Dans une déclaration officielle rendue publique ce week-end, l’Alliance Pour la République (APR), parti de l’ancien président Macky Sall, a vivement critiqué le réaménagement gouvernemental intervenu le 6 septembre 2025. Le parti dénonce une « dérive dictatoriale » du régime en place et pointe un « cap flou » dans la gouvernance du pays.
Prenant acte des changements opérés, notamment aux ministères de la Justice et de l’Intérieur, l’APR estime que ce remaniement marque une volonté du pouvoir de renforcer son emprise sur l’appareil d’État et sur le système judiciaire. Pour le Secrétariat Exécutif National (SEN) du parti, ces mutations ministérielles traduisent « l’approfondissement de l’instauration d’une dictature au Sénégal, assise sur le Parti-État ».
Un écran de fumée pour masquer les échecs ?
Selon l’APR, ce remaniement gouvernemental ne répond à aucune urgence nationale, mais cherche plutôt à détourner l’attention de l’opinion publique des « nombreux dysfonctionnements » que connaît le pays : tensions avec le FMI, mauvaise gestion des inondations, campagne agricole désorganisée, politiques d’emploi inefficaces, entre autres.
Le « gouvernement Sonko 2 », comme l’appelle le parti, est perçu comme le symbole de la « continuité d’une gouvernance tatillonne » et d’un pouvoir obsédé par le règlement de comptes. « Il ne saurait apporter les solutions attendues par nos compatriotes, face à la crise économique que traverse le pays », lit-on dans le communiqué.
Une gouvernance de ressentiment ?
L’APR s’alarme d’un climat politique délétère, nourri, selon elle, par la « culture du ressentiment, la propagation de la haine, le fantasme de la répression systémique et le rêve d’une justice partisane ». Pour le parti, les préoccupations majeures des Sénégalais – vie chère, chômage, inondations – sont reléguées au second plan, au profit de stratégies politiques jugées claniques.
Des arrestations qualifiées de “kidnapping politique”
Autre point de crispation majeur : la situation de certains responsables politiques de l’APR, notamment des maires de grandes agglomérations, actuellement poursuivis pour des motifs que le parti qualifie de « fallacieux ». L’APR y voit une volonté délibérée de neutraliser l’opposition sous couvert de reddition des comptes, alors même que, selon elle, de nombreux scandales – citant notamment les dossiers « Asergate » et « Onasgate » – entachent la gouvernance actuelle.
Appel à la mobilisation et à l’unité de l’opposition
Dans un appel solennel, le Secrétariat Exécutif National de l’APR réaffirme sa confiance envers les magistrats et les acteurs du système électoral, tout en appelant « toutes les forces vives de la Nation à se dresser contre la volonté de déstabilisation » du régime. Le parti exhorte également l’ensemble de l’opposition à faire preuve de « vigilance et d’unité » pour proposer une alternative crédible au pouvoir en place.
Ousmane GOUDIABY