jeudi, octobre 3, 2024
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L’unité nationale en peril, la cohésion sociale menacée

par pierre Dieme

« Toute autorité qui se sera tue devant les propos gravissimes du député de l’APR,  risque de perdre toute crédibilité aux yeux du peuple. »

Depuis quelques jours, le débat public est fortement pollué par les gravissimes déclarations du député de l’APR Aliou Dembourou SOW devant un public essentiellement composé de membres de son ethnie. Il a osé, sans gêne et avec une audace insultante, demandé à ses partisans de s’armer de machettes pour s’en prendre physiquement, et certainement férocement, aux détracteurs  et autres contempteurs du Président Macky Sall qui s’opposeraient à la troisième candidature de ce dernier. Les faits sont d’une gravité incommensurable ; jamais un membre de la représentation nationale n’a eu à tenir de tels propos constitutifs de plusieurs infractions, notamment, un appel au meurtre massif et à une tuerie collective de citoyens qui n’ont eu que le tort de vouloir faire respecter les dispositions claires, nettes et sans ambiguïté de notre Constitution ou il est dit que « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».

Il ne faudrait surtout pas se contenter de s’indigner des déclarations injurieuses, scandaleuses, abjectes et monstrueuses du sieur Aliou Sow et de n’en faire qu’une analyse superficielle. Une réflexion approfondie prouverait facilement et à suffisance que les propos du député de l’APR ne sont, en réalité, qu’une étape supplémentaire, un jalon de plus d’un processus insidieux qui a, depuis longtemps, commencé par des propos, des attitudes, des comportements et des prises de positions apparemment anodins, mais dont la signification réelle a semblé échapper à la vigilance des analystes et autres observateurs de la vie politique et de la scène publique.

Ce qui est grave, inquiétant et effrayant, au même titre que l’appel à l’assassinat massif lancé par le député Aliou Sow, c’est le silence coupable et complice des gouvernants de ce pays qui, par une telle attitude qui relève du laxisme et de la complaisance, semblent cautionner cette dérive verbale de leur partisan. Ce silence ne traduit rien de moins que le véritable état d’esprit des tenants du pouvoir qui montrent aux yeux de l’opinion qu’ils n’hésiteraient pas, une seule seconde, à user de tous les moyens pour imposer une troisième candidature de leur chef Macky Sall. On pourrait, sans se tromper, dire que sociopathe Aliou Sow n’a fait que se faire l’écho des zélés sycophantes du Président Macky Sall.

Le caractère ethnique des déclarations du quidam Aliou Sow apparait nettement quand il dit qu’après que Macky Sall aura terminé ses mandats, il reviendra à Abdoulaye Daouda Diallo d’assurer la relève, quelqu’un appartenant au même groupe social ; ce dernier n’avait franchement pas besoin d’une si mauvaise publicité le mettant au-devant de la scène d’une manière si abrupte. Au tristement célèbre député d’en rajouter en affirmant que quand on a le pouvoir on ne le lâche pas, on le garde et s’y accroche par tous les moyens, dont le meurtre évidemment. Et malgré le tollé et l’indignation générale de ses concitoyens dont beaucoup de membres de son ethnie, le tristement célèbre député n’a pas jugé nécessaire encore moins utile de reconnaitre ses dérapages verbaux et de présenter ses excuses. Au contraire, avec une morgue insolente qui caractérise les parvenus, jouant au téméraire, il a cru devoir clamer, à qui veut l’entendre, qu’il n’a rien dit de grave et qu’il est prêt à répéter les mêmes propos devant l’Assemblée nationale.

Comme je l’ai dit supra, il y a eu des précédents dont s’est peut-être inspiré Aliou Sow et qu’il a dû interpréter, ayant un très faible coefficient intellectuel, comme un encouragement, une incitation à faire autant, sinon pire. Pour comprendre et par devoir de mémoire, il me semble nécessaire, opportun et très judicieux d’évoquer le passé pour, éventuellement, déterminer les responsabilités personnelles de certaines autorités, notamment le Président Macky Sall qui a eu à tenir publiquement des propos qui ont été interprétés et jugés, à tort ou à raison, inappropriés, maladroits et de nature à saper l’unité nationale et la cohésion sociale.

