Membre du pool d’avocats de Madiambal Diagne, visé par un mandat international émis par l’État du Sénégal, Me Ousmane Thiam a accompagné son client mardi dernier devant la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Versailles. L’avocat est revenu sur les arguments présentés au cours de l’audience et sur la position de l’avocat général, qui n’exclut pas l’extradition vers le Sénégal.
« L’avocat général, c’est lui qui a fait un premier réquisitoire en disant qu’il ne veut pas aller au fond. Il ne souhaite pas qu’on aborde le fond, mais il considère que si l’État du Sénégal demande une extradition, il ne voit aucun inconvénient à ce que Madiambal soit envoyé au Sénégal », a expliqué dans L’Obs Me Thiam.
Pour la défense, cette position soulève plusieurs objections. « Nous avons rétorqué qu’au-delà des violations des droits de l’homme et de l’absence de garantie d’un procès équitable, il y a aussi une connotation politique assez nette dans cette affaire. La convention de 1974 stipule que lorsque l’infraction peut revêtir un caractère politique, la Chambre ne doit pas donner un avis favorable », a précisé l’avocat.
À propos de la notion de caractère politique, Me Thiam insiste : « L’avocat général n’est pas entré dans le fond, mais il dit que, s’il n’y a pas de violations, il ne s’oppose pas à l’extradition. Pour lui, il n’y a pas de caractère politique. Mais nous avons démontré qu’il y en a un. Déjà, le fait que Madiambal soit un homme politique donne à la procédure un caractère politique. »
Me Thiam souligne également le caractère essentiellement civil de l’affaire. « Je ne vois pas quelle alchimie a permis de qualifier cela de procédure pénale. On ne peut pas signer un contrat avec un privé et prétendre qu’il s’agit d’une infraction pénale. Et ce qui est le plus écœurant, c’est que la Centif a décidé de faire un rapport sur Madiambal Diagne simplement parce que ce qu’on lui a payé était jugé excessif. C’est du jamais vu », ajoute Me Thiam.

