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samedi, mai 4, 2024
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Lutte contre le terrorisme dans le Sahel: La France part et reste !

par pierre Dieme

C’est sans doute une décision historique qui a été prise hier. La France rend officielle sa décision de se retirer du Mali. Ce qui, du reste, ne surprend personne. Depuis quelques jours en effet, les différentes rencontres qui se sont tenues se sont inscrites dans la dynamique d’un retrait, conséquence logique de relations devenues exécrables entre Bamako et Paris contre le terrorisme dans le Sahel .
Toutefois, avant de se prononcer clairement là-dessus, la France a tenu à convier ses partenaires européens et africains à la prise de décision pour avoir, notamment leur onction. C’est dire que les plus de deux mille militaires français de Barkhane vont devoir plier bagages dans les prochains mois. Le retrait sera lent mais il est irréversible. La présence française n’était plus possible dès lors qu’autorités maliennes et opinion publique de ce pays y étaient manifestement opposées.

Bien sûr, à quelques semaines de la présidentielle en France, l’heure est à la récupération politique de ce qui est présenté par beaucoup comme un échec. Plus de 50 soldats morts ‘’pour rien’’, selon certains et même des membres de leurs familles très remontés contre ce qui se passe. Le Président Macron reste convaincu qu’aussi bien Serval et Barkhane ont été utiles. Mais, ce qui est important à noter c’est que la classe politique française est presque unanime à penser que les forces françaises doivent rester au Sahel. C’est pourquoi, aujourd’hui, le Niger sera leur prochain point de chute. Le task force Takuba va continuer à se déployer dans le Sahel, pour appuyer les armées nationales dans un dispositif plus allégé avec moins de matériels lourds et de milliards à dépenser.

Du coup, la France part mais reste. Car, la réalité est qu’elle ne veut nullement perdre son influence dans ce qui, pendant longtemps, a été présenté comme son pré carré. Mais, aujourd’hui, face à l’affaiblissement de la puissance française que Jacques Attali a bien décrit et aux volontés des superpuissances américaines, chinoises et russes d’investir le terrain africain, il sera difficile à l’ancienne puissance coloniale de continuer à tenir son rôle. Les temps ont changé et Paris sera obligée de revoir ses techniques de coopération avec ses anciennes colonies. Elle va apprendre à desserrer l’étau et à être moins présente, moins consultée et moins influente.

Toutefois, les liens avec la France vont perdurer. Mais, au fur à mesure de l’évolution des sociétés africaines, elles prendront d’autres formes. Car, il n’est pas étonnant que sur les dix pays plus performants économiquement en Afrique, qu’il n’y est qu’un seul soit francophone, la Côte d’Ivoire. Pourtant, le paradoxe dans tout cela, c’est qu’à son arrivée au pouvoir, Macron a voulu tout faire chambouler en annonçant, tout de go, la fin de la françafrique. Il ne croyait pas si bien dire.

Malheureusement pour lui, il s’est rendu compte que cette françafrique avait des ramifications complexes et que seuls les Africains pouvaient, du fait de leur attitude, y mettre un coup de frein. C’est peut-être l’amorce de ce processus.

Le continent africain est riche en minerais de toutes sortes dont le reste du monde a grandement besoin. Si l’Afrique sait défendre ses intérêts, elle se fera plus respectée et pourra ainsi davantage bénéficier de ses ressources. Mais, pour que tout cela soit possible, il faudra se débarrasser de toute la bande de dirigeants, civils ou militaires qui mettent en avant leurs propres survies et leurs propres intérêts.

Et ça, ce n’est pas demain la veille. Et c’est justement pour cette raison que la France pense qu’elle peut encore rester….un peu comme avant, quoi !

Assane Samb

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