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Afrique de l’Ouest : la révolution par les militaires !

par pierre Dieme
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Le Burkina Faso, le pays des hommes intègres, vient d’être secoué par un coup d’Etat perpétré par l’Armée. La situation est encore confuse jusqu’à ce lundi, mais une déclaration émanant d’officiers de l’Armée a mis fin aux doute et a permis de confirmer le coup de force et le fait que le Président Roch Marc Kaboré soit aux arrêts.
C’est sans doute Blaise Compaoré qui se frotte les mains. Car, depuis son départ, le pays ne cesse de connaître des troubles, dont des attaques djihadistes à répétition. Qu’à cela ne tienne, ce coup de force est le troisième du genre après les deux du Mali et celui de la Guinée sans oublier ce qui s’est passé au Tchad. Et comme en droit, il suffit de deux pour parler d’habitude, les trois ou quatre nous permettent de dire que nous vivons le retour à l’ère des coups d’Etat en Afrique et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest. Car, manifestement, la situation au Mali a eu un effet de contagion et les militaires dans les casernes ont repris goût à la gestion du pouvoir. Pour le reste, c’est facile de justifier d’autant plus qu’il y a toujours des raisons objectives pour s’en prendre à un régime.

Aujourd’hui, donc, nous vivons une ère de révolution du fait des militaires qui, nostalgiques, pensent être plus aptes que la classe politique à diriger les pays. Le prétexte souvent avancé est l’incapacité des hommes politiques à apporter des réponses adéquates et surtout à apporter des réponses idoines aux préoccupations des uns et des autres. Pour le Mali et le Burkina Faso, les attaques djihadistes sont les principaux motifs de mécontentement des Armées que l’on envoie au front sous-équipés face à des extrémistes mieux armés. Et pour la Guinée, c’est le coup d’Etat constitutionnel d’Alpha Condé que l’on avance. Comme on le voit, les prétextes ne manquent pas mais la réalité ne change pas depuis les années 60 : L’Armée prend le pouvoir et parle de salut national, de transition parfois de cinq ans ou sine die.

La réalité est que le malaise est plus profond : Les militaires ne veulent plus assister en spectateurs au partage du pouvoir donc du gâteau et se contenter d’aller mourir au front. Avec les exemples plus proches de Thomas Sankara et plus lointains du Général De Gaule, ils se disent qu’ils peuvent jouer leur partition à ce niveau à chaque fois que la situation du pays le recommande. Mais, ce qui est intéressant à noter, c’est que le Mali a donné l’exemple d’une forme de rébellion contre la dynamique encore récurrente de la françafrique. Et les armées des autres pays rêvent d’en faire de même. Car, au-delà des armées, c’est le rêve de toute une jeunesse africaine, de cadres avertis et d’une bonne partie de la population ouest-africaine.

Et contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas un sentiment anti-français. C’est plutôt une révolte contre les politiques françaises en Afrique. Et la nuance est importante. En Afrique notamment de l’Ouest aujourd’hui, les populations rêvent d’une nouvelle forme de partenariat avec les pays amis. Celui axé non pas sur des relations de condescendance, mais sur celles, franches, de gagnant-gagnant. Les relations sont tellement inégalitaires et la logique coloniale tellement vivace que l’Afrique d’aujourd’hui veut tourner la page. Et ce sont les armées qui portent le combat de la liquidation des hommes politiques dits ‘’collaborateurs’’ ou ‘’complices’’ et de la réaffirmation de la souveraineté et de l’identité africaine.

Alors, il y a manifestement un effet de contagion des coups d’Etat d’autant plus que les peuples semblent approuver tout cela. Une situation qui met naturellement les Chefs d’Etat de la Cedeao dans tous leurs états. Car, manifestement, chacun d’eux est aujourd’hui en sursis. Et ceci d’autant plus vrai que les sanctions sévères prises contre le Mali n’ont dissuadé personne.

Les Armée seront d’autant plus promptes à agir qu’un nouvel ordre est en gestation en Afrique dans un contexte de corruption généralisée qui oblitère tous les efforts de développement en plus de l’inféodation des dirigeants actuels aux anciennes puissances.

Et à l’heure actuelle, personne ne connaît la recette pour stopper la série des coups d’Etat aux allures de révolution. La tendance du moment…

Assane Samb

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