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5% des écoles privées ne sont pas autorisées

par pierre Dieme
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La coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (COSYDEP) a mené une étude sur la privatisation de l’Education au Sénégal. Il a été noté que 5% des écoles privées dans le préscolaire, primaire et moyen-secondaire ne sont pas autorisées. 

L’étude sur la privatisation de l’Education au Sénégal  a couvert le cycle fondamental (Primaire et Moyen) et a ciblé les cinq régions, dont les parts du privé sont les plus élevées. Il s’agit de Dakar et sa banlieue (51,01%), Ziguinchor (10,7%), Diourbel (23,83%), Thiès (13,90%) et Kaolack (7,3%). Elle a été faite auprès des familles et de la communauté éducative, y compris des décideurs politiques, à partir d’un guide d’entretien et de deux questionnaires. Il a noté un développement sans précédent du nombre d’acteurs privés dans le secteur de l’éducation dans les pays en développement avec une implication à grande échelle de nombreux investisseurs, comprenant des entreprises multinationales, dans le marché jugé « lucratif » de l’éducation, des offres de services de marchands de l’éducation, à bas coût, qui ciblent surtout les populations pauvres en jouant sur les leviers d’attractivité comme la qualité ou la proximité. D’ailleurs, le Rapport mondial de suivi de l’éducation 2017-2018 estimait déjà qu’en Afrique subsaharienne, un élève sur quatre, en âge de fréquenter l’école primaire, devrait être scolarisé dans le privé en 2021. Mais que la forte augmentation du nombre de prestataires privés risque de compromettre l’atteinte de l’objectif d’assurer à tous un enseignement primaire et secondaire « gratuit », « équitable » et de « qualité ».  L’étude a révélé que les établissements privés de l’échantillon sont majoritairement à but lucratif (84%) et font des bénéfices (60%). La plupart de ces établissements (50%) ont été créés entre 2010 et 2020 et 19% bénéficient de subventions. Ainsi l’on note que 5% ne sont pas autorisées. Au niveau pré-primaire, le privé y est dominant. 109 976 enfants préscolarisés sur un effectif de 252 330, soit 43,06%. Dans l’enseignement élémentaire, 365 557 sur 2 171 967 soit 16,8%. Concernant l’enseignement moyen général, 135 557, sur effectif total de 746 497, soit 18,20%. Dans le cycle élémentaire, sur 10 343 écoles élémentaires : 83,4% sont publiques, 16,2% privées et 0,4% de statut communautaire/associatif.

De 2015 à 2019, le réseau d’écoles élémentaires, public et privé confondus, a connu un taux d’accroissement moyen annuel de 2,0%, soit une augmentation globale de 794 écoles. Dans le même temps, le réseau d’écoles publiques n’a connu qu’un accroissement de 1,5%. Le développement de l’élémentaire privé est environ 5 fois plus rapide que celui du public. La tendance à une progression constante de l’offre privée est perçue comme une forme de privatisation rampante. Dans le préscolaire  plus de 236 nouveaux établissements sont ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de 59 entre 2015 et 2016,  40 entre 2016 et 2017, 67 entre 2017 et 2018, 70 entre 2018 et 2019.  Ce rythme de progression donne en moyenne une croissance d’une quarantaine d’établissements nouvellement créés au préscolaires par an. Dans l’élémentaire, 296 nouveaux établissements ont été ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de 88 entre 2015 et 2016,  65 entre 2016 et 2017,  89 entre 2017 et 2018,  54 entre 2018 et 2019. Ainsi, les enquêteurs font noter une évolution très inconstante.

Les parents envoient leurs enfants dans le privé, non par choix, mais par obligation

74% des parents interrogés ont déclaré scolariser leurs enfants en écoles privées, non par choix, mais par obligation. L’étude démontre que l’expansion du privé serait liée à la dégradation des conditions d’enseignement dans les écoles publiques et/ou à l’absence d’écoles publiques primaires dans certaines localités. L’enseignement public présente des coûts pour les parents en raison de la défaillance de l’État dans son financement. Le faible développement du secteur public (1,5% durant la période 2015-2019), en rapport avec la croissance démographique (2,8%) et la demande en éducation, montre que beaucoup d’efforts restent encore à faire.

Les coûts annuels (frais de scolarisation et autres frais opportunistes) observés dans les écoles privées de l’étude varient entre 50 et 400 mille FCFA par an.  Les coûts financiers les plus courants se situent entre 100 et 150 mille francs CFA par an.  La diversité des coûts suggère que les écoles n’offrent pas les mêmes prestations ; elles s’adressent à des groupes sociaux-économiques différents. Cette situation ne favorise ni l’inclusion ni l’équité, au contraire, elle creuse les inégalités et provoque une classification des familles selon leur statut socio-économique. Ainsi l’étude recommande de renforcer le dispositif de contrôle et de respect des normes du secteur privé de l’éducation, d’évaluer régulièrement l’impact des interventions des acteurs privés sur le droit à l’éducation, de veiller à ce que la liberté des parents de choisir pour leurs enfants un établissement d’enseignement autre que public, ainsi que la liberté des personnes de créer et de diriger des établissements d’enseignement privé, n’entraînent aucun impact négatif sur le droit à l’éducation, entre autres.

 NGOYA NDIAYE

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