Les révélations autour du « Sukuk Ijara Sogepa SN 2022 » prennent une tournure explosive. Selon le quotidien Libération, la Division des investigations criminelles (Dic), en s’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes, est en train de mettre à nu un scandale financier qui dépasse de loin les premiers constats.
Un Sukuk de 330 milliards au cœur du tumulte
À l’origine, l’opération portait sur un montant colossal de 330 milliards de FCFA, levé par la Banque islamique du Sénégal (BIS) en partenariat avec l’État, avec l’appui d’autres structures comme Cgf Bourse. Un mécanisme financier présenté comme une bouffée d’oxygène pour l’économie nationale, mais qui cache, selon les enquêteurs, de graves irrégularités.
La Cour des comptes avait déjà pointé du doigt des dépenses de 114 milliards de FCFA effectuées en dehors de toute procédure comptable. Mais la Dic, en creusant davantage, a découvert des flux financiers encore plus troublants.
70 milliards siphonnés, 5,6 milliards en commissions obscures
D’après les investigations, la BIS aurait ponctionné à la source 70 milliards de FCFA pour solder de présumées dettes de l’État. Jusque-là, une décision contestable mais qui pourrait, en théorie, trouver une justification administrative.
Là où le scandale s’épaissit, c’est sur les 5,6 milliards de FCFA de commissions versées à des intermédiaires dont l’identité et le rôle réel restent flous. Interrogé par la Dic, l’ancien directeur général de la BIS, Mouhamadou Madana Kane, a étonnamment déclaré avoir « oublié » les détails de l’opération, tout en insistant que tout se serait fait « dans les règles ».
Des virements suspects au Trésor public
Comme si cela ne suffisait pas, la Dic a mis au jour un autre mouvement troublant : le 16 mai 2022, pas moins de 50 milliards de FCFA ont été virés dans un compte du Trésor public logé à Ecobank. Particularité de cette opération : le compte, qui contenait déjà 5,9 milliards de FCFA, a été clôturé le jour même. Un enchaînement qui intrigue fortement les enquêteurs.
Dakaractu