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vendredi, mai 17, 2024
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La banque centrale russe tente de freiner l’effondrement du rouble

par pierre Dieme

La monnaie a chuté de près de 30% suite aux sanctions occidentales et la Banque de Russie a pratiquement doublé son taux directeur à 20%. La bourse est restée fermée

Le rouble s’est effondré lundi matin, perdant plus de 28% dans les premiers échanges, en réaction aux sanctions internationales. Il fallait presque 118 roubles pour un dollar, selon l’agence Bloomberg, alors que la semaine dernière, avant l’invasion de l’Ukraine, il ne fallait encore que 83 roubles. Les Occidentaux ont notamment décidé de geler les avoirs de la banque centrale russe et d’empêcher ses transactions. Ils prévoient également d’exclure certaines banques du système de paiement Swift.

Le gel des avoirs – dont ceux en euros et en dollars sont estimés à quelque 300 milliards de dollars – empêche la banque centrale russe de soutenir sa monnaie dont la chute a commencé la semaine dernière. Jeudi, elle a tenté de la freiner en intervenant sur le marché des changes. Ceci étant désormais rendu très difficile par les sanctions, l’institution a pris ce matin une autre mesure pour endiguer la baisse: elle a violemment relevé son taux directeur à 20%, alors qu’il était jusqu’ici à 10,5%. En fin de matinée, le rouble était remonté aux alentours de 102 pour un dollar.

Inflation menaçante «La Banque de Russie prendra de nouvelles décisions sur le taux directeur sur la base d’une évaluation des risques liés aux conditions extérieures et intérieures et de la réponse des marchés financiers à ces risques», a annoncé l’institution dans un communiqué. Une chute du rouble a pour conséquence d’augmenter l’inflation car elle renchérit le coût des biens importés. Ce, alors que l’inflation est déjà élevée dans le pays. En janvier, elle atteignait déjà 8,7%, d’où une série de hausses de taux directeur de la banque centrale ces derniers mois. Dimanche, la banque centrale avait déjà assuré «disposer des ressources et des outils nécessaires pour assurer la stabilité financière».

Elle a promis des liquidités illimitées aux banques qui se trouveraient en difficulté du fait des sanctions. Mais ces dernières souffrent désormais d’un autre mal: depuis la fin de la semaine dernière et plus encore depuis dimanche, les Russes ont fait la queue devant les distributeurs de billets pour retirer de l’argent, ce qui, si le phénomène continue de s’amplifier peut mettre en danger les banques qui se retrouveraient à cours de liquidité. En théorie, la banque centrale peut leur en fournir de façon illimitée, mais, de ce fait, elle risque également d’alimenter l’inflation. Inquiets de ces développements, beaucoup de Russes ont commencé à stocker des dollars depuis plusieurs jours, d’après Bloomberg.

«Les effets du renforcement des sanctions sont en train de devenir de plus en plus concrets. Des inquiétudes émergent d’une ruée sur les banques, de même que de la capacité et la volonté des entreprises et des banques de payer le service de leur dette externe», détaillent des analystes d’UBS dans une note. Ils soulignent en outre que les exportations de matières premières restent une source importance de dollars et d’euros pour la Russie et qu’elles ne font pas partie des sanctions. «Mais les positions changent vite et les pays occidentaux ont déjà commencé à mettre en place des mesures qui semblaient improbables il y a seulement quelques jours et la Maison Blanche a affirmé que des sanctions liées à l’énergie étaient sur la table», ont-ils ajouté. Dés investissements Lundi, la bourse russe, en revanche, était, elle, fermée ce matin pour éviter une chute trop violente des cours.

La banque centrale doit annoncer dans la journée si elle rouvrira cet après-midi. Son indice phare en rouble, le Moex, a perdu quelque 30% en février. Et la baisse devrait continuer, d’autant plus que depuis dimanche, plusieurs acteurs ont annoncé vouloir vendre les actifs russes. C’est le cas du fonds souverain norvégien, qui détient 3,1 milliards de dollars d’actifs russes d’après le Financial Times et qui a promis de désinvestir ou de vendre ses positions en raison de la guerre en Ukraine. Une tâche qui sera cependant difficile à court terme puisque le gouvernement a interdit les ventes d’actifs russes par des étrangers.

D’autres ont fait des annonces similaires à la Norvège: le géant britannique BP veut se débarrasser des 20% qu’il détient dans la société pétrolière d’Etat Rosneft

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