Plusieurs chaînes de télévision privées ont fait état de « perturbations » affectant la diffusion de leurs programmes via la télévision numérique terrestre (TNT). Cependant, la Société de télédiffusion du Sénégal (TDS SA), en charge de l’assistance technique pour l’utilisation de ce mode de diffusion, déclare n’avoir procédé à aucune « coupure » de signal.
Nous tenons à informer l’opinion publique que TDS SA n’a opéré aucune coupure et rappelons que les montants dus par les chaînes de télévision ne constituent pas des redevances mais des frais de diffusion », a expliqué la directrice générale de TDS SA, Aminata Sarr.
« Pour couvrir les coûts de diffusion, les chaînes doivent verser à TDS des frais en échange de leur présence sur le bouquet TNT. À ce jour, le montant total des arriérés liés à ces impayés de frais de diffusion s’élève à 577 000 000 de francs CFA », a précisé Mme Sarr dans un communiqué transmis à l’APS.
Certaines chaînes de télévision privées, comme iTV, ont rapporté des « perturbations » dans la diffusion de leurs programmes via la TNT.
« Nous n’arrivons plus à émettre sur la TNT, alors que TDS nous doit plus de 60 millions de francs CFA depuis 2022 », a déclaré Alassane Samba Diop, directeur général d’E-Media Invest, la société propriétaire de la chaîne iTV.
Absence de notification de la part de TDS
« Il est inacceptable de prendre une telle décision sans en informer le CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) ni même notifier les chaînes concernées », a ajouté Diop, indiquant que son groupe envisageait de porter plainte contre TDS SA.
De son côté, Walf TV assure ne pas avoir constaté de « perturbations » dans la diffusion de ses programmes via la TNT, bien que son nom apparaisse sur une liste informelle des médias affectés par des « perturbations » ou « coupures ».
« Nous n’avons reçu aucune notification de la part de TDS, et donc, nous considérons que nous ne sommes pas concernés », a précisé Amadou Faye, un responsable de Wal Fadjri. « Walf TV émet toujours sur la TNT », a-t-il ajouté, tout en soulignant que les images de la chaîne avaient été « saccadées pendant une vingtaine de minutes » samedi soir.
TDS SA n’a pas précisé, dans son communiqué, les noms des chaînes qui lui doivent les 577 millions de francs CFA.
Des « discussions pour une solution durable »
« Depuis quelques jours, le partenaire technique de TDS SA a décidé de réduire la bande passante allouée à la diffusion nationale des chaînes de la TNT. Cette situation contraint TDS SA à maintenir la diffusion uniquement des chaînes ayant un niveau de recouvrement de leurs factures satisfaisant », a expliqué Aminata Sarr.
« Malgré la volonté de l’État du Sénégal, via TDS SA, de soutenir ces frais depuis plusieurs années, les chaînes ne parviennent toujours pas à honorer leurs engagements financiers concernant leur diffusion », a-t-elle ajouté dans le communiqué.
La Société de télédiffusion du Sénégal, fondée en 2017, reste « ouverte à des discussions en vue de trouver une solution durable » aux difficultés rencontrées par les chaînes de télévision.
En février 2023, TDS SA avait réduit les frais mensuels demandés aux chaînes de télévision, les faisant passer de 5 000 000 à 3 000 000 de francs CFA. Toutefois, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal avait jugé que ce montant demeurait trop élevé dans un « environnement économique et juridique peu favorable » aux entreprises de presse. Sous la direction de Mamadou Ibra Kane, son président, le syndicat des chefs d’entreprise du secteur des médias avait demandé une réduction significative de ces frais mensuels.