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mardi, mai 21, 2024
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Khalifa Sall, la renaissance de l’alchimiste

par pierre Dieme

Grand architecte de la coalition de Yeewi Askan Wi, Khalifa Sall a grandement contribué à cette percée de la coalition « Yewwi Askan Wi » dans beaucoup de grandes villes, notamment à Dakar. Cette forte percée constitue pour l’ancien maire de Dakar un retour en grâce qui se repositionne dans le jeu politique en vue des prochaines législatives (2022) et présidentielle en (2024).

La dernière image politique marquante de Khalifa Sall avait été cette mine déconfite, le visage triste et l’air abattu laissant couler quelques larmes sur ces joues, lors de cette fameuse conférence à l’Hôtel de Ville, le 6 mars 2021, qui faisait suite à l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre. Le leader de Taxawu Ndakaru sentait l’emballement de la machine judiciaire qui allait l’envoyer à Reubeus pour 5 ans, à la suite d’une condamnation pour complicité de faux et usage, corruption et détournements de fonds.  

Sa grâce présidentielle, le 29 septembre 2019, n’effacera pas cette amertume et tristesse de voir ses rêves présidentiels qui s’effondrent  

Mais, comme tout le monde le sait, en politique, on ne meurt jamais, on renaît toujours. Et il en faut plus pour mettre fin à la carrière de ce Socialiste vert d’ambitions et d’abnégation. Fin négociateur, il a patiemment tissé sa toile pour constituer, en quelques mois, avec l’appui de quelques leaders de l’opposition Yeewi Askan Wi : une force de frappe qui secoue tout le “Macky”. Cet agrégat de partis et de mouvements de la société civile regroupe, entre autres : Taxawu Sénégal, Pastef, Le Grand Parti, PRP, ainsi que des mouvements citoyens (M2D, Mouvement Guédiawaye La Bokk…).

Tel un alchimiste, il réussit, à quelques mois des élections locales, à réunir autour d’un objectif commun une alliance avec des personnalités politiques aux caractères bien différents : les fougueux Ousmane Sonko et de Barthélémy Dias, les flegmatiques Habib Sy, Déthié Fall et Babacar Diop, en passant par les expérimentés Aïda Mbodj et Cheikh Guèye. 

Khalifa Sall, cheville ouvrière de l’unité de YAW

Durant tous ces mois précédents le scrutin, l’architecte non moins leader de la coalition Yeewi Askan Wi (YAW) tempère, menace, séduit et convainc les responsables frustrés, à l’issue des investitures. En fin médiateur, il apaise les rancœurs et réconforte-les déçus des listes de YAW dans le but de préserver l’unité de la coalition. Dans la bataille fratricide opposant Barthélemy Dias et Soham El Wardini pour le poste de candidat de Yeewi Askan Wi pour la ville de Dakar, il décide de ne pas s’ingérer sur ce dossier, laissant les structures de la coalition trancher la question en faveur de son fidèle lieutenant à Taxawu Ndakaru.

Durant la campagne, Khalifa Sall a décidé de se mettre en retrait, préférant se focaliser sur le bon fonctionnement de YAW, laissant la lumière à Ousmane Sonko pour galvaniser les troupes de Yewwi Askan Wi dans différentes communes du pays. Depuis le 23 janvier 2022, l’ancien maire de Dakar savoure son retour en grâce au cœur du jeu politique sénégalais, avec la victoire de la coalition Yeewi Askan Wi dans la capitale La victoire de ses fidèles lieutenants dans différentes mairies : Madiop Diop (Grand Yoff), Cheikh Gueye (Dieuppeul), Palla Samb (Point E), Babacar Mbengue (Hann), ainsi que le raz-de-marée de YAW à Dakar remet en selle Khalifa Sall dans la perspective de la reconfiguration politique au Sénégal, pour la Présidentielle de 2O24.

Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Sall : “Khalifa Sall n’a jamais quitté la scène politique” 

Pour son conseiller politique Khalifa Sall, Moussa Taye, cette victoire ne symbolise nullement un retour de Khalifa Sall dans le jeu politique. « Khalifa Sall n’a jamais quitté la scène politique et il a été injustement emprisonné et révoqué de la mairie de Dakar, puis radié de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, après son élargissement, il avait affirmé orbi et urbi qu’il restait dans l’opposition et qu’il travaillerait à assurer l’unité de cette dernière. On peut donc déduire que la construction de YAW est née, entre autres, de la volonté de Khalifa Sall. Il y a joué un grand rôle à côté d’autres grands leaders pour l’ouverture, la création et la consolidation de YAW. Aujourd’hui, la percée de YAW dans plusieurs grandes villes, notamment à Dakar, est pour nous Taxawu Sénégal un réel motif de satisfaction », déclare le responsable de Taxawu Sénégal, avant de s’empresser de souligner que la dynamique de l’opposition n’est pas prête de s’estomper.

« Si vous relisez la charte de YAW, il est clairement dit que la charte devait exister jusqu’en 2024. La coalition devait se maintenir jusqu’en 2024. Cette unité doit se faire en trois étapes : Locales, Législatives et Présidentielle. Au sortir des Locales, on va examiner le scrutin, afin de voir comment cheminer vers les Législatives avec l’objectif de les gagner pour mettre en place un gouvernement pour réformer le pays », clame le membre de YAW.

Et ne dites surtout au responsable de Taxawu Sénégal que le but ultime de cette probable victoire, lors des Législatives, est la quête de l’amnistie pour le leader de Taxawu Sénégal « Nous n’avons pas de fixation sur l’amnistie pour Khalifa Sall. Nous continuons à travailler pour le succès de YAW aux Locales et aux prochaines Législatives. Maintenant qu’on sera majoritaire, notre but est de remettre le pays sur de bons rails », soutient le responsable politique. 

Son ancien compagnon à Taxawu Ndakaru et réélu à la mairie de la Medina sous les couleurs de Guem Sa Bopp, Bamba Fall, se veut plus explicite sur la contribution de l’ancien député à la victoire de YAW. « C’est Khalifa Sall qui a gagné à Dakar à 80%. C’est la revanche de Khalifa Sall”, a-t-il déclaré dans les colonnes d’E-media. 

Une victoire de YAW au goût de revanche sur le destin 

Et l’analyste politique Ibrahima Bakhoum d’abonder dans le même sens, dans la mesure où, cette nette percée de Yeewi Askan Wi constitue une revanche sur son parcours politique, une confirmation de son leadership dans la capitale et un positionnement fort de Khalifa Sall dans le jeu politique sénégalaise. « Ce succès le repositionne totalement pour 2024, car, d’une manière ou d’une autre, je crois qu’il travaille dans cette perspective pour 2024. Il retrouve des forces physiques et morales avec cette percée électorale”, affirme-t-il d’entrée.

“Le président Macky Sall avait fait allusion à une possible amnistie de Khalifa Sall, même si ce dernier répète qu’il n’avait rien demandé. Si on arrive aux législatives et que les résultats ressemblent aux locales. Ça serait très compliqué pour Macky Sall, sur le plan politique, dans ce cas, il peut se dire comme je veux apaiser la scène politique sénégalaise, en réhabilitant Khalifa Sall dans le respect des contours des lois et règlements prévus par la loi sénégalaise. Parce qu’un Khalifa Sall réhabilité pourrait peser sur la vie politique en 2024 », déclare le journaliste.

Quant aux risques d’un choc des ambitions entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko, les deux leaders de YAW dans la perspective de la présidentielle de 2024, l’ancien directeur de publication de Sud Quotidien se veut optimiste. « Je pense qu’ils ont largement le temps pour définir les contours de leur alliance, avant cette date fatidique de 2024. Rien n’empêche les deux personnalités de s’entendre sur leur partenariat, en vue de la Présidentielle de 2024. Je ne vois de scission qui verrait Ousmane Sonko passer par ici et Khalifa Sall par-là », déclare-t-il.  

Makhfouz NGOM

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