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jeudi, avril 18, 2024
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L’impérieuse union

par pierre Dieme

Après les nouvelles alliances de la majorité, c’est au tour de l’opposition de se refaire une nouvelle santé, en vue de faire face à la composition du camp d’en face et de préparer les prochaines échéances électorales.

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L’entrée d’Idrissa Seck dans le régime est un séisme dont les ondes de choc sont encore ressenties. Alors que le dialogue politique butait sur certaines questions majeures dont celle relative au chef de l’opposition et de son statut, le remaniement ministériel du 1er novembre est venu résoudre cette équation. Les choses deviennent plus claires. Idrissa Seck, nouvel allié du pouvoir, est exclu de la liste ; Me Abdoulaye Wade, handicapé par l’âge, son fils hors du pays, les regards se tournent alors vers le leader du Pastef. Qui, depuis quelque temps, entre dans le nouveau rôle d’homme fort de l’opposition.

Ousmane Sonko multiplie, à cet effet, les concertations avec certains leaders de l’opposition dont le dernier en date est Khalifa Sall. A propos de cette rencontre avec le leader de Taxawu Senegaal, Sonko parle d’une ‘’longue, instructive et prometteuse entrevue’’.

Avant l’ancien maire Dakar, le 3e à la dernière Présidentielle de 2019 a également rencontré son collègue parlementaire Cheikh Bamba Dièye. Les discussions auraient révélé des points de convergence. Et 24 heures plus tôt, Sonko a organisé une rencontre de réconciliation entre Barthélémy Dias et Me Moussa Diop, ancien Directeur général de Dakar Dem Dikk.

Aujourd’hui, l’opposition sénégalaise, disloquée après le dernier remaniement ministériel, se fixe un nouvel objectif : se refaire une nouvelle santé avec ceux qui restent. D’autant que la coalition au pouvoir s’est considérablement renforcée avec Idrissa Seck, Oumar Sarr, Aissata Tall Sall et les autres responsables politiques qui viennent de rallier Benno Bokk Yaakaar.

Ceci fait ainsi dire au leader du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël que ces concertations sont la réaction naturelle, après la nouvelle reconfiguration politique. ‘’On ne pouvait pas rester les bras croisés. Il fallait faire quelque chose et essayer de se retrouver. Chaque instant de la vie appelle à une interpellation, une action ou une réaction. C’est dans le cours normal des choses. Il y a quelque chose de nouveau, et certains se sont découverts pour faire de l’opposition. Les gens étaient surpris. Cela a amené une nouvelle donne au sein de l’opposition. Il faut se réorganiser, c’est normal. Le contraire aurait surpris’’, déclare Cheikh Bamba Dièye.

Pour lui, que l’opposition raffermisse ses rangs, que les gens cherchent à se retrouver, c’est très normal. C’est une compréhension de la politique et des enjeux du moment. ‘’Il y a une politique lointaine qui va jusqu’en 2024. Donc, tout ceci mis en situation, te donne énormément de raisons de tout faire pour que l’opposition se retrouve’’, indique le parlementaire.

‘’Une vision de long terme à construire ensemble’’

Le journaliste Ibrahima Bakhoum est aussi d’avis que ces hommes politiques ont tout intérêt à se regrouper et à cheminer ensemble dans l’opposition. L’analyste politique rappelle, à cet effet, que cela fait longtemps qu’un seul parti ne peut plus remporter des élections au Sénégal. ‘’On peut rester seul à mener ses actions soi-même, ce qui est extrêmement difficile, vu ce que cela va demander comme moyens, comme présence. Mais il vaut mieux aller se regrouper, même si cela permet de se faire de l’éclairage entre eux. Séparément, il n’y aurait pas de la lumière. Ils peuvent aller ensemble pour se rassurer ou dans une perspective de conquête du pouvoir plus tard’’, souligne le journaliste formateur.

Le délégué général de Yonu Askan Wi considère qu’il ne sert à rien d’avoir 50 000 partis dans l’opposition aussi faibles les uns que les autres, alors qu’ils ont les mêmes objectifs. Madièye Mbodj pense qu’il est dès lors judicieux que ceux qui peuvent être ensemble sur des bases politiques, idéologiques, puissent le faire afin qu’il y ait une fusion des différentes entités politiques à partir d’une vision stratégique commune. ‘’C’est une démarche stratégique, une vision de long terme qu’il faut construire ensemble, pour que ce projet de fusion puisse aboutir et produire les effets attendus’’, fait savoir l’allié d’Ousmane Sonko.