Le Président de la République n’a-t-il pas déclaré que les régions de Matam et de Fatick sont ses titres fonciers ? Pour un Président qui a en charge la destinée de tout un pays, une déclaration aussi mal inspirée et insensée peut créer des frustrations parmi ses concitoyens, et ceux-là qui sont ressortissants de ces deux régions choisies par le Président peuvent, à tort évidemment et abusivement, se considérer comme des privilégiés devant bénéficier d’un traitement de faveur par rapport aux autres. C’est ainsi qu’on suscite, sans peut-être s’en rendre compte, des velléités communautaires et certains réflexes identitaires nuisibles à la cohésion nationale. Le seul titre foncier dont peut et doit se prévaloir le Président de la République, c’est le Sénégal, un bien commun et indivis. Lors de la campagne présidentielle de 2019, n’avait-il pas dit aux casamançais que s’ils veulent etre pris en compte dans les politiques publiques de développement, ils doivent voter pour lui ? Des propos diversement interprétés mais, surtout, très mal perçus par les ressortissants de la verte Casamance qui y voyaient une forme de subtile pression, d’autres diraient de vile chantage. Dans une lancée stigmatisante et dans  le même sillage que le Président Macky Sall, le député Moustapha Cissé Lo n’avait-il pas déclaré que les casamançais qui avaient assisté aux meetings d’Ousmane Sonko étaient tous des rebelles ? Des propos malveillants à l’endroit des ressortissants de toute une région qui sont en droit de penser qu’ils font et sont l’objet d’un ostracisme injustifié et de très mauvais aloi.

Revenant sur le cas du député Aliou Sow, on ne saurait passer sous silence la responsabilité morale du Président de la République Macky Sall en sa qualité de Président de la coalition Benno Bokk Yaakar. En effet, c’est lui qui a porté son choix sur la personne du sieur Aliou Dembourou Sow pour qu’il siège à l’Assemblée nationale. Tous les Sénégalais se souviennent de la décision unanime de tous les responsables de la coalition au pouvoir de s’en remettre au Président Macky Sall, lui donnant carte blanche pour dresser les listes nationale et départementale. C’est pourquoi d’ailleurs, les députés de la majorité n’ont de cesse de déclarer, à tout bout de champ et en toutes circonstances, qu’ils sont les députés de Macky Sall et non les représentants du peuple. Dès lors, il est tout à fait légitime de se poser la question de savoir quels sont les véritables critères qui ont présidé aux choix du Président Macky Sall ? Comment des énergumènes et des hurluberlus comme notre tristement célèbre député ont pu atterrir au sein de l’hémicycle. Notre pays ne mérite pas un tel affront.

Un autre aspect de la responsabilité morale du Président Macky Sall dans cette affaire qui défraie la chronique est à souligner. Le zèbre Aliou Dembourou Sow a eu à faire ce dérapage verbal et cette dérive langagière parce qu’il évoquait  la possibilité pour le Président Macky Sall de prétendre à une troisième candidature que lui interdit de manière très péremptoire les dispositions de la constitution et que ses propres engagements et serments , moralement lui refusent. Versant à dessein et insidieusement dans ce que l’on pourrait qualifier de « flou artistique », le Président Macky Sall a créé une atmosphère délétère ouvrant la voie à toutes les formes  d’interprétations et de dérives. Qu’attend-t-il pour édifier les Sénégalais sur ses véritables intentions et mettre un terme définitif à ce débat nauséabond qui ne l’honore pas et qui entaille profondément la respectabilité dont il devrait jouir de la part de ses compatriotes. Il faut empêcher la création de toutes les conditions et circonstances susceptibles de faire surgir de nulle part des énergumènes, des imbéciles et des criminels en puissance comme ce demeuré de député qui s’appelle Aliou Dembourou Sow. Notre pays a besoin de sérénité et de cohésion pour emprunter la voie d’un développement inclusif.

