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vendredi, avril 19, 2024
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Les verts à la croisée des chemins

par pierre Dieme

Fin de la période d’hibernation, place désormais à la succession de Tanor Dieng qui peut se faire par la manière douce ou la manière forte. Serigne Mbaye Thiam a fait acte de candidature. On attend la réponse d’Aminata Mbengue Ndiaye. En attendant, tous s’accordent sur la léthargie du parti relégué au second plan et absent des débats.

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A la mort d’Ousmane Tanor Dieng, une page du Ps s’est tournée. Depuis, le parti végète dans une sorte de torpeur qui l’a relégué au dernier plan. En se prononçant, ce week-end, sur la succession du défunt secrétaire général et son désir de briguer le poste, le ministre Serigne Mbaye Thiam a secoué le cocotier du Ps où l’intérim est assuré, depuis le décès de Ousmane Tanor Dieng, en juillet 2019, par la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales, Aminata Mbengue Ndiaye.

Il était temps, parce que, se profilent des élections locales qui vont redessiner la carte politique. De féroces empoignades en perspectives pour le contrôle de ces collectivités qui vont jouer un grand rôle, dans la course pour la succession de Macky Sall. Donc, le PS, à l’image des partis d’opposition qui se font de plus en plus audibles en direction des prochaines échéances électorales, a décidé de sortir de sa réserve.

En effet, même si aucun texte du parti ne limite la durée de la transition en cas de vacance du poste de secrétaire général, l’attente commence à se faire longue et le provisoire à s’inscrire dans la durée. A cela, il faut ajouter le mutisme du Parti socialiste sur presque toutes les questions de l’actualité sénégalaise.

En tout cas, Serigne Mbaye Thiam a acté sa candidature en soulignant l’urgence de renouveler les instances du parti. Une initiative bien accueillie par certains observateurs.

Le journaliste-formateur, Ibrahima Bakhoum, estime qu’il est, en effet, temps que le PS ait des structures qui fonctionnent normalement, afin que cette formation politique soit dirigée par un secrétaire général qui ne soit pas dans une phase intérimaire. Monsieur Bakhoum pense, à cet effet, que Serigne Mbaye Thiam est un bon profil qui pourrait succéder à Tanor Dieng à ce poste. ‘’Serigne Mbaye Thiam se positionne comme d’autres également peuvent le faire. Est-ce qu’il a la légitimité et le poids ? Je pense que oui. Moi, je ne l’ai connu qu’au PS, je ne lui ai pas connu de dérives langagières qui donnent l’impression qu’il n’a rien dans la tête. Maintenant, cela peut arriver que l’on critique sa gestion en tant que ministre, mais c’est autre chose. Quand un parti aspire à revenir au pouvoir, il a besoin de gens qui ont à la fois la prestance, mais également le tempérament pour faire la légitimité au sein de leur formation d’abord et, ensuite, aux yeux de l’opinion’’, souligne le journaliste-formateur.

Mais, d’après Mamadou Mbodj Diouf, membre du Bureau politique du PS, son camarade de parti n’est pas l’initiateur de cette idée de renouvellement des instances. Le responsable socialiste de la région de Fatick explique que c’est une vielle doléance agitée par feu Ousmane Tanor Dieng avant son rappel à Dieu. ‘’A la date d’aujourd’hui, la plupart des coordinations ont vendu l’essentiel des cartes qu’elles avaient reçues et beaucoup avaient commencé à se renouveler bien avant le décès d’Ousmane Tanor Dieng. Ce dernier voulait booster ce renouvellement pour que le congrès se tienne dans les meilleurs délais’’, fait savoir Mamadou Mbodj Diouf.

Il ajoute que le renouvellement est un rendez- vous marquant du PS qui doit se dérouler tous les quatre ans. Ainsi, à ses yeux, la sortie de Serigne Mbaye Thiam ne peut pas être assimilée à une déclaration de candidature. Ce dernier, souligne-t-il, ne s’étant pas prononcé dans les instances appropriées du parti et au moment indiqué.

Il précise cependant que Serigne Mbaye Thiam a bel et bien le droit d’avoir une ambition comme tout autre militant.

Candidature ou pas, ce qui est constant est que la bataille pour la succession du maire de Nguéniène à la tête du Parti socialiste est ouverte. Et les postulants ne vont pas manquer. Peut-on déjà s’attendre à un duel entre Serigne Mbaye Thiam et l’actuelle secrétaire générale du PS ? Ibrahima Bakhoum reste convaincu que rien n’est impossible, dès l’instant que le ministre de l’Hydraulique a affiché sa position.

Pour Mamadou Mbodj Diouf, par contre, ce scénario ne risque pas de se présenter car, fait-il remarquer, ‘’on est loin des déclarations de candidature et on ne sait pas si Aminata Mbengue Ndiaye sera candidate à quelque chose pour la succession de Tanor Dieng. Je ne pense pas que ce que le camarade Serigne Mbaye Thiam a dit puisse gêner qui que ce soit’’.

