Jamais de toute son histoire, le SĆ©nĆ©gal nāa autant Ć©tĆ© pris en otage et Ć tĆ©moin dāun duel surrĆ©aliste, entre deux leaders politiques qui ont dĆ©cidĆ© Ć notre corps dĆ©fendant, que seules leurs joutes avaient de lāimportance pour les sĆ©nĆ©galais
Ā« Vous ne verrez jamais, pendant ma gouvernance au SĆ©nĆ©gal, un journaliste mis en prison pour un dĆ©lit de presse Ā». Macky Sall en 2015.
Le SĆ©nĆ©gal joue-t-il Ć se faire peur ? La situation irrespirable, au sens propre du terme, du fait des gaz qui nous sont envoyĆ©s par une marĆ©chaussĆ©e armĆ©e et casquĆ©e jusquāaux dents, que traverse notre pays pourrait aboutir, serait-ce leurs vÅux, Ć un embrasement funeste qui nāarrange personne, Ć commencer par ceux qui nāont pas fait de la politique leur gagne-pain, et qui doivent chaque matin aller bosser, pour faire vivre leurs familles ou faire prospĆ©rer leurs commerces ou leurs entreprises.
Jamais de toute son histoire, le SĆ©nĆ©gal nāa autant Ć©tĆ© pris en otage et Ć tĆ©moin dāun duel aussi extravagant que surrĆ©aliste, entre deux leaders politiques qui ont dĆ©cidĆ© Ć notre corps dĆ©fendant, que seules leurs joutes qui nāont plus rien de verbales, avaient de lāimportance pour les sĆ©nĆ©galais et que leur issue Ć©tait absolument dĆ©terminante pour lāavenir de notre pays. Quelle prĆ©tention !!! Quel culot de croire que leur affrontement quāils produisent comme une sĆ©rie tĆ©lĆ©visĆ©e, dĆ©butĆ©e dans un salon de massage, et alimentĆ©e chaque jour de leurs turpitudes respectives, doit ĆŖtre notre seule et unique prĆ©occupation, que leurs tournĆ©es Ć©conomiques, leurs meetings et leurs Ā« nemeku tour Ā» sans propositions programmatiques autres que Ā« na dem !!! na dem !!! Ā», et leurs rendez-vous judiciaires, quāils pensent ĆŖtre si singuliers, doivent absolument rythmer et conditionner nos mouvements et notre organisation familiale et professionnelle, et constituer la seule information digne de ce nom qui puisse nous ĆŖtre donnĆ©e, dans nos journaux, radios et tĆ©lĆ©s, comme Ć©tant capitale et nĆ©cessaire Ć lāessor de ce pays, qui pourtant croule sous les urgentes problĆ©matiques de dĆ©veloppement !
Mais ils se croient oĆ¹ ? Au grand marchĆ© de NdoumbĆ©lane ?
Ils nous convoquent Ć Ć©lire le futur prĆ©sident du SĆ©nĆ©gal dans moins dāun an et ils organisent leur tumulte et leur brouhaha, pour que justement nous ne puissions pas avoir Ć choisir lāhomme ou la femme que nous voulons peut-ĆŖtre Ć part eux-mĆŖmes qui se prennent pour les seuls astres autour desquels devrait tourner le pays.
Le chef de lāĆtat qui cāest vrai doit garantir lāordre public aux SĆ©nĆ©galais devrait savoir faire baisser la tension de plusieurs crans, dāabord en cessant dāinterdire de bouger une oreille Ć quiconque ne pense pas Ć lāaune de son sulfureux troisiĆØme mandat, ensuite en sĆ©vissant contre tous ceux de son clan qui sont impliquĆ©s dans des malversations financiĆØres dāune gravitĆ© jamais atteinte au SĆ©nĆ©gal, ce qui scandalise les citoyens qui justifient ainsi leurs vandalismes dĆ©guisĆ©s en soutien Ć lāopposant-martyr, et enfin en clarifiant sa position sur lāaventureuse reprĆ©sentation Ć la prĆ©sidentielle de 2024, dont il sait que son annonce transformerait la minute suivante son pays en un gigantesque brasier, dont aucun citoyen ne sortira indemne.
