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mardi, mai 7, 2024
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Rfi et France 24 victimes de leurs intĂ©rĂȘts au Mali

par pierre Dieme

La suspension de France 24 et de Radio France International (Rfi) au Mali est une maniĂšre de poursuivre la « guerre » contre la France par « d’autres moyens ».
En s’en prenant Ă  des « mĂ©dias d’Etat », le pouvoir malien veut donner un autre signal Ă  ses concitoyens, Ă  l’opinion internationale et surtout Ă  l’ÉlysĂ©e.
Ce sont certes des organes de presse qui sont victimes de censure, ce sont des journalistes qui sont atteints mais la mesure vise avant tout les autoritĂ©s françaises qui ont dĂ©clenchĂ© les hostilitĂ©s. Et le pouvoir d’Assimi GoĂŻta riposte car, estimant que le groupe « France MĂ©dias Monde », c’est aussi la « France officielle ». Il rĂ©unit France 24, la chaĂźne d’information, RFI et Monte Carlo Doualiya, la radio en langue arabe. Trois mĂ©dias qui Ă©mettent Ă  l’échelle du monde en 20 langues, selon des informations disponibles sur leurs sites respectifs.
Rfi et France 24 comptent 9 correspondants au Mali et sont suivis chaque semaine par plus d’un tiers d’une population de plus de 20 millions de Maliens, indique-t-on. En posant un acte si radical, les autoritĂ©s veulent indiquer que cette « presse française » prĂ©sente au Mali, n’est en rien diffĂ©rente des gouvernants français. Et qu’elle est le bras armĂ© de l’Hexagone. De redoutables armes de destruction massive qui peuvent venir Ă  bout de populations anxieuses et souvent dĂ©sorientĂ©es. La junte ne veut pas perdre la main. Elle ne veut pas succomber dans le domaine si puissant de la communication, figure emblĂ©matique du 21 Ă©me siĂšcle.
Si la sociĂ©tĂ© russe Wagner considĂ©rĂ©e par la France comme Ă©tant composĂ©e de vils mercenaires, est rendue impopulaire par des mĂ©dias qui dĂ©pendent du Quai d’Orsay, le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres de la France, des fissures ne vont pas tarder Ă  se faire remarquer. Ce qui pourrait anĂ©antir les efforts de GoĂŻta et de ses camarades qui ont rĂ©ussi jusqu’ici Ă  maintenir intacte leur image de dĂ©fenseurs de la patrie contre des « envahisseurs » qui veulent rĂ©genter le Mali Ă  leur guise.
Nos confrĂšres sont donc victimes des turpitudes dans les relations diplomatiques entre le Mali et la France. Sont-ils exempts de reproches ? Difficile de le dire si l’on sait que l’indĂ©pendance qu’ils proclament peut ĂȘtre relativisĂ©e. N’est-elle pas de façade ? Eux aussi, ils n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intĂ©rĂȘts. Ceux de leur pays. Ils font de la propagande mĂȘme si celle-ci est douce et subtile.
Le Mali s’est peut-ĂȘtre inspirĂ© de l’Union EuropĂ©enne (Ue) qui a banni Russia Today et Sputnik. Ils sont considĂ©rĂ©s comme des « mĂ©dias d’État russes qui diffusent des mensonges sur la guerre menĂ©e par Moscou en Ukraine ». « Russia Today et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union. Nous dĂ©veloppons donc des outils pour interdire leur dĂ©sinformation toxique et nuisible en Europe », indiquait la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula von der Leyen. C’était le 27 fĂ©vrier dernier.
Auparavant, le Sénat français avait demandé la suspension «immédiate» de Russia Today en France. Laurent Lafon, le président de la commission Culture de cette institution a estimé que RT relaie «quotidiennement» les «actions de propagande» du Kremlin, «sans véritable contradiction».
Au Mali ainsi qu’en France, il s’agit donc de la libertĂ© d’expression qui est mise Ă  rudes Ă©preuves pour des considĂ©rations gĂ©ostratĂ©giques Ă©videntes. Les dĂ©nonciations contre les «actes anti-dĂ©mocratiques », sont Ă  double vitesse. DuplicitĂ© ambiante !
La logique malienne

Le gouvernement de transition malien se veut sans ambages. En expliquant la procĂ©dure de suspension des deux mĂ©dias « par une synchronisation de matraquage mĂ©diatique savamment prĂ©mĂ©ditĂ©e visant Ă  dĂ©stabiliser la transition, dĂ©moraliser le peuple malien et discrĂ©diter les vaillantes forces armĂ©es maliennes », il vise avant tout Ă  montrer que la mesure a Ă©tĂ© prise Ă  l’encontre des dirigeants français.
Les « fausses allĂ©gations » rapportĂ©es par Rfi dans un reportage des 14 et 15 mars, donnant la parole Ă  des victimes prĂ©sumĂ©es d’exactions qui auraient Ă©tĂ© commises par l’armĂ©e malienne et Wagner, relĂšveraient donc de la dĂ©sinformation dictĂ©e par la posture diplomatique actuelle de la France contre la junte.
Des sanctions qui suivent une certaine logique. Celles enclenchées aprÚs les déclarations fracassantes du ministre français des Affaires étrangÚres Jean-Yves Le Drian. Des attaques ciblées contre les nouvelles autorités maliennes aux premiers rangs desquels se trouve le Colonel Assimi Goïta qualifié de « dictateur ».
Le renvoi de l’ambassadeur de la France au Mali, les fortes rĂ©pliques du Premier ministre Choguel Kokalla MaĂŻga, la dĂ©cision de « chasser » les soldats français du Mali et les manifestations grandioses sont illustratifs d’une dĂ©termination d’en dĂ©coudre avec une France considĂ©rĂ©e Ă  tort ou Ă  raison comme une puissance occidentale qui continue de « mettre le genou sur le cou » d’un pays qui se bat dans des difficultĂ©s Ă©normes.
La France est peut-ĂȘtre consciente que la cassure s’agrandit. Elle est exposĂ©e aux secousses. Quand l’Afrique se rĂ©veille

Mame Gor Ngom
L’INFO

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