Le dossier explosif mis au jour par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) continue de faire tomber des têtes.
Sur la base du rapport supplétif transmis au Pool judiciaire financier (PJF), le doyen des juges d’instruction a placé sous mandat de dépôt plusieurs personnalités, dont Ibrahima Bâ, fils de l’ancien Premier ministre Amadou Bâ, ainsi que Saliou Sylla et Cheikh Tidiane Seck. Tous sont poursuivis pour association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux commis en bande organisée.
Des figures au cœur des soupçons
Saliou Sylla, présenté comme un acteur clé du dispositif, est accusé d’avoir procédé à des retraits massifs de chèques pour un montant total de 5,597 milliards FCFA depuis les comptes de la société Wodrose Investment Ltd, sans justification économique. Gestionnaire d’un bureau de change, il aurait cité le nom du banquier Seydou Dia, de l’agence Ecobank, pour justifier un virement. Ce dernier, entendu par la Division des investigations criminelles (Dic), a finalement été libéré, mais reste à disposition de la justice.
De son côté, Cheikh Tidiane Seck, chauffeur de l’ancien Premier ministre Amadou Bâ, est soupçonné d’avoir servi de prête-nom à travers la gestion de la société SCI CTS. L’enquête policière l’a également conduit en prison.
Des entreprises dans le viseur
Les investigations ne se limitent pas aux individus. Plusieurs sociétés apparaissent dans le rapport de la Centif, dont SF FARMS SAS — une société d’élevage détenue par les enfants de l’ancien président Macky Sall —, la SCI Newport, la SCP Asa Vinvest basée en Côte d’Ivoire, ou encore la STS Sarl. Ces structures sont soupçonnées d’avoir servi de relais pour dissimuler l’origine de fonds issus de transactions suspectes.
Le fils d’Amadou Bâ incarcéré
Entendu par les enquêteurs, Ibrahima Bâ a contesté les accusations. Il a soutenu avoir apporté un terrain acquis en 2008 dans le cadre d’un projet immobilier mené avec Amadou Sall, fils de l’ancien président. Mais ses explications n’ont pas convaincu les magistrats, qui l’ont inculpé avant de le placer sous mandat de dépôt.
Le rapport de la Centif met en lumière des transactions suspectes estimées provisoirement à 125 milliards de FCFA, impliquant des sociétés écrans et des personnalités influentes. Il décrit un réseau sophistiqué d’entreprises et d’individus destiné à dissimuler l’origine de fonds douteux, parfois en lien avec le Trésor public. Ces révélations, qui citent des proches de l’ancien président Macky Sall et d’anciens ministres, pourraient avoir d’importantes répercussions politiques et financières. L’enquête, toujours en cours, s’annonce tentaculaire.
Cheikh Gora DIOP