Le Sénégal franchit un nouveau cap dans sa quête de souveraineté alimentaire. En marge de la visite officielle du Premier ministre Ousmane Sonko en Turquie, Dakar a scellé, le 9 août dernier, un protocole d’accord avec le groupe turc Albayrak pour implanter une usine d’assemblage de tracteurs sur son sol. Ce projet, pensé pour desservir l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, ambitionne d’accélérer la modernisation des exploitations et de réduire la dépendance aux importations alimentaires.
Porté par le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage (MASAE) et le ministère de l’Industrie et du Commerce (MINCOM), l’accord prévoit l’assemblage local de tracteurs, moissonneuses et motoculteurs, adossé à un dispositif complet de services après-vente, de maintenance et de fourniture de pièces détachées. Un programme de formation agricole moderne verra le jour, via une école professionnelle dédiée, afin d’assurer le transfert de savoir-faire et de compétences.
Dès sa mise en œuvre, l’initiative mettra à disposition des agriculteurs 1 500 tracteurs, 1 500 moissonneuses et 1 500 motoculteurs, loués dans des conditions encadrées par la réglementation nationale, avec une subvention partielle de l’État pour en faciliter l’accès. L’usine de montage, prévue à moyen terme, s’accompagnera d’un réseau opérationnel couvrant maintenance, assistance technique et formation continue.
Pour concrétiser ce projet structurant, l’État s’engage à mobiliser des zones industrielles aménagées, à appliquer le Code des investissements et à simplifier les procédures administratives. De leur côté, Albayrak et ses partenaires locaux assumeront la fourniture des équipements, l’accompagnement technique et le partenariat actif avec les entreprises sénégalaises. Plusieurs opérateurs nationaux, à l’instar d’Oumou Group et Diass Industries, ont déjà manifesté leur engagement, illustrant l’importance de la coopération entre secteur public et secteur privé.
Habitué aux projets d’envergure sur le continent – des ports en Somalie, Guinée ou Congo à la gestion des transports publics – le groupe Albayrak mise cette fois sur l’agriculture comme levier de développement. En conjuguant technologie moderne et formation locale, il entend contribuer à bâtir un écosystème agricole ouest-africain plus productif, plus compétitif et moins dépendant de l’extérieur.
Sika Finance