jeudi, octobre 3, 2024
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Le récit glaçant de la femme accusée d’avoir brûlé vif son mari

par pierre Dieme

Après plusieurs renvois, l’affaire Aïda Mbacké, du nom de cette dame qui avait brûlé vif son mari, Khadim, a été jugée, ce mercredi, à la barre de la chambre criminelle. Devant le président de ladite juridiction, la dame a nié avoir prémédité son geste. Elle a commencé par expliquer au tribunal ce que Khadim était tout pour lui. « C’était mon ami, mon confident. Il était plus qu’un mari pour moi », a-t-elle dit. Avant de poursuivre : « certes on avait des problèmes comme tout couple mais je ne pouvais pas supporter le fait qu’il ait pris une seconde épouse à mon insu ». Sur la question de savoir comment elle a su que son mari avait une autre femme, elle a rétorqué que c’est une certaine Khadija qui l’en a informé.

« Mon mari avait pris une autre épouse en catimini »

« Un jour alors que son téléphone était en charge, je l’ai pris et à ma grande surprise j’ai vu des cœurs. Lorsque je l’ai interpellé sur ça, Khadim m’a dit qu’il s’agissait de sa collègue. Et que cette dernière le considère comme son fils. Cette explication ne m’a pas convaincu parce que sur le profil je voyais une jeune fille », a-t-elle dit d’une voix tremblotante. A la barre de la chambre criminelle de Dakar, elle a avoué avoir pris contact avec la fille qui lui a demandé à son tour de demander à son mari si vraiment elle était sa femme.  » Cette fille m’a dit beaucoup de choses sur moi. Elle m’a même dit que je n’étais pas dans le domicile conjugal. Comment a-t-elle su tout cela ? Comme j’étais stressée et enceinte, je suis tombée malade. On l’a appelé à plusieurs reprises mais il n’est pas venu. J’étais tellement déçue parce qu’il ne m’a même pas demandé l’état de ma santé », a-t-elle aussi dit.

« Mon père et mes frères m’ont laissé. Je n’ai plus personne dans ma vie »

Revenant sur les circonstances du décès de son défunt mari, elle a indiqué que lorsqu’ils étaient tous les deux dans la chambre, il lui avait clairement dit qu’elle préfère se suicider que de le partager avec une autre. « Sous l’emprise de la jalousie, j’ai pris un liquide inflammable que j’ai versé sur nous deux. Ensuite, j’ai pris un briquet pour allumer le feu. J’aurais préféré mourir avec lui que de le partager. J’étais dévastée parce que je ne pouvais pas imaginer que mon mari me partageait avec quelqu’un d’autre ».

Face au juge, elle a soutenu qu’elle regrette son acte. La preuve ? Elle n’arrive plus à dormir les nuits. Elle passe tout son temps à prier pour son défunt mari. En réponse à une question du juge, la mise en cause a soutenu que son frère et certains membres de sa famille ne lui adressent plus la parole. « Je n’ai plus personne dans ma vie », a-t-elle déclaré les larmes aux yeux. Tour à tour, les témoins ont confirmé que Khadim était en flammes et que c’est Aïda Mbacké qui était avec lui au moment des faits.

Les faits

S’agissant des faits, la mise en cause, sous l’emprise de la jalousie, avait surpris son mari dans leur appartement aux Maristes. C’était pour le brûler vif avant que ce dernier ne rende l’âme. Grièvement brûlées aux mains, Aida Mbacké a été conduite dans une structure sanitaire où elle séjournera pendant 20 jours. Il faut dire que son séjour à l’hôpital a été prolongé par son accouchement par césarienne.

Par la suite, les éléments de la Brigade de recherches de Dakar ville avaient ouvert une enquête pour connaître les vraies raisons de cet acte de barbarie. Les pandores ont donc bouclé leur enquête et ont conclu à un meurtre prémédité. C’est sur ces entrefaites que le procureur de la République avait donné des instructions pour qu’elle soit placée en garde-à-vue. Le maître des poursuites lui avait même rendu visite pour s’assurer de son état de santé.

Si en rendant sa décision le président de la chambre criminelle de Dakar suit le maître des poursuites dans son réquisitoire, Aida Mbacké risque de passer 15 longues années derrière les barreaux.

Jugée, ce mercredi, l’accusée qui avait brûlé vif son mari aux Maristes a soutenu avoir agi sous le coup de la jalousie. Elle a regretté son acte et le représentant du maître des poursuites semble avoir compris le geste de la mise en cause. « Aimant son mari d’un amour fou, elle a vu un jour une conversation dans le téléphone de ce dernier. Lorsqu’elle l’a interpellé, son mari lui a dit que c’est une vieille dame qui le considère comme son fils. Quand elle est entrée dans la page Facebook de la dame, elle était surprise de voir qu’il s’agissait d’une jeune fille. D’ailleurs, Khadija lui a avoué que son mari avait une autre épouse qui vit en Italie avec ses deux enfants », a dit le parquetier dans son réquisitoire.

Le réquisitoire humaniste de l’Avocat général

Poursuivant, le maître des poursuites a soutenu : « le jour des faits, compte tenu de son état, elle a essayé de parler avec son époux mais en vain. Elle a pris rendez-vous avec sa sage-femme. A son retour, elle a encore tenté de parler avec son mari qui refusait toujours d’aborder le sujet. Elle a commencé à avoir des ressentiments, jugeant que cette vie ne valait plus la peine d’être vécue. Elle a décidé de mettre fin à sa vie et celle de son mari. Aïda Mbacké a saisi un liquide inflammable qu’elle a aspergé dans toute la chambre et sur le lit. Elle a activé le briquet et la flamme s’est propagée. Le mari était tout en flammes pendant que Aïda était sortie pour aller dire à sa voisine que son mari voulait attenter à sa vie. Le mari est sorti en criant : « Aïda m’a incendié ». Par la suite, ils ont été évacués et pris en charge. Malheureusement, le mari a rendu l’âme ».

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public pense qu’il y avait une bouteille sur les lieux avant les faits. « Qui l’a posé là-bas ? Je ne sais pas. Mais en prenant la bouteille elle savait qu’elle pouvait tuer son mari. Certes elle a été blessée mais ses blessures n’étaient pas aussi sévères que celles de son mari. La préméditation me paraît assez fragile. En aspergeant le liquide alors que son mari était sur le point de s’endormir, je peux dire qu’elle n’avait autre intention que celle de donner la mort », a-t-il dit.

Le maître des poursuites a défendu la thèse d’un crime passionnel : « On peut comprendre que c’est par jalousie qu’elle a posé cet acte. Aïda vu tout ce qu’elle a subi et compte tenu de son état a été manipulée par une force invisible qui l’a poussée à commettre cet acte. Elle n’a pas agi avec discernement parce qu’elle même pouvait mourir. Ce sont des faits extrêmement douloureux. Si c’était à refaire elle ne l’aurait jamais fait ».

Pour la répression, le parquetier a demandé d’écarter l’assassinat et de la déclarer coupable de meurtre. S’agissant de la peine, il a requis 15 ans de réclusion criminelle. La défense a abondé dans le même sens en demandant à la chambre criminelle de Dakar de lui faire une application bienveillante de la loi.

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