A côté de cette éventualité, la direction du parti appelle sans cesse à des retrouvailles de la famille socialiste. Le moment serait-t-il propice pour concrétiser cette réunification, afin de redonner à la formation politique des verts fragilisée par les nombreux départs un souffle nouveau ? Ce, en prélude des prochaines échéances électorales, particulièrement la Présidentielle où il est annoncé un candidat issu des rangs des socialistes.

Le retour des dissidents…

Ce renouveau du Parti socialiste pourrait se faire avec les bannis, avec un retour de Khalifa Sall dans le giron socialiste. Ibrahima Bakhoum rappelle, à cet effet, que ‘’le PS a clairement dit qu’il souhaite avoir un candidat à la Présidentielle de 2024. Donc, d’une manière ou d’une autre, le parti se positionne tout de suite en direction d’une échéance et, forcément, à la veille de 2024, il sera dans l’opposition, sauf, si on est dans une dynamique où Macky Sall non candidat travaillerait à positionner un socialiste comme le prolongement du Benno’’.

Mamadou Mbodj Diouf estime lui que ce n’est pas impossible, mais cela risque, à ses yeux, d’être compliqué. D’abord, pense-t-il, il faudrait qu’ils expriment la volonté. ‘’Ils ont été exclus suivant des formes bien précises. S’ils doivent revenir, je pense qu’il faut commencer par s’amender et faire connaitre au parti leur intention de revenir. A partir de ce moment, les instances habilitées vont se réunir et trancher sur la pertinence de leur retour ou pas. En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas dans ce débat-là. Nous avons d’autres priorités et cela reste valable pour tout ce qui est élection ou échéance’’.

A l’en croire, à la date d’aujourd’hui, la direction du parti n’a reçu aucune lettre de ces ‘’ex-camarades’’ désirant revenir dans les instances du parti. A partir de ce moment, poursuit-il, ‘’je pense que c’est à la limite utopique de poser ce débat du retour de personnes qui n’en ont pas manifesté le désir avant d’envisager leur posture ou position dans les instances, dans les élections à venir ou les investitures’’.

Faire des scores aux Locales et aux Législatives

Pour Ibrahima Bakhoum, le parti de Senghor a des défis à relever avant la prochaine Présidentielle. Il lui faut, en effet, être très fort pour faire face aux étapes intermédiaires, à savoir avoir de très bons résultats aux Locales et aux Législatives à venir. ‘’La question, c’est : est-ce qu’à la faveur de cette échéance, une recomposition au sein du PS est possible ? Des retrouvailles sont possibles, je dis oui, parfaitement’’.

Notre interlocuteur rappelle qu’avant 2014, tous les opposants étaient dans le camp de Benno pour faire partir Abdoulaye Wade du pouvoir. ‘’Rien n’empêche les retrouvailles au sein des socialistes, avec les ‘khalifistes’ et les autres militants qui sont partis. Il faut dire qu’ils sont nombreux. Il n’y a pas que Khalifa Sall. Si le PS se reconstitue et se recompose, il dira : nous nous sommes dispersés un moment, à cause d’un élément de cassure qui était le compagnonnage avec BBY. Maintenant que Macky Sall n’est plus dans notre jeu, on peut se retrouver et aller ensemble’’.

Et à partir de ce moment, fait remarquer Bakhoum, la chance de Serigne Mbaye Thiam sera d’avoir réussi à réunir la famille socialiste et de constituer une force à même de pouvoir gagner la Présidentielle à venir.

Mais, pour cela, il faut d’abord rompre avec la léthargie qui anesthésie le parti sous la gestion de l’ancienne ministre de l’Élevage. Mamadou Mbodj Diouf de déplorer l’absence de réunion des différentes instances du parti. Ce, alors que, dit-il, le Haut conseil dirigé par Aminata Mbengue Ndiaye tient régulièrement ses assemblées. ‘’Le Secrétariat exécutif national (du PS) devrait se réunir tous les 15 jours. On n’a eu que deux réunions en l’espace de 8 mois, voire un an. Le Bureau politique devrait se réunir tous les mois, et cela fait presqu’un an qu’on n’a eu que deux séances de réunion’’.

Pour le membre du Bureau politique, seule la secrétaire générale pourrait avancer la raison de cette dormance. Car, fait-il remarquer, les nombreuses sorties des membres du BP pour attirer l’attention sur le respect du calendrier des réunions n’ont pas été fructueuses.

Pour Ibrahima Bakhoum, il faut cependant tenir compte du contexte de la Covid. En outre, pense-t-il, les communiqués de Benno engagent le PS qui est également de la coalition.

HABIBATOU TRAORÉ

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