Pour qui, il faut cependant un parti qui puisse être le fer de lance de cette dynamique. ‘’Il faut un front large de toutes les forces patriotiques pour prendre en charge les échéances électorales et les luttes sociales’’, laisse-t-il entendre.

Pour le moment, le député du FSD/BJ estime qu’il est prématuré de parler d’alliance au sein de l’opposition, même si cette possibilité n’est pas exclue. Cependant, dit-il, l’heure est plutôt à la ‘’réunification, afin de prendre ensemble en charge les combats de l’instant dont l’un est la régulation du processus électoral, la tenue des élections à date échue. Cela est une convergence naturelle que nous avons avec tous les acteurs politiques de l’opposition. L’appétit venant en mangeant, on verra, à chaque étape, ce qu’il faudra faire ou ce qu’il ne faudra pas faire’’.

Les obstacles à surmonter

Seulement, la tâche risque d’être ardue pour les initiateurs de ces alliances qui devront surmonter quelques obstacles parmi lesquels la majorité. D’après Ibrahima Bakhoum, quand le pouvoir se sentira menacé par ce nouveau regroupement, il ne va pas croiser les bras, car cela représente une menace pour sa stabilité. La solution sera, d’après l’analyste politique, d’essayer de casser la dynamique, comme cela se fait habituellement.

Autre l’obstacle pour ces alliances naissantes : elles devront également faire face au problème ‘’des idéologies et des centres d’intérêt’’. Qu’en sera-t-il alors de leur avenir ? Quand on sait qu’Ousmane Sonko est défini comme le plus radical des opposants.

Sur la question, Cheikh Bamba Dièye rappelle que la vie est un combat et une recherche permanente de solutions. ‘’Si on est guidé par l’intérêt du Sénégal, on ne s’arrêtera jamais de rechercher les voies et moyens pour soulager les souffrances et retards de développement. Un acteur politique responsable est dynamique. A chaque situation, il cherchera les voies et moyens pour concrétiser son projet et faire en sorte de mieux participer au développement de son pays’’, dit-il.

Le parlementaire indique ainsi que chaque situation entrainera une lecture propre qui leur permettra de voir quels sont les voies et moyens d’atteindre les objectifs fixés. ‘’Et l’objectif immédiat, aujourd’hui, est la régularité du processus électoral, avoir un équilibre minimal sur ce qui va, demain, faire le Sénégal. Ces combats nous interpellent individuellement et collectivement. Sur ces combats qui nous réunissent et sur lesquels on peut se retrouver, il est tout à fait normal, louable que les acteurs politiques majeurs de ce pays se rencontrent, discutent, échangent et essayent de voir ce qu’ils peuvent faire ensemble’’.

Pour Ibrahima Bakhoum, il n’y a pas à être optimiste ou pessimiste sur l’avenir de ces alliances, mais seulement observer l’évolution de l’espace politique national. ‘’Si Khalifa Sall lui-même est déçu du système, il va dire qu’il faut le changer. Mais c’est quelqu’un qui est né et a grandi dans le système et s’y est construit. S’il trouve qu’il faut finalement le changer, c’est bien. Mais il faut une personnalité hors du système pour porter le combat de l’antisystème. De manière réaliste, c’est compréhensible qu’il puisse aller avec Ousmane Sonko’’.

Bakhoum s’interroge, en outre, sur les vraies cibles du changement. ‘’Est-ce que c’est le système qu’ils veulent changer ou la personne qui l’incarne ? Dans quelle mesure se trouve Khalifa Sall ? Et dans quelle logique se trouve quelqu’un d’autre qui a déjà bénéficié de tout le système, mais qui veut le changer ?’’.

Pendant ce temps, Madièye Mbodj de Yonu Askan Wi trouve louable l’initiative d’Ousmane Sonko de travailler à créer les conditions d’un changement de rapport de force. Toutefois, avertit-il, le leader du Pastef ne pourra pas régler tous les problèmes. ‘’Il y a eu beaucoup d’expériences d’alliances au Sénégal qui n’ont pas tenu, car il fallait des bases politiques sûres, avec des convergences fortes en termes de vision et de projet de société, de projet de développement, de responsabilisation du citoyen, de construction de l’Etat. Nous avons dit que nous sommes pour qu’on puisse mettre en place un front uni anti-impérialiste, panafricaniste qui puisse mettre ensemble les différents secteurs populaires. Mais cela ne se construit pas du jour au lendemain’’.

HABIBATOU TRAORE

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