L’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop) a récemment rendu publics ses rapports d’audit sur les gestions 2022 et 2023, révélant un bilan contrasté des autorités contractantes. Si certaines structures, comme le Port autonome de Dakar ou l’Ofor, ont su respecter les procédures, la Ville de Dakar se distingue par des manquements répétitifs et préoccupants.
Les audits mettent en lumière des irrégularités dans la passation et l’exécution des marchés. Parmi les dossiers examinés figurent des travaux pluriannuels d’entretien de voiries dont le procès-verbal d’attribution est introuvable, et un marché d’acquisition d’équipements médicaux passé en procédure d’urgence, mais dont la notification des lots s’est échelonnée sur plusieurs mois, retardant ainsi l’exécution.
Dans plusieurs cas, rapporte Libération; les contrats ont été signés directement par le maire, sans approbation préalable ni avis de non-objection, en contradiction avec le Code des marchés publics.
L’Arcop relève également des retards importants dans l’exécution de certains chantiers, comme l’entretien de la piscine olympique, la construction du centre verbo-tonal ou l’installation de panneaux de communication municipaux. Malgré ces délais non respectés, aucune pénalité n’a été appliquée et les entrepreneurs ont été intégralement payés.
Pour l’année 2023, sur 58 marchés recensés, 34 ont été audités pour un montant global de plus de 6 milliards de francs CFA. Les conclusions sont sans équivoque : la Ville de Dakar n’a pas respecté les règles de transparence et de bonne gouvernance. Les avis d’appel d’offres et les attributions définitives n’ont pas été publiés sur le portail officiel, certains marchés n’ont pas été inscrits dans l’avis général de passation et les procès-verbaux présentent de nombreuses irrégularités.
Au final, l’Arcop dresse un constat sévère : la gestion des marchés publics de la capitale demeure largement insatisfaisante, compromettant la transparence et la légitimité des procédures. Tandis que d’autres autorités contractantes s’inscrivent dans la bonne pratique, Dakar apparaît comme un exemple de défaillance persistante, nécessitant des mesures correctives urgentes.

