂ©rience de la premiĂšre phase. En effet, si le gouvernement continue de clamer haut et fort, qu’il dispose d’une bonne stratĂ©gie de riposte, la mise en Ɠuvre de celle-ci semble montrer une absence d’harmonie entre les principaux axes de communication avec certaines actions de ce plan de riposte.

L’histoire est-elle en train de bĂ©gayer pour le SĂ©nĂ©gal ? En effet, alors que le pays subit actuellement l’offensive cruelle du variant «Delta », dĂ©nomination dĂ©sormais retenue par la communautĂ© scientifique pour dĂ©signer le mutant du virus SARS-CoV 2 repĂ©rĂ© pour la premiĂšre fois le 5 octobre 2020 dans le centre de l’Inde, aprĂšs la protestation des pays oĂč sont dĂ©couverts les nouveaux variants de ce virus qui circulent Ă  travers le monde, du cĂŽtĂ© de l’Etat, on semble Ă©prouver des difficultĂ©s pour harmoniser la stratĂ©gie de lutte.

La preuve, comme lors de la premiĂšre vague de contamination marquĂ©e par un tĂątonnement sans prĂ©cĂ©dent dans la stratĂ©gie gouvernementale de lutte, on assiste depuis l’avĂšnement de cette 3Ăšme vague Ă  une communication qui va dans tous les sens. Celle-ci est marquĂ©e par une absence d’harmonie entre les axes de communication avec certaines actions pratiques de ce plan de riposte. A cela, il faut ajouter Ă©galement une sorte de guerre de mots au sommet de l’Etat que se livrent certains responsables du rĂ©gime. Dans des pays durement touchĂ©s par cette pandĂ©mie comme la France, souvent citĂ© en rĂ©fĂ©rence par nos autoritĂ©s, on note une parfaite harmonie entre la communication et les diffĂ©rentes phases de la stratĂ©gie de riposte du gouvernement de Jean Castex. En effet, alors qu’elles ne sont pas confrontĂ©es Ă  un problĂšme de disponibilitĂ© des vaccins, on a vu les autoritĂ©s françaises procĂ©der Ă  une planification des opĂ©rations de la vaccination basĂ©e sur le ciblage des diffĂ©rentes catĂ©gories sociales professionnelles et tranches d’ñge. Cette dĂ©marche a permis non seulement une bonne progression dans la couverture vaccinale de la population mais aussi aux citoyens d’avoir une bonne lecture de cette campagne.

Au SĂ©nĂ©gal, un grand fossĂ© sĂ©pare trĂšs souvent les messages vĂ©hiculĂ©s vers les SĂ©nĂ©galais avec les actions rĂ©elles posĂ©es par les autoritĂ©s dans le cadre de la riposte. La preuve, alors que le pays Ă©prouve toutes les difficultĂ©s pour s’approvisionner en vaccins, il est difficile de savoir les catĂ©gories socioprofessionnelles et tranches d’ñge de SĂ©nĂ©galais qui sont rĂ©ellement visĂ©es par les pouvoirs publics Ă  travers cette opĂ©ration. Quelques jours auparavant, on a vu Ă©galement les autoritĂ©s multiplier les sorties pour inviter les citoyens au respecter des gestes barriĂšres et Ă  aller se faire vacciner alors que le pays Ă©tait en rupture de stock de doses depuis plusieurs semaines.

A cette situation, s’ajoute Ă©galement la guerre des mots qui rythme les diffĂ©rentes sorties de certains responsables ou proches du rĂ©gime en place au sujet de la gestion de cette pandĂ©mie. Nous pouvons citer cette sortie du patron du groupe Avenir Communication, Madiambal Diagne sur les Ă©quipements des Centres de traitement des Ă©pidĂ©mies (Cte), qui avaient Ă©tĂ© installĂ©s sur l’Ă©tendue du territoire national, lors de la premiĂšre phase de cette pandĂ©mie au SĂ©nĂ©gal. RĂ©putĂ© ami proche de l’actuel chef de l’Etat, Madiambal Diagne a rĂ©vĂ©lĂ© dans sa chronique de lundi 19 juillet 2021 dernier intitulĂ©e « Serigne Babacar Sy Mansour, l’exemple » que des « cliniques mĂ©dicales privĂ©es de Dakar qui ne disposaient pas de matĂ©riels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter aprĂšs le dĂ©mantĂšlement des Cte ». « Les alertes lancĂ©es par les mĂ©decins et autres professionnels de la santĂ© ont Ă©tĂ© ignorĂ©es. Et le pire est que cette troisiĂšme vague a rĂ©vĂ©lĂ© que bien des choses que l’on pouvait considĂ©rer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels », avait enfoncĂ© l’ancien directeur de publication du journal « Le quotidien ».

UNE PRISE EN CHARGE, PLUSIEURS SONS DE CLOCHE

InvitĂ© de l’émission « Objection » de la radio Sud Fm (privĂ©e), le ministre de la SantĂ© et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr rĂ©futant cette information, a affirmĂ© que le dispositif de prise en charge des malades ne souffre d’aucun manque de matĂ©riel. «PrĂ©sentement, au moment oĂč je vous parle, en plus de la production endogĂšne aux structures, nous avons un stock de plus de 100 mille m3 d’oxygĂšne qui sont aujourd’hui disponibles, capables de venir en secours de maniĂšre permanente aux Cte. Il peut y avoir un dĂ©ficit de lits dans quelques structures, des difficultĂ©s dans la rĂ©gulation, des incomprĂ©hensions», a-t-il soulignĂ© avant d’ajouter. «Le systĂšme n’a jamais manquĂ© d’oxygĂšne, au contraire on a actuellement un stock qui est disponible. Pour terminer de maniĂšre globale l’autonomisation du pays en oxygĂšne, nous avons 35 centrales d’oxygĂšne qui, aujourd’hui, sont commandĂ©es et qui seront livrĂ©es Ă  partir du 12 aoĂ»t».

Il y a Ă©galement la sortie du ministre d’Etat, conseiller juridique du prĂ©sident de la RĂ©publique, IsmaĂŻla Madior Fall sur les ondes de la Radio futurs mĂ©dias (Rfm privĂ©e) pour dĂ©gager toute responsabilitĂ© du chef de l’Etat, Macky Sall, Ă  travers ses rĂ©centes tournĂ©es politiques dans l’explosion de cette troisiĂšme vague. Un argument que son camarade de parti et collĂšgue professeur d’UniversitĂ©, Mary Teuw Niane, ne semble pas partager. InvitĂ© le mĂȘme jour chez nos confrĂšres d’Iradio (privĂ©e), l’ancien ministre de l’Enseignement supĂ©rieur a dĂ©clarĂ© sur la question des tournĂ©es Ă©conomiques du prĂ©sident qu’«il (Macky Sall, Ndlr) n’aurait pas dĂ», dans cette pĂ©riode, faire ces tournĂ©es-lĂ . MĂȘme si, en tant que prĂ©sident de la RĂ©publique, les questions Ă©conomiques sont importantes. Il est important qu’il aille voir la population, tĂąter le pouls, voir l’Ă©tat oĂč les choses en sont, mais je pense que le contexte ne s’y prĂȘtait pas».

NANDO CABRAL GOMIS

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