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vendredi, avril 19, 2024
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Les organes de controle de l’Etat en quĂȘte de rĂ©forme

par pierre Dieme

En rĂ©alitĂ©, les inspecteurs et autres magistrats semblent faire correctement leur travail de contrĂŽle. Le hic rĂ©side cependant sur l’usage des rapports produits par ces corps

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Face Ă  une forte demande de transparence de la gouvernance Ă©conomique et financiĂšre doublĂ©e d’une crise de lĂ©gitimitĂ© du service public, provenant de la sociĂ©tĂ© civile et des pays donateurs, les organes de contrĂŽle de l’Etat font souvent l’objet d’un «mauvais procĂšs» de la part des populations. En rĂ©alitĂ©, les inspecteurs et autres magistrats semblent faire correctement leur travail de contrĂŽle. Le hic rĂ©side cependant sur l’usage des rapports produits par ces corps. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© et l’urgence de procĂ©der Ă  certaines rĂ©formes pour que ces organes puissent garder de leur superbe.

Leur nĂ©cessitĂ© et leur indispensabilitĂ© pour un bon fonctionnement des institutions, surtout dans le sens de la bonne gouvernance et de la redevabilitĂ© dans la gestion des ressources du pays, ne souffrent d’aucune ambiguĂŻtĂ©. Eux, ce sont les organes de contrĂŽle de l’Etat, Ă  savoir l’Inspection gĂ©nĂ©rale d’Etat, tout comme la Cour des comptes, ou encore l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), pour ne citer que ceux-lĂ . Mais, la derniĂšre sortie du ministre du DĂ©veloppement communautaire, de l’EquitĂ© sociale et Territoriale, Mansour Faye, dĂ©fiant les services de Seynabou Ndiaye DiakhatĂ©, PrĂ©sidente de l’Ofnac, si toutefois une convocation de cette institution lui aurait Ă©tĂ© adressĂ©e dans sa gestion des fonds de la Covid-19, remet au goĂ»t du jour la critique de «faire-valoir», tant servie Ă  ces corps par certaines populations.

Pourtant, ces institutions de vĂ©rification sont constituĂ©es d’inspecteurs gĂ©nĂ©raux d’Etat et de magistrats Ă  la Cour des Comptes. Le trĂšs haut niveau de leurs compĂ©tences ne pose aucun problĂšme et ils connaissent leur boulot. Mieux, ces organes produisent des rapports et des recommandations, mĂȘme si la pĂ©riodicitĂ© des publications de ces rapports peut susciter des inquiĂ©tudes et des interrogations. Quid alors de la salve de critiques dont font souvent l’objet ces institutions chargĂ©es de veiller Ă  la bonne gestion des ressources du pays ? Le hic semble rĂ©sider dans leur marge de manƓuvre tout comme dans leurs pouvoirs.

En effet, les missions de certaines d’entre elles, comme l’Ige ou la Cour des comptes, s’arrĂȘtent Ă  faire des contrĂŽles, produire des rapports et Ă©ventuellement faire des recommandations. Malheureusement, l’usage de ces rapports par l’ExĂ©cutif, surtout le suivi des recommandations, pose souvent problĂšme. Quant Ă  l’Ofnac, il a la possibilitĂ© de transmettre directement son rapport Ă  l’AutoritĂ© judiciaire compĂ©tente, sans l’avis ou l’autorisation d’aucune autoritĂ©. Cela, dans le but d’ouvrir une information judiciaire. Le hic, le maĂźtre des poursuites, en l’occurrence le parquet, dĂ©pend de l’ExĂ©cutif. Ce qui voudrait dire que le fait que le Procureur ait les mains liĂ©es peut bien constituer un blocage.

L’architecture judiciaire du pays est ainsi pointĂ©e du doigt, dans les problĂšmes liĂ©s aux suites rĂ©servĂ©es aux rapports produits par les inspecteurs et magistrats. Par consĂ©quent, beaucoup d’analystes et observateurs s’accordent sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former ces corps de vĂ©rification pour, non seulement renforcer leur crĂ©dibilitĂ©, mais surtout rendre possible un contrĂŽle efficace et efficient des ressources du pays. Comme recommandation souvent formulĂ©e par les acteurs, il faut retenir la dissociation nette de la fonction prĂ©sidentielle et des prĂ©rogatives de l’exĂ©cution de ces institutions, notamment la Cour des comptes et l’Ige. Mieux, conformĂ©ment aux conclusions de la Commission nationale de rĂ©forme des institutions (Cnri), certains trouvent nĂ©cessaire d’aller dans le sens de l’indĂ©pendance effective de la justice et que le chef de l’Etat cesse d’ĂȘtre le prĂ©sident du Haut conseil de la magistrature. D’autres vont mĂȘme plus loin, en prĂ©conisant la nomination des magistrats par leurs pairs.

Pour eux, le fait que les agents de ces corps de contrĂŽle ne doivent leur fonction qu’à une nomination par dĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique, peut nuire Ă  leur indĂ©pendance vis-Ă -vis de l’ExĂ©cutif. L’élargissement des pouvoirs de ces organes, pour leur permettre de s’autosaisir, tout comme le renforcement de leurs ressources humaines et financiĂšres de ces institutions, dans le but de leur donner une certaine autonomie, est aussi tant rĂ©clamĂ© par les uns et les autres. Cette rĂ©forme profonde de ces corps de contrĂŽle tant rĂ©clamĂ©e par nombre d’acteurs, avec comme corollaire leur indĂ©pendance de la tutelle de l’ExĂ©cutif, permettrait Ă  ces organes, on l’espĂšre bien, de convoquer toute autoritĂ©, fĂ»t-elle proche du pouvoir, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions.

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