En ces temps de grands dangers qui guettent et menacent la stabilité de nos institutions républicaines, l’unité nationale ainsi que la cohésion sociale, les citoyens que nous sommes, attendons de nos indolents députés, prétendus représentants du peuple, qu’ils aient un sursaut patriotique pour ramener l’ordre, la paix et la tranquillité dans la marche du pays. Il est vrai que l’assemblée nationale, dirigée par un autocrate sénile et grabataire, est devenue une institution réifiée, sans âme, parce que victime, avec la complicité de son président, de l’entreprise méphistophélique d’affaiblissement, d’affaissement, d’assujettissement et d’asservissement du Président Macky Sall.

 Les citoyens exigent de nos députés, toutes obédiences confondues, qu’ils condamnent personnellement et nommément, avec la plus grande vigueur et toute l’énergie qui y sied, les propos sectaristes, fractionnistes, communautaristes et surtout déstabilisateurs de leur collègue Aliou Dembourou Sow. Ce dernier a publiquement lancé un appel à l’assassinat massif de tous les citoyens qui ne partageraient pas son opinion et qui voudraient s’opposer à un troisième mandat de son parent Macky Sall. C’est extrêmement grave et dangereux. Et, il ne s’agira point de prononcer une condamnation à caractère général, mettant tous les extrémistes, du pouvoir comme de l’opposition dans le même sac, les renvoyant ainsi dos à dos. Il est question de désigner nommément le coupable Aliou Dembourou Sow, dont on doit exiger qu’il présente ses excuses à tous Sénégalais.  Il ne doit pus sièger à l’Assemblée parce qu’indigne de porter la voix du peuple.

Le député Aliou Dembourou Sow a demandé à ses partisans de sortir les machettes, armes d’un autre age, de leurs fourreaux pour trucider tous ceux qui oseront s’opposer à la troisième candidature du Président sortant Macky Sall ; qu’il sache que lui et ses potentiels sicaires trouveront en face d’eux des Sénégalais, toutes ethnies confondues, plus déterminés et pas moins courageux, prêts au sacrifice suprême pour la défense de notre constitution et la préservation de notre unité nationale que personne ne doit remettre en cause. De toutes les façons, j’ai la conviction que les valeurs et principes de la République, socles de notre jeune nation sont inamissibles. Et, ce ne sont pas les prétendus pouvoirs mystiques, dont d’ailleurs toutes ethnies sont dépositaires, qui retiendront les défenseurs de la nation sénégalaise. Qu’il soit clair et compris par tous que personne n’a le monopole de la violence ; et si les propos comminatoires persistent et que les menaces se précisent sans que les autorités politiques et judiciaires, en charge de l’ordre public, interviennent pour y mettre un terme définitif, la résistance populaire s’organisera autour de patriotes volontaires.

A tout prendre, j’en appelle à la lucidité et à l’intelligence de tout un chacun pour que ne soit remise en cause la stabilité de ce charmant pays qu’est le Sénégal même si nous souffrons de l’incompétence et de l’impéritie de nos actuels gouvernants qui, à terme, quitteront le pouvoir pour que d’autres prennent la relève ; ainsi se déroule inexorablement le cycle de toute vie. Nous devons incarner par nos propos, nos actes et nos comportements de tous les instants le sens de notre devise « Un peuple- Un but- Une foi ». Aujourd’hui notre Président de la République, son Excellence Macky Sall aurait dû, en sa qualité de Gardien de la constitution, pour autant que cette expression galvaudée ait toujours un sens, etre le premier à dénoncer personnellement, avec la dernière énergie et de la manière la plus solennelle, cette grave dérive de son ami Aliou Dembourou Sow. Quand la nation est danger, s’estompent les considérations subjectives.

VIVE LE SENEGAL UNI ET PROSPERE ; QUE SOIT HONNI ET MAUDIT LE SECTARISME.

   Dakar le 14 Octobre 2020.                                    Boubacar SADIO

                                                         Commissaire divisionnaire de police de classe     

                                                         Exceptionnelle à la retraite.

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