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lundi, avril 29, 2024
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«La croissance non portée par les entreprises sénégalaises n’est pas utile»

par pierre Dieme

Selon Khadim Bamba Diagne, économiste à l’Ucad, les raisons de l’impact insignifiant du taux de croissance économique sur le vécu des Sénégalais sont connues

Les raisons de l’impact insignifiant du taux de croissance économique sur le vécu des Sénégalais sont connues. Elles résultent, selon l’économiste Dr Khadim Bamba Diagne, de la faible contribution des entreprises sénégalaises à la réalisation de cette croissance. Il s’exprimait ainsi, samedi dernier, lors du symposium sur la promotion de l’investissement en Afrique et de l’engagement durable.

Chaque année, le pouvoir se félicite de la réalisation d’un taux de croissance économique important. Des chiffres qui ne reflètent pas la réalité économique du pays, selon beaucoup d’observateurs. Des chercheurs, chefs d’entreprises et décideurs ont décrypté ce paradoxe, samedi dernier, lors du Grand rendez-vous des Affaires organisé par Global Tours.

A cette occasion, l’économiste Dr Khadim Bamba Diagne a pointé la faible contribution des entreprises sénégalaises dans la réalisation de ces taux. Selon lui, 60 à 65 % des Sénégalais évoluent dans le secteur primaire, c’est-à-dire dans la pêche, l’élevage et l’agriculture. Or, a-t-il soutenu, ces 60 % ne contribuent qu’à hauteur de 17 % du taux de croissance. « Le secteur qui crée beaucoup plus d’activités, c’est le tertiaire. C’est le secteur secondaire qui permet aux jeunes de trouver des emplois. Dans ce secteur, depuis 1960, on tourne entre 21 et 23 % du taux de croissance. Il y a 21 % des Sénégalais qui sont dans ce secteur et ne produisent que 23 % du taux de croissance national annuel. On est à 85 % de la population sénégalaise qui ne contribuent que pour 40 % au taux de croissance», a expliqué l’économiste.

Selon Dr Khadim Bamba Diagne, qui participait au panel sur la contribution des acteurs économiques à l’employabilité des jeunes au Sénégal, c’est le secteur tertiaire qui tire la croissance économique d’un pays. Les deux sous-secteurs qui tirent le plus la croissance économique, poursuit-il, sont ceux des finances et des télécommunications. « Malheureusement, ces sous-secteurs ne nous appartiennent pas. Les entreprises qui créent la croissance échappent aux Sénégalais », déplore-t-il.

D’après l’enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la croissance appartient à celui qui produit. « Quand les gens parlent de croissance extravertie, ils font allusion à ces sous-secteurs. Ils partent des fruits de la croissance. La croissance appartient à ceux qui ont contribué à sa réalisation », a développé l’économiste insistant sur le fait que les populations ne se retrouvent pas dans les chiffres brandis par l’Etat.

Dans son diagnostic, Dr Diagne fait savoir que l’Etat doit appuyer les entreprises locales. Plus l’entreprise sénégalaise gagne des marchés, dit-il, plus elle recrute. «Moins de 30 % des entreprises nationales offrent des salaires décents. Une entreprise qui ne gagne pas de marchés dans son pays, elle ne pourra pas les gagner à l’extérieur. Tout bien importé tue un travail à l’intérieur du pays », poursuit-il.

Chef d’entreprise, Ibrahima Sarr estime que l’employabilité des jeunes est une question sérieuse. Et cela n’est pas seulement valable pour le Sénégal. « Le contexte actuel est à l’entrepreneuriat. Notre école forme des diplômés mais n’offre pas de qualifications. Les pays européens ont su créer des métiers dans le domaine de l’industrie », a-t-il souligné.

Silèye MBODJI 

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