Nous vivons au rythme effrĆ©nĆ© des bĆ©vues gouvernementales, qui chaque jour de maniĆØre souvent inutile et superflue, remettent avec une gourmandise Ć©tonnante, une piĆØce dans la machine Ć prendre des baffes et Ć se couvrir de ridicule. Pourquoi arrĆŖter Aguibou SoumarĆ©, dont la lĆ©gĆØretĆ© impardonnable ne mĆ©ritait quāun simple dĆ©menti, et une exigence de plates excuses ? Pourquoi encore mettre au gnouf un journaliste, qui sāest certes empressĆ© dāaffirmer des inexactitudes, au lieu dāexiger de tous ses confrĆØres plus de responsabilitĆ© dans lāexercice de leur mĆ©tier par ces temps incertains et dangereux ? Pourquoi jouer de la force et de la brutalitĆ© devant un adversaire intelligemment provocateur et dont lāĆtat finit par ĆŖtre le meilleur des attachĆ©s de presse ? Mais que diantre ont-ils fait au Bon Dieu pour que celui-ci ne leur octroie que des muscles en guise de cerveaux ?
La prison viatique, pour la gloire ?
Le leader du Pastef lui, continue Ć faire appel Ć la population pour lui servir de bouclier, soit pour assister Ć ce procĆØs qui, selon lui, nāest que Ā« mascarade Ā». Pour preuve dira le prĆ©sident de Pastef qui sāest exprimĆ© devant les militants de la coalition Yewwi Askan Wi, le juge qui a en charge de ce dossier qui lāoppose au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, est partisan. Il se prend donc pour lāarbitre des Ć©lĆ©gances maintenant ? Et menace le pouvoir judiciaire de ses futures foudres prĆ©sidentielles, en ces termes dāune singuliĆØre outrecuidance en dĆ©mocratie : Ā« Les magistrats faites attention ! La rĆ©alitĆ© politique est claire. Le temps de Macky Sall est terminĆ©. Si vous tenez Ć rester dans ce pays aprĆØs son dĆ©part, respectez la loi du peuple. Si vous avez dĆ©cidĆ© de vous opposer Ć la volontĆ© populaire, cāest vous qui ĆŖtes les hors-la-loiā, martĆØle le Ā« dĆ©jĆ menaƧant et pas encore prĆ©sident Ā» ! Il flirte avec la sĆ©dition en lanƧant cet appel Ć notre armĆ©e. āCe que nous avons de plus sacrĆ© au SĆ©nĆ©gal cāest lāarmĆ©e. Nous avons une armĆ©e rĆ©publicaine. Si Macky Sall veut imposer sa volontĆ©, que lāarmĆ©e joue son rĆ“le. Vous avez le soutien de la jeunesse sĆ©nĆ©galaise. Ne suivez pas Macky Sall dans son aventure sans lendemainā, lance-t-il Ć lāattention de la grande muette. Et Ƨa passe crĆØme !
Ā« GATSA GATSA Ā» contre Ā« TOCC SA GATT Ā» ! Mais quelle honte !!!
Quel choix avons-nous Ć connaĆ®tre pour lāhomme ou la femme qui prĆ©sidera dans un an aux destinĆ©es du SĆ©nĆ©gal ? Rien ! Nada !! On nāentend que ces deux matamores qui ont lāair de se foutre comme de lāan 40 de lāavenir des SĆ©nĆ©galais et des jeunes en particulier, au point que nous sommes privĆ©s dāentendre dans ce brouhaha, les propositions et programmes de personnes, elles aussi en capacitĆ© de guider notre pays sur des voies rĆ©demptrices, qui lāĆ©loigneraient des dangers qui le guettent et dont tout le monde feint de pas voir quāils sont Ć nos portes.
Pendant ce temps, les opportunistes et dividendistes de lāopposition sāamusent Ć la surenchĆØre, qui espĆØrent-ils les mĆØnera en prison, et leur donnerait lāonction leur permettant de quĆ©mander en guise de mĆ©daille, un ministĆØre de lāinformation, ou de sous-secrĆ©taire assis sur nāimporte quel strapontin, pourvu quāil soit moelleux et donc juteux. Quel dommage que les urgences qui sont Ć nos portes soient ignorĆ©es et que nous ne soyons prĆ©occupĆ©s que par dāinsupportables et dĆ©suĆØtes pĆ©ripĆ©ties !
Cependant, il est clair que le SĆ©nĆ©gal a connu plus grave que Ƨa et sāen est toujours sorti ! Notre pays se doit dāĆŖtre plus fort et au-dessus de ces petits moussaillons, sans vision ni projets autres que leurs propres survies ou existences politiques enivrantes.
Le SĆ©nĆ©gal nāa pas les hommes quāil mĆ©rite. Nous sommes fautifs. Dāavoir dessinĆ© des tigres de papier et de leur avoir pousser des dents. On en rigolerait si tant de futilitĆ©s nāĆ©taient pas tragiques.
CourageĀ !!! FuyonsĀ !!!
PAR JEAN PIERRE CORRĆA