La plupart des entreprises de presse ont maille à partir avec le fisc. Certaines ont reçu des courriers des impôts et domaines pour le paiement des dettes dues à l’Etat. D’autres s’apprêtent à en recevoir. Entre espoir de voir le régime de Diomaye finaliser la procédure d’effacement de la dette, entamée par son prédécesseur et inquiétude autour d’une volonté de museler la presse, les entreprises de presse, qui peinent à payer les salaires, jouent leur survie.
La coïncidence est peut-être troublante. Mais les tensions financières des entreprises de presse ne datent point de l’avènement du nouveau régime. Depuis trois ans, beaucoup d’entre elles ont été résilientes, accumulant dettes fiscales et retards de paiement de salaires. Au point que toutes étaient dans l’impossibilité de régulariser leur situation. C’est ce constat amer et fatal qui avait justement inspiré cette rencontre- bien que tardive- avec le Président Macky Sall pour solliciter une bouée de sauvetage par un «arrangement fiscal» ou effacement, comme le qualifient d’autres. Une formule qui n’a pas agréé le nouveau régime, mais déjà le candidat Diomaye Faye. Et après une sorte de «round d’observation» de quelques semaines, la nouvelle équipe Diomaye-Sonko, pressée par les urgences, a décidé de passer à ce que d’aucuns considèrent comme une «contre-attaque» à des «attaques» de la presse. Tout est dans l’appréhension !
Payer les impôts et ne pas payer des salaires !
Alors, des organes de presse reçoivent des sommations de paiement de la part de l’administration fiscale. Ou s’apprêtent à en recevoir. Des entreprises qui, pour la plupart, souffraient dans le silence, ne peuvent plus cacher leur situation. Leurs employés aussi ont décidé de crier leur misère. Invitée dans l’émission Matin Infos de la Tfm, la patronne de 7TV, Maïmouna Ndour Faye, annonce qu’elle doit au Fisc 45 millions. C’est peut-être moins que d’autres grosses boites. Du côté du Groupe Dmedia, la Direction des ressources humaines crie à un «harcèlement» de la part des nouvelles autorités. Le dossier fiscal de Dmedia, bien que pendant devant la justice a été «rouvert par les services fiscaux réclamant sous huitaine le paiement de plus de 2 milliards sur la base d’une taxation d’office que la direction conteste par voie judiciaire».
La solution entre les mains de l’Etat
S’exprimant sur cette question de redressement fiscal, Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) sur Dakaractu, ne voit pas d’autre issue. «Ce qu’il faut comprendre là, c’est qu’il nous faut non seulement nous mobiliser, mais surtout il nous faut essayer de rencontrer les autorités, discuter et voir si réellement il y a des possibilités de trouver des solutions. L’Etat a les moyens de savoir exactement ce qui s’est passé, ce que chaque entreprise a eu à encaisser à travers les conventions avec les démembrements de l’Etat, à travers aussi les bilans qui sont déposés et, à partir de là, à cette situation de référence, l’Etat peut discuter et voir ce qu’il peut faire», a-t-il préconisé. Selon Mamadou Ibra Kane, président du Cdeps et membre de la Coordination des associations de presse (Cap) repris par Senego, «certaines entreprises de presse, sinon la quasi-totalité, ont reçu des notifications du service des impôts sur leurs dettes fiscales et certaines ont déjà vu leurs comptes bancaires bloqués par le fisc». Toutefois, El Hadj Ndiaye, patron de la 2STV, invité par les rédactions de E-Media, et qui dit être en règle avec l’Administration fiscale, estime que «la solution d’abord, c’est qu’il faut apprendre à payer les impôts».
Malick SY