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vendredi, mai 3, 2024
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Le poisson pourrit par la tĂȘte

par pierre Dieme

En vouloir Ă  l’insipide Abdoulaye DIOUF SARR, ou Ă  un autre incapable du gouvernement, c’est tenter d’occulter la responsabilitĂ© de celui qui, par sa main, a signĂ© le dĂ©cret qui l’a mis en poste. Pour camoufler ses carences dignes d’un cancre, le leader de l’APR a tournĂ© le dos aux Ă©minences grises de ce pays pour s’entourer de sots, d’ignares et d’intellectuels Ă  la crĂ©dibilitĂ© largement entamĂ©e. C’est parce que la barque est tenue par des Oumar « niĂ©bĂ© » et des Karim « kĂ©wĂ©l* » qu’elle file tout droit vers la catastrophe.

Si les SĂ©nĂ©galais ont « tolĂ©rĂ© » le reniement et la quatriĂšme candidature de ce SENGHOR qui n’est pas auguste, ils pourraient sans doute « comprendre » que je me prĂ©sente, une troisiĂšme fois, Ă  la tĂȘte du SĂ©nĂ©gal. C’est ce que le locataire du palais de la RĂ©publique s’est, sans doute, dit en observant, pour ne pas dire en encourageant, des membres du gouvernement Ă  prendre activement part Ă  la campagne pour la rĂ©Ă©lection du prĂ©sident de l’US GorĂ©e Ă  la tĂȘte de la FĂ©dĂ©ration de football de quelques SĂ©nĂ©galais. Cela peut paraitre farfelu Ă  certains, mais avec le leader de l’APR, il ne faut plus s’étonner de rien. La rĂ©flexion est si terre Ă  terre, les stratĂ©gies tellement volatiles que, pour continuer Ă  gouverner en dĂ©pit des magouilles rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ©es, Macky SALL et son rĂ©gime ne comptent plus que sur la force et la ruse.

Sur les 16 millions de SĂ©nĂ©galais, dont des sommitĂ©s dans tous les domaines, le leader de l’APR jette son dĂ©volu sur des hommes politiques trĂšs limitĂ©s, qui loin de fasciner par leurs idĂ©es, agacent par leur inculture manifeste. Il n’est pas que question de Moustapha CissĂ© LO, Djibril WAR, Farba NGOM et autre Abdou MBOW, mais de ministres de la RĂ©publique que Macky SALL met au-devant de la scĂšne, pour un bourdonnement d’oreilles qui ne laisse aucune chance Ă  la perception de la dure rĂ©alitĂ© quotidienne des SĂ©nĂ©galais. Un casting douteux pour un dessein tĂ©nĂ©breux.

« Je ne rĂ©pondrais pas aux coups de pied de l’ñne (
) C’est le chrĂ©tien qui dit, si tu me gifles, je te tends l’autre joue. Mais moi je suis musulman». C’est Malick SALL qui abandonne ainsi sa posture de garde des Sceaux pour s’ériger Ă  ce porteur de seau qui, du haut de l’estrade de l’AssemblĂ©e nationale, insulte les dĂ©putĂ©s qui, mĂȘmes traitres, demeurent les reprĂ©sentants du peuple. A la fin de la session, les insanitĂ©s du ministre suscitaient autant de commentaires que de la scĂ©lĂ©rate loi elle-mĂȘme. Avant cette Ă©niĂšme Ă©tourderie, le mĂȘme Malick SALL dĂ©clarait, le 21 mars 2021, au stade rĂ©gional de Matam : «de nombreux jeunes sont morts Ă  Dakar. Plusieurs parmi eux n’ont pas Ă©tĂ© tuĂ©s par la police ni par la Gendarmerie mais par les partisans de SONKO ». En dĂ©pit de ces accusations gravissimes du ministre de la JUSTICE, tous les manifestants arrĂȘtĂ©s au cours des manifestations du mois de mars dernier ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s.

