Après presque une décennie à la tête de l’Etat, tout président de la République commence à être un ancien, un vétéran de la politique et de la gestion du pouvoir.
C’est d’ailleurs le maximum autorisé aux Etats-Unis et dans certaines démocraties. Et le choix n’est pas gratuit. On commence à développer des réflexes de routine et son image devient écornée aux yeux de citoyens en proie à de multiples défis dont celui simplement d’assurer les repas quotidiens, de se soigner et de voir leurs enfants réussir à l’école.
Car, on oublie qu’au Sénégal, le tout n’est pas de construire des hôpitaux, mais de pouvoir se soigner dans un pays où le système sanitaire est trop coûteux pour le citoyen lambda.
Ainsi, toute tournée, fut-elle estampillée ‘’économique’’, avec même de vraies réalisations comme des routes, des hôpitaux, etc., devient risquée pour tout Chef de l’Etat qui commence à durer au pouvoir. Et ceci, d’autant plus qu’en face, l’opposition a su envahir les réseaux sociaux, dépeindre une mauvaise image de lui face à une population dont la plupart, souffre.
Et si, qui plus est, il y a eu, dans le pays, les cas Karim Wade, Khalifa Sall et l’affaire Sweet Beauty, on peut imaginer aisément que Macky ne puisse plus circuler librement sans des brassards rouges, des huées et autres actes de violence dont le summum a été l’incendie de son domicile familial à Matam.
La réalité est qu’avec cette tournée du Chef de l’Etat dans le Nord, les observateurs ont pu se rendre compte que le Fouta n’est pas forcément complètement acquis à ce fils dont le titre de Président et l’appartenance à la communauté ne suffisent plus.
‘’Fouta Tampi’’, ‘’Podor va mal’’ et autres initiatives ont plutôt cassé un mythe. Et les manifestations d’hostilité constatées çà et là, ont fait le reste. Même si, par ailleurs, Macky a été bien inspiré de s’arrêter, parfois, pour écouter les contestataires.
C’est que le Président a envie de faire ses tournées ailleurs que dans le Fouta. Car, ce qu’il a commencé dans certaines zones ne peut être stoppé pour deux raisons au moins :
La première est qu’il ne peut ne pas verser dans une forme de discrimination territoriale, lui qui parle d’équité territoriale.
Et la seconde est qu’il ne veut nullement donner l’impression de céder à la pression surtout de ses détracteurs et opposants à qui il ne souhaite pas laisser le terrain et le monopole de l’initiative.
Pourtant, un élan s’est brisé. Le Président est en train de prendre conscience du fait qu’il ne sert à rien de s’éterniser au pouvoir et que cela ne fera que banaliser votre image.
Félix Houphouët-Boigny l’avait appris à ses dépens. A la fin de son règne à la tête de la Côte d’Ivoire, il avait été hué, pour la première fois.
Il est important, alors, de savoir partir. Personne n’est indispensable et l’Etat est une continuité.
Le fait alors de théoriser le troisième mandat comme le font actuellement certains de ses partisans, fort zélés, est une façon maladroite, de plonger le pays dans un cycle de violence dont on ne connait pas les conséquences.
Et ceci, ni le recrutement de forces de défense et de sécurité, ni le fait de mêler l’Armée à la répression de manifestations ne seront des remèdes efficaces.
L’histoire y compris récente, a montré que ceux qui sous-estiment leur peuple vont avoir le réveil brutal.
C’est vrai que Macky a été longtemps sous-estimé, à tort. Il a surpris tout le monde.
Mais, a contrario, il est en train, lui aussi, de sous-estimer le peuple. Et il a tort.
Le problème n’est pas forcément dans la capacité de l’opposition et de la société civile à catalyser le peuple, mais dans le génie de ce dernier à poser des limites à ses autorités.
Et Fouta vient d’en donner l’exemple, même s’il y eu des dérapages…
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