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dimanche, mai 19, 2024
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Affectation de nouveaux greffiers à la CREI : L’Etat renforce une juridiction «non fonctionnelle»

par pierre Dieme

L’affectation de deux greffiers à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) risque de créer des polémiques. Pour bon nombre d’observateurs, cette juridiction spéciale, remise en orbite par le président de la République, n’a plus sa raison d’être.

Un arrêté de Ismaïla Madior Fall, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, a créé un vaste mouvement dans l’administration des greffes. Une soixantaine d’auxiliaires de justice ont été mutés dans les cours et tribunaux et dans l’administration générale. La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) n’a pas été en reste. Cette juridiction spéciale a été renforcée avec deux nouvelles affectations. Il s’agit de Mes Ameth Touré, précédemment en service au tribunal de grande instance de Saint Louis et Moussa Kouyaté, précédemment en service au tribunal de grande instance de Kaolack. Seulement, cette juridiction spéciale, depuis la condamnation de Karim Wade, fils de l’ancien chef de l’Etat, est dormante. Elle n’a instruit aucune autre procédure depuis 2015. «Ce qui est plus honteux dans ce mouvement, c’est que d’autres collègues sont déchargés ou promus à la Crei, juridiction non fonctionnelle pour défaut de contentieux», a dénoncé, dans une déclaration, l’Union nationale des travailleurs de la justice (Untj).

Selon des sources, Ameth Touré et Moussa Kouyaté sont consécutivement chargés de revendications du Sytjust et représentant à Kaolack dudit syndicat. Ils rejoignent à cette juridiction leur secrétaire général, El Hadji Boun Ayé Malick Diop et Souleymane Jules Guèye. D’après toujours le communiqué de l’Untj, ces derniers gagnent «des indemnités mensuelles largement supérieures aux salaires de leurs collègues qui supportent la charge de travail dans des bureaux et salles d’audience très souvent inadéquats». Des primes mensuelles qui varient, selon des estimations, entre 400 et 500 mille francs Cfa. Une faveur qui risque de déclencher une grogne dans les rangs des greffiers et corps assimilés. «La gestion du personnel du greffe est calamiteuse et clientéliste. Elle ne repose sur aucun critère objectif. Ainsi, les liens familiaux ou affectifs et l’appartenance syndicale ou politique priment sur l’ancienneté et la compétence», s’offusque le bureau exécutif national de l’Untj. «Cette mesure injuste, portée sur des acteurs de la justice, démontre encore une fois que l’Etat de droit est mal en point au Sénégal et agrandit la rupture de confiance que des Sénégalais ont envers la justice», conclut le document.

Par ailleurs, la Crei, dotée d’un budget de fonctionnement de plusieurs centaines de millions, n’a instruit aucune autre affaire depuis les dossiers Karim Wade, Bibo Bourgi et Tahibou Ndiaye, en 2014 et 2015, sur les 25 dossiers alors enrôlés. Remise en place par Macky Sall, lors de son arrivée au pouvoir, cette juridiction créée par Abdou Diouf, au-delà des greffiers, dispose d’un Procureur spécial, des adjoints, d’un juge d’instruction, d’une Chambre d’accusation. Contacté par WalfQuotidien, le secrétaire général du Sytjust minimise. Selon lui, la Crei est un service comme tous les autres. Elle fonctionne comme toute autre juridiction. Malgré cette précision et des éclaircissements sur le mode de saisine de cette juridiction, les scandales financiers se multiplient dans le pays.

Salif KA

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