Lors de la commémoration de la naissance de Cheikh Anta Diop, au Grand théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, hier, lundi 29 décembre, députés et acteurs culturels ont exigé une réforme profonde des programmes éducatifs. L’objectif est de faire des travaux du savant sénégalais le socle d’une conscience historique retrouvée pour la jeunesse africaine.
« L’Afrique est un mendiant assis sur un fauteuil de diamants ». Ce constat amer, dressé par Nico Junior Boissy, président de la « Marche internationale Dakar-Thiaytou », a donné le ton de la cérémonie commémorative de la naissance de Cheikh Anta Diop hier, lundi 29 décembre 2025.
Entre les murs du Grand théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, l’heure n’était pas seulement au souvenir, mais à l’exigence d’une rupture idéologique et éducative.
Présent à l’événement, le député Aliou Sène, par ailleurs président de la Commission Culture et communication de l’Assemblée nationale, a porté un plaidoyer fort pour la révision des curricula sénégalais. Pour ce professeur d’histoire et de géographie, l’absence persistante des travaux de l’éminent égyptologue dans l’enseignement de base est une anomalie qu’il faut corriger d’urgence.
« Lorsque nous enseignons l’histoire mondiale, nous devons reconnaître que Cheikh Anta Diop mérite d’être étudié au même titre que ses pairs internationaux », a martelé le parlementaire. Il appelle ainsi à une synergie entre le ministère de l’Éducation nationale et celui de la Culture pour que la pensée de l’auteur de « Nations nègres et culture » soit enseignée de l’école élémentaire à l’université.
Pour les intervenants, cette réforme est le préalable indispensable à toute souveraineté réelle.
Nico Junior Boissy a déploré le décalage entre la richesse du savoir laissé par le savant et homme politique et la réalité d’un continent qui continue de dépendre de l’extérieur. « Notre génération a tout compris. Nous n’avons plus de complexe pour réclamer notre africanité », a-t-il affirmé tout en appelant les autorités, notamment sous l’impulsion de la vision souverainiste portée par Ousmane Sonko, à transformer les idées de l’historien en actions concrètes de développement.
Selon lui, le message est clair : Cheikh Anta Diop n’appartient plus seulement au passé ou au Sénégal, c’est une figure de stature mondiale dont les solutions sur la souveraineté, prônées dès les années 50, restent d’une brûlante actualité.
Alors que des pays voisins comme le Burkina Faso observent de près la dynamique sénégalaise, les acteurs présents au Grand théâtre ont rappelé que le combat pour la dignité africaine se gagnera d’abord dans les salles de classe, en formant des citoyens conscients de leur héritage et de leur potentiel.
Ibrahima KANDÉ

