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samedi, avril 27, 2024
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Une prolongation du mandat de Macky Sall est-elle envisageable ?

par pierre Dieme

Alors que les commentaires vont toujours bon train sur les deux jours de manifestations vécus la semaine dernière par notre pays, les manœuvres se poursuivent pour trouver des solutions de sortie de crise

Alors que les commentaires vont toujours bon train sur les deux jours de manifestations vécus la semaine dernière par notre pays, les manœuvres se poursuivent pour trouver des solutions de sortie de crise. C’est dans ce cadre que le chef de l’État s’est rendu à Touba lundi pour s’entretenir avec le khalife général des Mourides. Selon des sources non confirmées, la question du troisième mandat aurait été abordée au cours de cette entrevue et le chef de l’État aurait souhaité prolonger celui en cours de deux ans.

Les manifestations sanglantes qui ont secoué notre pays la semaine dernière et ayant occasionné de nombreux dégâts humains et matériels ont poussé des médiateurs à reprendre du service. Parmi eux des religieux qui, fidèles à leur rôle de régulateurs sociaux et comme à chaque fois que le pays traverse des moments de troubles, ont offert leurs bons offices. C’est pourquoi la visite du chef de l’État au khalife général des mourides ce lundi dans la soirée n’a pas été une grande surprise. Ce même si, au terme de l’entretien entre ces deux éminentes personnalités à savoir Serigne Mountaga Mbacké et le président Macky Sall, aucune déclaration n’a été faite. Comme l’écrivait dans ces colonnes notre collaborateur Amadou Ly Diome deux jours après cette audience, la question du troisième mandat aurait figuré en bonne place de cet entretien. Cette question, en même temps que celle de l’éligibilité du principal opposant Ousmane Sonko remise en cause par sa condamnation ferme à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », faisaient assurément partie des éléments déclencheurs des émeutes de jeudi et vendredi derniers. Ce même si la cause directe de ces manifestations c’était le verdict de la chambre criminelle du tribunal de grande instance hors classe de Dakar dans le procès est le verdict très contesté rendu par la chambre criminelle dans le procès pour « viols » et « menaces de mort » opposant la masseuse Adji Sarr au leader de Pastef.

Toujours est-il qu’à la suite des graves troubles survenus, le président de la République aurait promis au patriarche de la ville sainte de Touba renoncer à une troisième candidature. En même temps, il aurait émis le vœu de rester deux années de plus après la fin de son mandat devant expirer en février prochain. Ce pour se donner les moyens de rétablir l’ordre dans le pays après les évènements passés, de permettre à tous ceux qui sont sous le coup d’une condamnation judiciaire, y compris Ousmane Sonko, de pouvoir participer à la prochaine présidentielle et de gérer les premières conséquences de l’exploitation du gaz et du pétrole découverts dans notre pays. Et d’après toujours ces mêmes sources, le chef de l’État aurait fait valoir que, pour faire tout cela, il a besoin de temps. En outre, il a assuré au Khalife que les points inscrits dans les termes de référence du dialogue feront l’objet de larges discussions qui aboutiront à des consensus devant être appliqués à la lettre.

Prolongation du mandat : Mimi Touré met en garde, Bougane avait alerté…

Si la promesse qu’aurait faite le chef de l’État au khalife général des Mourides de ne pas briguer un troisième mandat devait se concrétiser, elle devrait beaucoup contribuer à désamorcer la bombe sociale sur laquelle notre pays est assis. Mais depuis le lancement officiel du dialogue national le mercredi 31 mai dernier, l’espoir de voir le président Macky Sall revenir sur l’intention qui lui est prêtée de briguer un troisième mandat a commencé à germer dans l’esprit de certains. Ils l’expliquent par la réponse apportée aux orateurs qui ont saisi l’occasion du lancement solennel des travaux du dialogue national pour l’interpeller sur la question.

Dans sa réponse, le président avait fait savoir que la question pouvait être inscrite sur les points à discuter au cours de ces assises avant d’ajouter qu’aucun sujet n’est tabou. Une réponse perçue par beaucoup d’observateurs comme une volonté d’aller dans le sens d’un renoncement. Le fait de concéder que « vous pouvez me demander ce mandat mais dans la courtoisie » serait un moyen pour le président de s’aménager une porte de sortie sur cette question.

S’agissant du rabiot de deux ans que désirerait Macky Sall, si une partie de la classe politique présente au dialogue serait prête à l’accepter, la frange dite radicale de l’opposition absente de ce dialogue ainsi qu’une grande partie de la population ne veut pas en entendre parler. Déjà, des voix commencent à se faire entendre pour exprimer leur opposition à cette possibilité. C’est le cas de l’ancienne Première ministre Mme Aminata Touré.

A travers un post sur sa page Facebook, elle a fait savoir que «l’élection présidentielle devra impérativement se tenir à date échue en février 2024 avec la participation de TOUS les candidats. Seul le Président Macky Sall n’y participera pas selon les dispositions très claires de la Constitution. Aucun report de l’élection présidentielle ne peut être envisagé».

Avant elle, le président du mouvement Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dany, avait alerté sur ce qu’il avait appelé un « deal ». Selon lui, le chef de l’État a initié ce dialogue pour négocier une prolongation de son mandat de deux ans. C’est pourquoi lui, Bougane, il a refusé de prendre part à ce dialogue. Le F24, très hostile à toute tentative du président de se représenter en 2024, risque de durcir le ton si cette éventualité est envisagée. D’ailleurs, il prévoit de tenir des actions pacifiques ce vendredi et ce samedi pour soutenir Sonko, exiger la libération des détenus politiques, exiger que la lumière soit faite sur les morts enregistrées lors des manifestations de la semaine dernière et, bien sûr, lutter contre le troisième mandat.

En attendant d’avoir d’autres développement sur cette intention prêtée au chef de l’État de prolongation de mandat, nous assistons à une accalmie. Les activités économiques reprennent petit à petit même si la tension reste encore vive et les populations préoccupées par les préparations de la fête de Tabaski qui s’approche ne savent toujours pas où donner de la tête.

El Hadji SOW

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