Mardi, le centre de Cocody, très chic quartier d’Abidjan, a connu ainsi une intense agitation quand la police a encerclé la maison de l’ancien président Henri Konan Bédié, devenu QG de l’opposition. Au milieu de la rue, quelques palettes en flamme barrent le passage. Des policiers éteignent le petit brasier et lancent une salve de grenades lacrymogène à une poignée de protestataires qui détalent. La scène se reproduit, presque identique, quelques minutes et quelques centaines de mètres plus loin. Mardi, le centre de Cocody, très chic quartier d’Abidjan, a connu ainsi une intense agitation sous les yeux étonnés de dames élégantes dans de grosses voitures. «On défend notre président. Non à la dictature», hurle un manifestant.
Le véritable enjeu est là, et se tient, trois avenues soignées plus bas, dans une villa de l’ancien président Henri Konan Bédié, devenu QG de l’opposition. Un imposant dispositif policier s’est déployé autour de la maison en début d’après-midi, bloquant les accès. L’ex chef d’état, 86 ans, s’y trouve avec sa garde rapprochée. Avec Pascale Affi N’Guessan, alliés pour la circonstance, ils ont tenté de défier à la présidentielle du 31 octobre Alassane Ouattara avant de décider d’un boycott face un processus qu’ils estimaient «biaisé». Le mot d’ordre a été suivi. Les résultats du scrutin, dévoilés dans la nuit de mardi, ont donc consacré le président sortant avec score triomphal de 94,27%. Mais cela tient plus au manque de prétendants qu’à un plébiscite. L’opposition le sait, Alassane Ouattara aussi. Alors sans même attendre l’annonce de la victoire, Pascal Affi N’Guessan a pris les devants assurant qu’il considère le pouvoir «vacant». Le lendemain, les opposants allaient plus loin, et annonçaient la mise en place d’un Conseil national de transition, présidé par Henri Konan Bédié et, pour la suite, un gouvernement. Surtout, ils appellent leurs supporters «à rester mobiliser». La réponse ne s’est pas faite attendre. Le ministre de la Justice, Sansan Kambile, s’est fait menaçant face à ce qu’il considère comme «un complot contre l’autorité de l’Etat», une «sédition».
Une trentaine d’arrestations
L’encerclement de la maison d’Henri Konan Bédié sonne comme la suite redoutée à cette guerre de communiqués. Dans le bâtiment un peu décrépi, la vieille garde de PDCI, fait bonne figure assurant se «battre pour le droit». On s’agite, redoutant cependant «le pire», on appelle au secours et en vain. Au portail, une poignée de gendarmes affectés à la protection du «président Bébié» s’interrogent. Que faut-il faire si les collègues policiers tentent d’entrer en force ? «On attend les ordres», dit, laconique un adjudant. Ils viendront.
En fin d’après-midi, la police finit par entrer sans trop de heurts. Nul ne touche à Henri Konan Bédié, sa stature de chef d’état le met à l’abri. Mais une trentaine de proches, dont Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du PDCI sont arrêtés. Ils seront finalement reconduits chez eux et maintenus à domicile. Les autres opposants, comme Pascal Affi N’Guessan se terrent. «Ouattara a choisi la matière forte. Il n’entend pas transiger, sur rien. Il est sûr de lui et c’est un peu dangereux», regrette un bon connaisseur du pays.
Les conséquences de ce raid pourraient être durables. «Le pays se dirige vers l’impasse. Le pouvoir ne veut pas négocier et l’opposition joue la carte du pire. L’issue est étroite», s’inquiète un diplomate.
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