Pourtant, Malick SALL n’est pas la seule boĂźte Ă  bĂȘtises du gouvernement. Cheikh Oumar HANN n’est pas moins catastrophique. L’ancien directeur du COUD dont les frĂȘles Ă©paules insupportent un service dĂ©partemental s’est retrouvĂ© Ă  la tĂȘte d’un ministĂšre tel un seul niĂ©bĂ© dans une grande marmite, pour reprendre un adage wolof. Le «dĂ©luge de fautes de français », qui a attirĂ© l’attention de Mary Teuw NIANE qui s’en est offusquĂ©, n’est rien comparĂ© Ă  la sĂ©cheresse intellectuelle, Ă  l’esprit infĂ©rieur de celui qui trĂŽne Ă  la tĂȘte du ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation. En effet, invitĂ© Ă  l’émission « Objection » de Sud FM, le 5 juillet 2020, celui qui se fait appeler « docteur-ingĂ©nieur » a affichĂ© un niveau dont un Ă©tudiant moyen refuserait de se targuer. Son collĂšgue du DĂ©veloppement industriel et des Petites et Moyennes industries est du mĂȘme acabit. Si Cheikh Oumar HANN, malgrĂ© ses lacunes, se force Ă  parler français, Moustapha DIOP, lui, prĂ©fĂšre donner sa langue au chat et boycotte systĂ©matiquement les prises de paroles publiques, si ce n’est pour distribuer de l’argent Ă  des femmes. Qui l’a dĂ©jĂ  vu faire une Ă©mission en français ? En dĂ©pit des cours qu’il a commencĂ© Ă  prendre Ă  sa nomination, dĂšs qu’il s’agit de s’exprimer en français, le ministre met en avant un de ses collaborateurs s’il ne sort pas un papier Ă  lire. Pendant longtemps, les dĂ©putĂ©s ont adoptĂ©, sans dĂ©bat, les budgets de son dĂ©partement ministĂ©riel. «J’ai pris les oryx pour montrer l’exemple
 je reste droit dans mes bottes ». C’est la rĂ©ponse qu’Abdou Karim SALL a servie Ă  ceux qui s’offusquaient des gazelles qu’il a fait transfĂ©rer et qui auraient fini dans ses assiettes.

La liste, loin d’ĂȘtre exhaustive, peut s’étendre Ă  l’essentiel des membres d’un gouvernement sans coordination. Avec Macky SALL, c’est la consĂ©cration des cancres et des vieux insolents qui, en plus d’ĂȘtre limitĂ©s, passent pour des intouchables. Cheikh Oumar HANNE, qui a Ă©crit ses lettres de noblesse dans les registres de l’OFNAC, se positionne au-dessus de la Loi. A la tĂȘte du Centre des Ɠuvres universitaires de Dakar (COUD), il a Ă©tĂ© accablĂ© par le rapport 2014-2015 de l’organe de contrĂŽle qui n’a pas uniquement fait Ă©tat de mauvaise gestion. Nafi Ngom KEÏTA et ses services ont parlĂ© de «dĂ©tournements», de «subventions sans bĂ©nĂ©ficiaire», de «menaces et intimidation sur les enquĂȘteurs de l’OFNAC». Ceux qui, Ă  la lecture de ce rapport accablant, avaient prĂ©dit la guillotine pour le mis en cause ont eu le temps de mesurer l’ampleur de leur dĂ©senchantement. De directeur COUD est passĂ© Ă  ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation. Si Cheikh Oumar HANN a laissĂ© les enquĂȘteurs fouiller sa gestion, Moustapha DIOP, lui, n’avait mĂȘme pas donnĂ© cette occasion aux magistrats de la Cour des comptes. Alors ministre dĂ©lĂ©guĂ© auprĂšs du ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, chargĂ© de la Microfinance et de l’Economie solidaire, le maire de Louga leur a donnĂ© un coup de pied lĂ  oĂč cela fait mal quand ils ont voulu savoir comment le Fonds national de la promotion de l’entrepreneuriat fĂ©minin est gĂ©rĂ©. Les traitants de «petits magistrats de rien du tout», Moustapha DIOP s’est dĂ©foulĂ© sur les vĂ©rificateurs qui sont partis s’en offusquer. «Il a tenu d’autres propos que la morale rĂ©publicaine et la biensĂ©ance nous empĂȘchent de relever dans ce communiquĂ©. Une telle attitude venant d’un ministre de la RĂ©publique est ahurissante et remet en cause les fondements sur lesquels est assis l’Etat de droit. L’attitude de M. DIOP tĂ©moigne d’une ignorance des fondements de la RĂ©publique et de ses rĂšgles de fonctionnement, ou d’une crainte immodĂ©rĂ©e du contrĂŽle envisagé», avait rĂ©agi la Cour des comptes. Nonobstant ces dĂ©nonciations de hauts magistrats et les appels au limogeage de l’Union des magistrats sĂ©nĂ©galais (UMS), Moustapha DIOP est passĂ© de ministre-dĂ©lĂ©guĂ© Ă  ministre de l’Industrie et de la Petite et moyenne industrie.

Si tous ces ministres, sinistres inconnus avant 2012, continuent Ă  prĂ©sider aux destinĂ©es des SĂ©nĂ©galais c’est parce que celui que ces derniers ont Ă©lu les a choisis, parmi bien d’autres. Seulement, avec ces hommes et femmes, Mack SALL, qui est Ă  leur image, est assurĂ© qu’elle ne viendrait pas de l’intĂ©rieur la voix contestant ses vellĂ©itĂ©s de se maintenir au pouvoir.

*gazelles

Mame Birame WATHIE

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