La guéguerre qui fait rage dans l’APR ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président de la République ?
La guéguerre qui fait rage dans l’Alliance pour la République (Apr) ainsi que le nouveau Coronavirus ne déteindront-ils pas sur le mandat en cours du président Macky Sall ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative au vu de la situation économique fortement impactée par la pandémie de la Covid-19, ajoutée à cela la guerre des tranchées à laquelle se livrent des ténors du parti et qui écorne l’image de la République. Quid de la question du mandat qui continue d’émailler la mandature actuelle du président Macky Sall ?
Le chef de l’Etat, Macky Sall, ne sera pas de tout repos pour son deuxième et «dernier» mandat, très chahuté par beaucoup de facteurs, qu’ils soient exogènes ou endogènes à son parti, à savoir l’Alliance pour la République (Apr). La dernière en date est cette querelle au ras de pâquerette qui a abouti à l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo, Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, du parti présidentiel.
La commission de discipline du Secrétariat exécutif national de l’Apr a prononcé l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Apr aux motifs qu’il a tenu des propos indécents qui «récusent la morale et la bienséance sociale». De l’avis des partisans du chef de l’Etat, ces écarts de langage «entachent gravement l’image du parti».
En effet, l’on entend l’ancien président du parlement de la Cedeao injurier copieusement certain de ses camarades de parti. Bien avant, l’on se rappelle des échanges de propos très durs entre Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo au sujet de la campagne arachidière et de la distribution de l’engrais. Selon certaines indiscrétions, ce serait ce différend qui s’est poursuivi au point d’en arriver à ces injures partagées dans les réseaux sociaux. La question du mandat présidentiel avec son corollaire, la chasse à l’homme au sein du parti présidentiel, fait partie des éléments qui vont également fortement impacter le mandat en cours du chef de l’Etat, Macky Sall.
Déjà, des voix se lèvent pour avancer la thèse du coup de balai au sein de l’équipe gouvernementale avec des sanctions envisagées contre des ministres accusés de refuser de défendre le chef de l’Etat, Macky Sall, attaqué de tout bord dans la gestion de la pandémie de la Covid-19. Pis, des ténors sont accusés de comploter contre le président, à savoir Amadou Ba et Aminata Touré. Ce qui trahit le sentiment de ceux-là qui parlent de complot, sinon pourquoi comploter contre un président qui fait son second et dernier mandat et qui ne doit pas se représenter ?
De toute évidence, Sory Kaba et Moustapha Diakhaté ont déjà payé pour leur position contraire à celles de Boun Abdallah Dionne et Mbaye Ndiaye. Vient s’y ajouter Moustapha Cissé, même si le motif évoqué pour son exclusion est tout autre. Il avait lui aussi fait une sortie pour se porter-en faux contre un troisième mandat du président Macky Sall. Macky Sall serait-il fatigué de protéger un compagnon encombrant ou plutôt un «insulteur public» ? Au-delà de ces éléments qui sont propres au parti présidentiel, à savoir les querelles internes à même de s’ajouter au climat général de mécontentement, il y a d’autres facteurs exogènes non maitrisés par le chef de l’Etat. Déjà, le président Sall avait annoncé la couleur en revoyant à la baisse ses prévisions économiques pour 2020.
En invoquant un contexte économique défavorable et les dépenses faites en réponse à la riposte à Covid-19, il avait prévu une croissance ramenée à 1% en 2020, contre 6,8% initialement prévue. Bien avant l’arrivée de la pandémie du Coronavirus, les réalisations avaient commencé à connaitre un coup de frein parce que la situation économique était tendue, depuis longtemps. Le TER en poussière, le BRT pas encore démarré, le Fmi qui enjoint à l’Etat du Sénégal de faire attention à son volume de dette, le rapprochement dangereux du seuil autorité par l’Uemoa, au maximum 70%, montrent à suffisance une situation financière difficile. Que dire de la hausse de certains prix, notamment celui du carburant, puis du ciment, sans oublier celui de l’huile et du riz qui ont flambé ? Ce qui ne manque pas d’impacter le panier de la ménagère et par ricochet s’ajouter au mécontentement populaire. Toute chose qui met le chef de l’Etat dans une situation inconfortable car étant entouré de deux feux : d’une part, un parti miné par des querelles internes écornant l’image du parti et de la République elle-même, de l’autre, une situation économique pas des meilleures, susceptible de généraliser le mécontentement populaire. Le président parait esseulé, surtout après la suppression du poste de Premier ministre.