Une véritable mafia s’était installée au cœur même de l’entreprise pharmaceutique Duopharm. Selon les révélations explosives du quotidien Libération, plusieurs employés, épaulés par un receleur bien implanté sur le marché noir, ont été démasqués par la Division des Investigations Criminelles (Dic) après des mois de manquements constatés dans le stock de médicaments.
Le carton qui a tout fait basculer
Tout est parti d’un inventaire quotidien initié par la direction de Duopharm suite à la disparition récurrente de produits coûteux. L’alerte a été déclenchée lorsque le laboratoire a constaté la disparition d’un carton de 378 boîtes d’Amloperin 10 mg, un médicament prisé. Les caméras de surveillance ont alors parlé : Jean Paul François Olivera, magasinier, est filmé en train de faire signe à son collègue Léon Mbar Faye, expéditeur, pour l’avertir que « la voie était libre ».
Dans cette mise en scène digne d’un film de braquage, Hilaire François Diandy, autre magasinier, a prêté son ordinateur à Faye pour imprimer une fausse étiquette, tandis que Abdallah Sagna a réceptionné le colis une fois soustrait du dépôt.
Un trafic bien rodé vers le marché noir
Arrêté, Léon Mbar Faye, en poste à Duopharm depuis près de 10 ans, a reconnu sans détour avoir subtilisé le carton. Il a même expliqué avoir pris une Peugeot immatriculée DK-5031-BK, empruntée pour l’occasion, afin de transporter le butin. Les médicaments ont ensuite été revendus à Abdoulaye Ndiaye, alias le receleur de « Keur Serigne bi », un marché noir de produits pharmaceutiques tristement célèbre à Sandaga.
Selon les aveux de Faye, un carton de 378 boîtes d’Amloperin se négociait à 1,134 million FCFA. Chaque livraison se faisait discrètement, souvent tard dans la nuit, vers le domicile de Ndiaye à Guédiawaye.
La Dic démantèle le réseau
Grâce aux aveux de Faye et aux recoupements, la Dic est remontée jusqu’à Abdoulaye Ndiaye, qui a reconnu avoir écoulé les produits volés dans sa boutique clandestine dépourvue d’agrément légal. Une perquisition a permis de saisir deux cartons de médicaments ainsi que la voiture utilisée pour les opérations.
Les mis en cause – Léon Mbar Faye, Hilaire François Diandy, Jean Paul François Olivera, Abdallah Sagna et Abdoulaye Faye – ont été déférés au parquet pour :
• association de malfaiteurs,
• vol au préjudice de leur employeur,
• recel de produits volés,
• exercice illégal d’une profession réglementée,
• et complicité.
Des collègues complices ou victimes ?
Lors de leur audition, plusieurs accusés ont tenté de minimiser leur rôle. Olivera a admis avoir fait signe à Faye mais juré ne pas savoir que le carton était volé. Diandy a reconnu avoir prêté son ordinateur sans imaginer son usage frauduleux. Quant à Sagna, chauffeur du groupe, il a soutenu qu’il ignorait le contenu de la malle mais qu’il avait simplement accepté de conduire car Faye n’avait pas de permis.