À Keur Massar, son nom se murmurait comme une ombre. P. M. Cissé, 47 ans, marié, père de quatre enfants, ancien émigré devenu chauffeur de taxi clandestin, est aujourd’hui jugé en chambre criminelle pour une série d’agressions sexuelles d’une violence glaçante. L’homme est accusé d’avoir violé ou tenté de violer plus de cinq femmes, entre 2018 et 2019, dans la sinistre forêt de Mbao. Le parquet requiert contre lui 20 ans de réclusion criminelle.
Un Keur Massar terrifié pendant deux ans
Selon le quotidien l’observateur ,Entre 2018 et 2019, les habitants de Keur Massar vivaient sous la menace d’un agresseur invisible. Le schéma était toujours le même :
• une femme seule, tôt le matin,
• un chauffeur de clando qui inspire suffisamment confiance pour négocier une course,
• puis un brusque changement de direction vers la forêt de Mbao ou les champs dits « Tolou Ablaye Wade »,
• un couteau dégainé,
• un viol ou une tentative,
• un vol systématique,
• puis une fuite dans les fourrés.
Toutes décrivaient la même scène. Et derrière cette mécanique répétée se cachait un seul homme : P. M. Cissé.
L’étudiante qui brise le silence… et fait tomber le prédateur
C’est au mois de février 2019 que l’affaire bascule.
Une jeune étudiante, R. Diédhiou, est retrouvée en pleine brousse après avoir été violée et abandonnée. Une femme, alertée par ses cris, lui donne 500 FCFA pour rentrer. L’examen gynécologique à l’hôpital de Pikine confirme des lésions hyménales récentes, compatibles avec un rapport imposé sous contrainte. Sa plainte déclenche une enquête méthodique.
Très vite, d’autres victimes sortent de l’ombre :
• N. M. Ndiaye, violée le 5 février ;
• T. Dabo, agressée six mois plus tôt ;
• F. Thiaw, qui pensait d’abord à un braquage avant de comprendre l’horreur véritable ;
• et enfin Ramatoulaye, dont le témoignage sera déterminant : elle revoit le clando, mémorise l’immatriculation et donne aux gendarmes la clé du piège.
L’enquête remonte directement jusqu’au chauffeur.
Un arsenal de prédateur dans son taxi
La perquisition révèle un décor digne d’un thriller :
• un long couteau soigneusement emballé,
• un tapis mousseux,
• un déodorant,
• deux téléphones portables,
• un jouet en forme de cheval,
• et, dans sa maison, la paire de chaussures de Ramatoulaye, pièce à conviction décisive.
Toutes les victimes identifient le véhicule. Puis l’homme.
Des aveux d’abord hésitants… puis terrifiants
Arrêté, P. M. Cissé nie tout. Puis, confondu, il finit par craquer.
D’abord deux cas qu’il « reconnaît ».
Puis, quelques jours après, une confession froide, mécanique :
« J’en ai commis plusieurs, je ne sais plus combien… Peut-être sept ou huit mois. Toutes étaient majeures. Je les emmenais dans la forêt. J’avais quatre axes. Personne ne pouvait nous voir. »
Il avoue voler systématiquement les victimes et garder certains objets comme « trophées ».
À la barre : contradictions, déni et stratégie d’évitement
Face aux juges, l’homme change de ton. Il tente de minimiser :
• Il évoque une « hypertrophie de la prostate » qui l’aurait rendu impuissant.
• Il prétend utiliser « ses doigts » et non son sexe.
• Il nie l’usage d’un couteau, malgré les témoignages concordants.
• Il affirme que les femmes le contactaient pour des « courses habituelles ».
• Il se contredit, puis élude :
« Les faits datent… J’ai oublié. »
Les victimes, elles, décrivent la même méthode, la même horreur, les mêmes détails traumatiques.
L’un d’eux, particulièrement intime, concorde : la taille anormale de ses testicules.
L’accusé avoue avoir été opéré à cet endroit, corroborant malgré lui les récits.
Le procureur décrit un “prédateur méthodique”
Pour le ministère public, les preuves sont accablantes :
• récits identiques,
• certificats médicaux,
• objets saisis,
• aveux partiels puis complets,
• identifications sans hésitation.
Le procureur le décrit comme :
« un maniaque sexuel méthodique, un prédateur qui a brisé des vies ».
Il requiert 20 ans de réclusion criminelle ferme.
La défense invoque des troubles, parle de « soins », plaide pour une clémence que les faits contredisent à chaque instant.
Dakaractu
