Mais qu’ont-ils donc à avoir peur de dire librement leur opinion ? Serions-nous dans un régime dictatorial où ceux qui n’émettent pas dans le même sens que le Chef doivent être décapités ? C’est symptomatique que des gens puissent ainsi se livrer à des contorsions juridiques compliquées pour des choses pourtant simples.
Au départ, il fallait faire taire le débat sur le troisième mandat. Privilégier l’action à la parole. Mais à l’exercice des faits, seuls ceux qui répandaient l’idée que le Chef était à son dernier mandat étaient châtiés. Les trois premiers ayant osé dire cela ayant été défénestrés, voire castrés, la peur s’est installée dans les rangs, personne n’osant plus l’ouvrir. Il nous parait indécent et immoral que le Chef puisse penser à un mandat de trop après avoir farouchement lutté pour que son prédécesseur ne fasse pas un troisième mandat. Surtout que sa volonté était de fermer définitivement ce débat improductif avec un référendum qui a couté des milliards au Trésor.
Rien que pour ça, son entourage et ses alliés doivent avoir assez de courage pour dire leur pensée sans crainte. C’est lâche de ne penser que dans le sens voulu par celui qui nomme. C’est également indigne que des gens ne pensent qu’à leurs intérêts bassement matériels au détriment de l’intérêt général. De profiter des privilèges que procure l’Etat en mentant. Incapables qu’ils sont d’exprimer leur propre jugement.
Des voix autorisées dans l’armée mexicaine ont dit que le Chef est à son dernier mandat. Il serait affligeant de les voir revenir nous tenir un autre langage. A les voir occuper l’espace médiatique, jurant sur tous leurs saints qu’ils n’ont jamais dit que le Chef est à son dernier mandat, on est saisis par le dégoût. Mentez, mentez, messieurs-dames, il en restera toujours quelque chose !
KACCOOR BI
Ousmane SONKO et l’affaire «sweet beauté»
Dans l’une de ses contributions, M. Abdoulaye Thiam, dans un élan patriotique, invite à «un sursaut national…avant qu’il ne soit trop tard».
Cet appel, lancé dans un contexte où il existe en chacun de nous une crainte qui est entretenue par l’inquiétude du futur que pourrait réserver au pays le dénouement de l’affaire «sweet beauté», nous interpelle tous.
C’est pourquoi, nous avons pris la résolution de nous saisir de la trame de cette affaire pour en examiner les contours.
Dès l’entame de nos investigations, la question s’est posée de savoir pourquoi la dame Ndeye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage, a été placée sous contrôle judiciaire alors que les enquêteurs de la section de recherche n’avaient relevé aucune infraction à son encontre ?
Mieux, en examinant les documents dont nous disposons, il nous a été donné de constater que non seulement la plaignante, à qui incombe la charge de la preuve, n’avait rapporté aucun élément de preuve, mais les officiers de police judiciaire n’avaient recueilli aucun indice ou témoignages permettant d’asseoir la thèse du viol ou la culpabilité de madame Ndeye Khady Ndiaye en quoi que ce soit. De plus, le certificat médical, qui ne confirmait d’ailleurs pas les allégations de la plaignante, tombait sous le coup de l’article 167 CPP et devait être placé sous scellé puis déposé au greffe du tribunal.
Donc, dans le dossier de l’enquête préliminaire, il n’y était signalé aucun des éléments constitutifs du viol prévus par l’article 320 CP, ni même un seul fait infractionnel.
Dès lors, il apparaissait clairement qu’un dilemme s’était posé au procureur de la république au moment de saisir in rem le juge d’instruction par un réquisitoire introductif. Mais, il fallait vaille que vaille trouver le moyen d’estampiller l’opposant Ousmane SONKO d’infamie, comme ce fut le cas pour Khalifa Sall et Karim Wade.
C’est alors que l’idée de «fabriquer» une infraction aux bonnes moeurs a germé dans le but de convaincre l’opinion que le salon de massage «sweet beauté» est un lieu malfamé, un lieu de débauche.
Pour arriver à cette fin, il fallait d’une part falsifier les procès verbaux en les expurgeant, par exemple, en faisant disparaître le passage où il était écrit que madame Ndeye Khady Ndiaye avait renvoyé la plaignante parce qu’elle l’avait surprise à califourchon sur un client; et d’autre part, procéder à un faux en insérant dans le dossier de l’enquête préliminaire des photos obscènes.
Si l’on sait qu’une jurisprudence constante considère comme proxénète le propriétaire d’un salon de massage qui propose ou publie des images obscènes, on conçoit avec amertume que dans cette affaire, madame Ndeye Khady Ndiaye, mère de famille, a été utilisée à son insu pour atteindre et éliminer un adversaire politique.
En parvenant à ce constat, nous avons été consternés de savoir que par suite de supercheries, de mensonges, de faux et de falsification, 14 jeunes citoyens avaient été tués et plusieurs centaines blessés.
Quant au député-maire Ousmane SONKO, il a été dépouillé de son immunité parlementaire sur la base d’un dossier falsifié.
Aujourd’hui, la rumeur parle de «procès moral».
Mais, c’est peut-être ignorer qu’en l’espèce, il ne peut s’agir que d’un procès pénal. Or, pour qu’il y ait procès pénal, il faut qu’il y ait une situation de faits préalablement caractérisés par rapport à la loi pénale.
À ce propos, il relève du devoir des avocats de Ndeye Khady Ndiaye et de Ousmane SONKO, de faire valoir les droits de leurs clients.
Dans tous les cas, il ressort de l’exposé supra, que d’une affaire de viol fictif, est née une affaire beaucoup plus grave, qui entache l’honneur et la crédibilité de la Justice et de la Gendarmerie. Cette nouvelle affaire appelle évidemment l’intervention du chef de l’Etat Macky Sall qui doit, en la circonstance, porter en bandoulière l’article 37 de la Constitution pour que notre pays, qui fut pendant des décennies le miroir de la démocratie en Afrique, ne soit pas regardé comme le pays de l’arbitraire et de la tyrannie où magistrats et gendarmes fabriquent la culpabilité des leaders de l’opposition.
Espérons seulement que la suite qui sera donnée à ces dérives qui désintègrent la République de l’intérieur, ne confirmera pas ceux qui, actuellement, soutiennent avec conviction que sous le régime de Macky Sall, le Senegal est propulsé aux temps où Pierre Corneille écrivait que «sous l’absolutisme les crimes commis par le monarque ou pour le monarque, sont absous».
Il y a un peu de lâcheté mais je peux comprendre le silence des collaborateurs du Président. En revanche, ceux qui veulent s’engager dans la voie du « C’est possible » ont oublié le sens du mot dignité. Or, il en faut pour vivre dans une société humaine. Macky Sall est un simple mortel et sait parfaitement que ce qui a été refusé à Abdoulaye Wade ne lui sera pas accepté. Du reste, de sa propre bouche, il ne dit pas le contraire. Ce sont des laudateurs de la dernière heure qui ont sans doute fait germer cette fausse bonne idée qui ne devrait pas faire débat : La Constitution interdit de faire plus de deux mandats consécutifs.
Bonne fin de ramadan.