Le Sénégal et le Kenya arrivent en tête de l’Indice de réglementation de l’électricité en Afrique de la Banque africaine de développement, grâce à des réformes concrètes menées par les régulateurs. C’est ce qui ressort d’un communiqué de la BAD rendu public vendredi.
Le Kenya et le Sénégal occupent les premières places de l’édition 2024 de l’Indice de réglementation de l’électricité en Afrique (ERI) publié par la Banque africaine de développement. D’après le document, ceci illustre des progrès exceptionnels en matière de gouvernance du secteur de l’électricité et de résultats réglementaires. Cette évaluation complète, officiellement dévoilée vendredi, lors du Forum africain de l’énergie au Cap, évalue les cadres réglementaires de 43 pays africains.
L’Ouganda, le Liberia et le Niger complètent le top 5 des pays les plus performants, le Niger enregistrant l’une des plus fortes progressions, soulignant l’impact significatif des réformes soutenues et de l’engagement politique en faveur du développement du secteur de l’électricité.
« L’ERI 2024 montre que les régulateurs africains intensifient leurs efforts. Nous voyons maintenant des institutions plus solides obtenir des résultats concrets pour les services publics et les consommateurs. Cette évolution est essentielle si nous voulons réaliser la Mission 300 et raccorder 300 millions de personnes à l’électricité d’ici à 2030 », déclare Kevin Kariuki, vice-président du Groupe de Banque africaine de développement chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte.
L’ERI évalue, rappelle la BAD, trois dimensions au plan réglementaire. Il s’agit de la gouvernance, du contenu et des résultats (ROI). « Il convient de noter que le ROI, qui suit la prestation de services et la performance des services publics, a enregistré l’amélioration la plus substantielle sur le continent », renseigne le texte.
Des progrès remarquables réalisés par le Sénégal en matière de réforme tarifaire
Les principales conclusions de l’ERI 2024, montrent que le Kenya et le Sénégal sont en tête avec un score de 0,892. Ce qui reflète, selon les experts de la BAD, des progrès remarquables en matière de réforme tarifaire, de résultats réglementaires et de performance des services publics. « Pas moins de 41 des 43 pays participants ont obtenu des scores RGI supérieurs à 0,5, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 24 pays qui avaient atteint ce score en 2022. Le nombre de pays ayant obtenu un score inférieur à 0,500 a considérablement diminué, passant de 19 en 2022 à seulement 6 en 2024 », rapporte le document.
L’ERI, qui en est maintenant à sa septième édition, montre une forte dynamique en faveur d’une réglementation plus efficace, plus transparente et avec plus d’impact, avec des résultats concrets qui commencent à émerger. Pour la première fois, l’ERI 2024 a également évalué les organismes de régulation régionaux, reconnaissant leur rôle croissant dans l’harmonisation des normes techniques et la facilitation des échanges transfrontaliers d’électricité. En tant qu’épine dorsale de la Mission 300, l’ERI continue, selon la BAD, « d’éclairer » la conception et la mise en œuvre des Pactes nationaux pour l’énergie, actuellement en vigueur dans 12 pays et en cours d’élaboration dans 20 autres.
Combler le fossé, relever les défis actuels
Tout en saluant les progrès réglementaires, le rapport appelle à une plus grande attention portée à l’indépendance réglementaire, à la viabilité financière des services publics et à l’intégration des systèmes hors réseau et des mini-réseaux dans les cadres nationaux.
« L’ERI 2024 est porteur d’espoir. Les pays africains ne se contentent pas d’adopter des lois, ils les mettent en œuvre. Les régulateurs, qui étaient auparavant des organismes administratifs, se transforment en institutions stratégiques dotées d’une influence mesurable. Cependant, des défis persistent en matière d’indépendance, de financement et d’application des lois », a déclaré Wale Shonibare, directeur des solutions financières, de la politique et de la régulation de l’énergie au sein du Groupe de la Banque africaine de développement.
En réalité, l’ERI souligne que la réglementation doit se traduire par un meilleur accès, une plus grande accessibilité financière et une plus grande fiabilité, en particulier pour les populations rurales mal desservies. Le rapport définit les domaines prioritaires pour améliorer l’efficacité de la réglementation. Il s’agit particulièrement, de renforcer l’indépendance réglementaire, d’améliorer les mécanismes de responsabilisation, de promouvoir la transparence et la prévisibilité, d’améliorer la participation des parties prenantes. Mais aussi, d’approfondir la réglementation économique et de faire progresser les méthodologies tarifaires reflétant les coûts.
Lancé en 2018, l’ERI est un outil de diagnostic et d’élaboration des politiques utilisé par les gouvernements, les régulateurs et les partenaires du développement pour identifier les lacunes, suivre les progrès et accorder la priorité aux efforts de réforme. L’édition 2024 intègre les nombreux commentaires des services publics, des régulateurs et des organismes régionaux chargés de l’énergie.